🔥 Les essentiels de cette actualité
- L’ambassadeur américain Mike Huckabee s’attaque violemment à la France, l’accusant d’ingérence dans le dossier palestinien. Suggère de détacher un morceau de la Côte d’Azur pour créer un État palestinien.
- La France défend la solution à deux États et milite à l’ONU pour une reconnaissance officielle de la Palestine, provoquant l’irritation de Washington et Tel-Aviv.
- La diplomatie française est accusée d’ambiguïté et d’impuissance, malgré les efforts internationaux de Macron pour relancer la paix au Proche-Orient.
- Les priorités budgétaires françaises sont remises en question : aide à la Palestine vs. crises nationales. Huckabee dénonce l’hypocrisie française.
Dans un accès de colère à peine contenu, l’ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, s’est violemment attaqué à la France, l’accusant d’ingérence dans le dossier palestinien.
Ce proche des milieux évangéliques pro-israéliens, connu pour ses sorties musclées, n’a pas hésité à lancer une provocation d’une rare violence verbale : si Paris veut vraiment un État palestinien, alors qu’elle « détache un morceau de la Côte d’Azur » pour le créer.
Cette déclaration aux allures de farce grotesque, bien qu’enrobée d’un ton diplomatique faussement courtois, en dit long sur l’exaspération américaine — mais surtout sur la manière dont certains responsables outre-Atlantique conçoivent la souveraineté… uniquement quand elle les arrange.
La France, bouc émissaire de la frustration américaine ?
Ce dérapage verbal ne tombe pas du ciel. Il intervient dans un climat où la France, contre vents et marées, entend défendre la solution à deux États et milite activement à l’ONU pour une reconnaissance officielle d’un État palestinien. Une initiative jugée inacceptable à Tel-Aviv, et manifestement insupportable à Washington, qui continue d’armer Israël sans condition tout en parlant de « désescalade ».
En vérité, cette attaque contre la France traduit surtout une nervosité croissante face à la montée d’une pression diplomatique européenne que les États-Unis ne contrôlent plus totalement. Paris dérange, non parce qu’elle agit en gendarme du monde – comme Washington a pu le faire pendant des décennies – mais parce qu’elle met le doigt sur une hypocrisie flagrante : celle d’un État israélien qui refuse tout compromis tout en poursuivant une colonisation active, sous la bénédiction silencieuse de ses alliés.
Les contradictions françaises : entre posture morale et impuissance politique
Mais cette réaction outrancière de Mike Huckabee met aussi en lumière une autre réalité, moins reluisante : l’ambiguïté constante de la diplomatie française. Car si la France se veut championne de la paix et des droits de l’Homme, elle agit bien souvent dans le dos de ses propres citoyens, sans débat public, et avec une déconnexion flagrante des réalités nationales.
Depuis des mois, Emmanuel Macron multiplie les gesticulations internationales. Après avoir joué au médiateur entre l’Ukraine et la Russie — sans résultats notables — le voilà désormais en cheville avec l’Arabie saoudite pour organiser une nouvelle conférence internationale sur la Palestine. Du 17 au 20 juin, Paris et Riyad co-présideront une session spéciale à l’ONU visant à « relancer la paix au Proche-Orient ». Objectif affiché : imposer une solution à deux États, y compris contre la volonté explicite d’Israël.
Mais ces efforts s’accompagnent d’une menace à peine voilée : celle de reconnaître unilatéralement l’État palestinien si aucune avancée n’est constatée. Une démarche qui, si elle semble morale sur le papier, pose plusieurs problèmes fondamentaux : elle engage la parole de la France sans passer par le Parlement, sans consulter les Français, et sans tenir compte des risques géopolitiques qu’elle implique.
La souveraineté des autres, mais pas la nôtre ?
La posture française interpelle d’autant plus qu’elle repose sur un principe à géométrie variable : la souveraineté. Nos dirigeants défendent la souveraineté des peuples quand cela les arrange (Palestiniens, Ukrainiens, Kurdes…) mais refusent qu’on évoque la moindre concession ou remise en cause de notre propre territoire.
Imaginez un instant qu’un responsable étranger suggère à la France de céder la Guyane pour créer un territoire autonome. Le tollé serait immédiat. Et à juste titre.
Mais alors, pourquoi cette arrogance française à vouloir dessiner les frontières d’un autre pays ? Pourquoi ce besoin constant de donner des leçons, quand la situation dans nos propres banlieues échappe à tout contrôle, quand nos agriculteurs crient famine, et quand nos services publics s’effondrent ?
