Scandale dans l’Hérault : des rapaces massacrés par la “transition verte” !

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🔥 Les essentiels de cette actualité

  • Entre 150 et 300 faucons crécerellettes tués par les éoliennes d’Aumelas, dans l’Hérault. Une hécatombe qui soulève des questions sur la transition énergétique.
  • Le parc, exploité par EDF Renouvelables et neuf autres sociétés, fait face à des poursuites judiciaires et amendes. La justice ordonne une suspension de quatre mois.
  • La mort d’un aigle royal au parc de Bernagues relance le débat sur l’implantation des éoliennes dans des zones naturelles sensibles.
  • Les critiques pointent les coûts environnementaux et l’efficacité énergétique des éoliennes. Un modèle énergétique à repenser pour une écologie responsable.

Entre 150 et 300 faucons crécerellettes ont été tués par les éoliennes du parc d’Aumelas, dans l’Hérault, selon l’association France Nature Environnement Occitanie-Méditerranée (FNE-OccMed). Cette hécatombe, touchant une espèce protégée, est l’une des conséquences les plus visibles d’une « transition verte » qui, sous couvert d’écologie, sacrifie silencieusement la biodiversité. Le parc, exploité par EDF Renouvelables et neuf autres sociétés, fait aujourd’hui l’objet de poursuites judiciaires pour destruction d’espèces protégées. Le 7 avril 2025, la justice a ordonné la suspension de son activité pendant quatre mois, une première dans la région.

Le tribunal correctionnel de Montpellier a également condamné chaque société exploitante à 500 000 euros d’amende, dont 250 000 avec sursis, et infligé à Bruno Bensasson, ancien PDG d’EDF Renouvelables, une peine de six mois de prison avec sursis et une amende de 100 000 euros. Cette décision judiciaire s’inscrit dans un contexte où les voix se multiplient pour dénoncer les effets pervers de l’implantation massive d’éoliennes industrielles sur des zones sensibles, comme les Causses d’Occitanie.

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Biodiversité en péril : les failles de la réglementation

La zone d’Aumelas est pourtant identifiée depuis longtemps comme un habitat crucial pour plusieurs espèces menacées, notamment le faucon crécerellette, le busard cendré, ou encore diverses espèces de chauves-souris. Malgré l’installation d’un système d’effarouchement en 2014, les collisions continuent. En 2021, la justice civile avait déjà condamné EDF Renouvelables pour la mort de 28 faucons crécerellettes. La justice considère que l’exploitant aurait dû demander une dérogation préfectorale pour la destruction d’espèces protégées, ce qu’il n’a jamais fait, préférant ignorer le cadre juridique européen.

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EDF, de son côté, minimise les faits. L’entreprise reconnaît des collisions, mais affirme que le nombre est en baisse : seulement deux cas recensés en 2024, contre quatre ou cinq les années précédentes. EDF se félicite même d’une croissance annuelle de 12 % de la population de faucons crécerellettes depuis l’installation du parc. Une communication qui peine à convaincre les associations environnementales, pour qui ces chiffres ne justifient en rien la destruction d’espèces protégées.

L’aigle royal et le scandale de Bernagues

La polémique sur l’éolien dans l’Hérault ne s’arrête pas là. Le 9 avril 2025, la justice doit se prononcer sur le cas du parc de Bernagues, exploité par Énergie Renouvelable du Languedoc (ERL), filiale du groupe Valeco. Cette fois, c’est la mort d’un aigle royal, oiseau emblématique de la région, qui est en cause. Le mâle reproducteur d’un couple a été retrouvé mort au pied d’une éolienne. La cour d’appel de Nîmes avait déjà ordonné, en décembre 2023, la démolition du parc pour défaut de permis de construire. ERL a formé un pourvoi en cassation, mais continue d’exploiter le site.

Cette série noire relance le débat sur la pertinence de l’implantation des éoliennes dans des zones naturelles riches en biodiversité.

Selon Simon Popy, président de FNE-OccMed, « l’éolien fait partie des sources d’énergie nécessaires à la transition énergétique, mais il ne faut pas en faire n’importe où ».

Une position qui, tout en reconnaissant le rôle de l’éolien, appelle à une planification plus rigoureuse et respectueuse de l’environnement.

La transition verte remise en question

Les critiques portent également sur le coût environnemental des éoliennes elles-mêmes. Leurs socles en béton sont difficilement recyclables, et leurs pales en fibres composites sont souvent enterrées faute de filière de retraitement. De plus, leur production d’électricité reste intermittente : trop de vent, ou pas assez, et la production chute. Faute de solution de stockage efficace, l’intermittence impose le recours à d’autres sources d’énergie, parfois fossiles, pour stabiliser le réseau.

L’argument de l’efficacité énergétique est également remis en question. Selon les chiffres de RTE (Réseau de Transport d’Électricité), l’éolien représentait environ 8 % de la production nationale d’électricité en 2023. Une proportion faible au regard des milliards d’euros investis et des subventions accordées, dont les bénéficiaires sont souvent de grands groupes ou des fonds d’investissement étrangers.

Vers une écologie réellement responsable ?

En parallèle, les collectivités locales et les riverains s’insurgent de plus en plus contre des implantations qu’ils jugent imposées sans réel débat démocratique. Les nuisances sonores, l’impact paysager et les effets sur la santé humaine font régulièrement l’objet de recours. Dans le cas d’Aumelas, les associations écologistes et les collectifs locaux font front commun, unis par le constat que l’écologie de terrain est aujourd’hui sacrifiée sur l’autel de l’écologie industrielle.

Les questions posées par ces scandales vont bien au-delà de l’impact sur les oiseaux. Elles touchent au fondement même de la politique énergétique française. Peut-on justifier la destruction d’espèces protégées et de paysages ancestraux au nom de la lutte contre le changement climatique ? Comment concilier protection de la biodiversité et développement des renouvelables ? Et surtout : à qui profite vraiment cette transition énergétique ?

Une chose est certaine : les affaires d’Aumelas et de Bernagues marquent un tournant. Elles imposent de repenser notre modèle énergétique, non plus à travers le seul prisme du rendement ou de l’image verte, mais à partir de critères globaux d’efficacité, de soutenabilité et de justice environnementale.

Pendant que les entreprises mises en cause préparent leurs appels, les oiseaux, eux, ne reviennent pas. Le silence qui s’installe sur les Causses n’est pas celui de la paix retrouvée, mais celui d’une biodiversité meurtrie. Si la justice a enfin commencé à reconnaître les torts causés, c’est maintenant à la société tout entière de décider quelle énergie elle veut produire, à quel prix, et à quel coût pour le vivant.

Dans cette France rurale souvent ignorée des décideurs, la colère monte. Non pas contre l’idée de la transition écologique, mais contre la manière dont elle est menée : verticale, technocratique, aveugle aux territoires. L’exemple d’Aumelas est un signal fort : il ne suffit pas d’avoir raison sur le fond pour agir n’importe comment. L’écologie véritable se construit avec, et non contre, la nature et les hommes qui l’habitent.

IMPORTANT - À lire

La transition énergétique, telle qu'elle est menée aujourd'hui, sacrifie silencieusement la biodiversité. Les scandales d'Aumelas et de Bernagues ne sont que la partie émergée de l'iceberg. Ils imposent de repenser notre modèle énergétique à partir de critères globaux d'efficacité, de soutenabilité et de justice environnementale.

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