🔥 Les essentiels de cette actualité
- Enquête de Laurent Dauré révèle les biais idéologiques et financements douteux de Conspiracy Watch, média autoproclamé expert en théories du complot.
- Campagne de financement 2024 dépasse objectif, mais indépendance contestée par des subventions publiques et soutien de l’exécutif français.
- Conspiracy Watch cible les opposants politiques, protégeant l’ordre établi et servant les intérêts de la bourgeoisie libérale-atlantiste.
Conspiracy Watch : le nom claque comme une vigie bienveillante face aux dérives du complotisme.
Créé en 2007 par Rudy Reichstadt, le site a été propulsé en quelques années comme la référence française autoproclamée sur la question.
Fortement médiatisé, validé en haut lieu dès l’époque de Manuel Valls, il est désormais encensé comme un expert incontournable dans un paysage médiatique à bout de souffle.
Sauf que derrière ce vernis d’indépendance et d’alerte citoyenne, ça sent sérieusement l’embrouille.
L’enquête menée par Laurent Dauré, publiée par Blast et présentée sur Off Investigation, démonte la façade.
Ce qu’il révèle ? Une ligne éditoriale ultra-orientée, des financements bien moins transparents qu’annoncés, et un rôle politique réel, bien éloigné du simple observatoire « neutre » du complotisme.
Conspiracy Watch #4 : Ménager Macron, accabler les Gilets jaunes et la « gauche radicale » Le site a adopté une attitude favorable au pouvoir d’Emmanuel Macron et hostile à tout ce qui le conteste un peu trop frontalement. Par Laurent Dauré. blast-info.fr/articles/2024/…
Une collecte de fonds en 2024… pour masquer des années de subventions publiques
Le 10 septembre 2024, Rudy Reichstadt lance une campagne de financement participatif sur YouTube pour soutenir Conspiracy Watch. Objectif : récolter 20 000 euros auprès des internautes.
La cagnotte est remplie en un éclair, incitant les organisateurs à doubler le plafond.
Reichstadt avance une justification en apparence évidente :
« Si nous sommes mal informés, nous ne pourrons pas faire des choix éclairés. »
Problème : derrière ce discours, on découvre un média qui a longtemps vécu — et vit encore — grâce à des subventions d’État.
L’appel à la « générosité citoyenne » ne serait-il qu’un habillage marketing pour un site en réalité soutenu par l’appareil institutionnel ?
C’est ce que démontre en détail l’enquête menée par Laurent Dauré pour Blast.
Il y retrace l’évolution de Conspiracy Watch depuis sa création, examine ses méthodes, et décortique les biais politiques qui contaminent sa ligne éditoriale.
Une expertise… au service du pouvoir
Dauré commence par une mise au point :
« Tout ce que produit Conspiracy Watch n’est pas vicié par des biais idéologiques, mais le site a tendance à embrigader son expertise (relative) au service de certains intérêts (géo)politiques. »
Autrement dit : leur boulot n’est pas forcément nul, mais il est clairement orienté.
Le site se positionne sur un créneau idéologique bien balisé : entre macronisme et vallsisme, avec un alignement assumé sur le Printemps républicain.
Dans ce réseau politico-médiatique, Reichstadt et des journalistes comme David Medioni partagent « un même cap idéologico-politique ».
Résultat : Conspiracy Watch cible en priorité « les opposants politiques au pouvoir en place » (Gilets jaunes, gauche radicale), et ferme les yeux sur les dérapages du camp d’en face.
Une complotologie à géométrie variable : deux poids, deux mesures
L’exemple des Gilets jaunes est révélateur.
Dauré explique que les « complotologues dominants » ont volontairement ignoré les fake news et les théories fumeuses diffusées par le pouvoir et ses relais médiatiques pendant le mouvement.
Sur l’international ? Même logique. Le site relaie sans sourciller la propagande pro-israélienne, allant jusqu’à jouer « de fait un rôle de facilitateurs de génocide ».
Le double standard est omniprésent. Certains sont traqués à la loupe, d’autres totalement épargnés :
« Certaines personnalités et organisations sont scrutées au microscope (plus ou moins déformant), tandis que d’autres — BHL, Caroline Fourest — peuvent engendrer fausses informations et théories du complot sans subir les critiques de Conspiracy Watch. »
Conclusion de Dauré : la devise officieuse du site pourrait être « deux poids, deux mesures » — toujours en faveur de l’ordre libéral-atlantiste.
Subventions publiques, image indépendante : le grand écart
Officiellement, Conspiracy Watch vit grâce aux dons des internautes. Officieusement ? L’association éditrice du site a touché pendant des années des subventions publiques conséquentes, y compris sous la présidence Macron.
Et elle reçoit toujours le soutien durable de la Fondation pour la mémoire de la Shoah.
Pour Dauré, ces « privilèges institutionnels » sont « hautement contestables », surtout dans un contexte post-affaire du fonds Marianne, où la question de l’indépendance des médias se pose de manière cruciale.
Il dénonce le fait que l’État et les médias publics : « promeuvent un site édité par une association qui ne respecte pas ses propres statuts (sur le caractère ‘sans exclusive’ de son action) et cible prioritairement les opposants politiques au pouvoir. »
Conspiracy Watch n’est donc pas juste un média. C’est un bras armé idéologique, utilisé pour mener une « lutte anti-conspirationniste » calibrée pour conforter le pouvoir.
Aucune rigueur journalistique, aucun droit de réponse
Les critiques de l’enquête ? Ignorées. La seule réaction de Reichstadt a été un tweet flou, affirmant que les montants étaient « faux », sans preuve, sans détail, sans réponse formelle.
Dauré, lui, est clair :
« Je n’ai fait que compiler des données officielles accessibles publiquement, si Conspiracy Watch montre que je me suis trompé, je rectifierai sans rechigner. »
Mais l’honnêteté journalistique ne semble pas être une priorité pour Reichstadt.
« Reconnaître ses erreurs, publier des correctifs, cela devrait aller de soi dans le journalisme (en s’inspirant de l’idéal du monde scientifique). Or, Conspiracy Watch ne le fait jamais, y compris quand il est avéré que le site a relayé des fausses informations ou des théories du complot. » – Dauré.
Un outil de pouvoir sous couvert de neutralité
Pour Dauré, il ne fait aucun doute : Conspiracy Watch est une pièce stratégique du puzzle idéologique d’une bourgeoisie libérale-atlantiste, parfaitement à l’aise avec l’extrême droite quand cela l’arrange.
Le site s’intègre dans une mécanique de contrôle du débat public. Il ne remet rien en question, il verrouille. Il ne conteste pas le pouvoir, il le protège. Il ne débusque pas les fake news : il sélectionne soigneusement ses cibles, toujours dans le même camp.
IMPORTANT - À lire
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