L’argent pour la Palestine, mais pas pour les Français
Ce décalage ne se limite pas à la sphère diplomatique. Il touche aussi les priorités budgétaires. Chaque année, la France verse des dizaines de millions d’euros à des programmes d’aide humanitaire à Gaza ou à des ONG opérant en Cisjordanie. Pendant ce temps, des Français dorment dans leur voiture, des retraités choisissent entre manger et se chauffer, et des hôpitaux ferment des services faute de personnel.
À l’image de ces politiques qui aiment s’afficher dans les conférences internationales, nos dirigeants semblent convaincus qu’il est plus noble de briller à l’étranger que de résoudre les crises nationales. C’est le syndrome du « prestige international », cette maladie française qui fait passer l’image avant l’efficacité.
L’attaque de Mike Huckabee : symptôme ou stratégie ?
Face à cette posture française jugée hautaine, Mike Huckabee a donc décidé de frapper fort. Invité par Fox News, le politicien républicain ne s’est pas embarrassé de subtilité. Selon lui, la France « fait preuve d’une hypocrisie incroyable » en exigeant d’Israël qu’il accepte un État palestinien alors même que « le 7 octobre a tout changé ».
Il fait ici référence à l’attaque du Hamas contre Israël, utilisée désormais comme un argument pour justifier l’ensemble des opérations militaires dans la bande de Gaza, y compris les bombardements sur des écoles ou des hôpitaux.
Mais ce qui choque le plus, ce n’est pas l’indignation feinte de Huckabee, mais la suggestion même qu’un pays européen puisse céder une portion de son territoire pour satisfaire une exigence morale.
En d’autres termes : « Faites-le chez vous, mais ne venez pas l’imposer aux autres ».
Une manière assez cynique, mais politiquement habile, de retourner l’argument des droits de l’Homme contre ceux qui le brandissent. C’est aussi une manière de rappeler que dans le jeu diplomatique, il n’y a pas de place pour les naïfs.
Une négation assumée du droit international
La position américaine ne se limite pas à cette sortie médiatique. Elle reflète un tournant plus profond dans l’approche de Washington sur le dossier israélo-palestinien. Alors que l’ONU continue de condamner l’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie, et que la Cour internationale de justice évoque un possible « génocide », les États-Unis poursuivent leur soutien inconditionnel à Israël.
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a récemment promis de « construire un État israélien juif » en Cisjordanie. Une déclaration qui revient à nier purement et simplement l’existence d’un peuple palestinien.
Et pourtant, pour Huckabee et d’autres figures de la droite américaine, il « n’existe pas d’occupation » des territoires palestiniens. Une négation du droit international assumée, sans détour, et applaudie par une partie des Républicains.
Une France isolée sur la scène internationale ?
Face à cette hostilité croissante, la France semble bien seule sur ce sujet. Ni l’Allemagne ni l’Espagne n’ont manifesté un soutien franc à la menace de reconnaissance unilatérale d’un État palestinien. Pire encore : certains pays européens reprochent à Paris de « jeter de l’huile sur le feu » en pleine guerre à Gaza.
Quant à Israël, les réactions ont été d’une violence inédite. Vendredi dernier, le gouvernement Netanyahou a accusé Emmanuel Macron de mener « une croisade contre l’État juif ». Une déclaration qui ne laisse plus aucune place à la diplomatie classique.
Dans ce contexte, il est légitime de se demander si la politique étrangère française ne se résume pas à une posture morale désincarnée, incapable d’influer réellement sur le cours des choses, mais suffisante pour s’attirer l’animosité des uns et l’indifférence des autres.
Le double échec de la diplomatie française
L’affaire Huckabee n’est pas qu’un incident isolé. Elle révèle l’impasse dans laquelle se trouve notre diplomatie : prise entre un impératif moral dont personne ne veut, et une impuissance politique qui la rend inaudible.
En prétendant imposer la paix sans disposer des moyens de la faire respecter, la France s’expose à des humiliations publiques. En défendant la souveraineté des autres sans respecter celle de ses propres citoyens, elle se décrédibilise. Et en distribuant l’argent des contribuables français à des causes étrangères sans leur accord, elle nourrit une colère sourde qui ne demande qu’à exploser. Surtout lorsque la France continue de fournir de l’armement à Israël en même temps.
Nos dirigeants feraient bien de méditer cette maxime : on ne bâtit pas la paix dans le monde en oubliant la justice chez soi.
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