Mise en contexte
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, le conflit entre ces deux nations a pris des proportions significatives. Les territoires contrôlés par les Russes en Ukraine ont évolué, mettant en lumière les enjeux géopolitiques sous-jacents de cette guerre qui est devenue une guerre de la Russie contre tout l’axe otanien.
Depuis le lancement de leur offensive, les forces russes ont tiré des millions d’obus d’artillerie sur les villes et villages ukrainiens situés près des lignes de front, exacerbant ainsi la crise humanitaire dans la région.
Les États-Unis ont récemment renforcé leurs sanctions contre 130 entités et individus impliqués dans des échanges commerciaux avec la Russie, ciblant spécifiquement des entreprises fournissant des armes, des drones et autres technologies à la Russie.
Ces sanctions visent à entraver les efforts de guerre russes en Ukraine en ciblant les liens commerciaux de la Russie avec la Turquie, la Chine et les Émirats Arabes Unis. Ces nations sont devenues des points nodaux pour l’exportation, la réexportation et le transfert de technologies et équipements étrangers vers la Russie, ce qui souligne une approche multilatérale visant à contenir l’agression russe en Ukraine.
Janet Yellen, la secrétaire au Trésor des États-Unis, a déclaré que les États-Unis n’hésiteraient pas à tenir ces entités pour responsables de leur soutien à la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine.
On décortique les sanctions
Les récentes sanctions américaines ont mis en lumière 130 nouvelles cibles, dont des individus et des entreprises en Turquie, en Chine et aux Émirats Arabes Unis. Un point notable est Berk Turken, un citoyen turc impliqué dans un réseau d’approvisionnement lié aux services de renseignement russes. Les biens à double usage sont au cœur des sanctions, avec des individus et des entreprises facilitant le transfert de technologies critiques.
Plusieurs sociétés des Émirats arabes unis ont été sanctionnées pour avoir expédié divers équipements, notamment du matériel aéronautique et des dispositifs de réception de données.
ARX Financial Engineering Ltd., une entreprise basée aux Émirats arabes unis, a été soumise à des sanctions pour son rôle présumé dans la recherche de méthodes visant à transférer des roubles russes depuis la banque russe VTB Bank, elle-même sous sanctions, et à les convertir en dollars américains.
Elles ont aussi affecté des entreprises chinoises impliquées dans l’expédition d’équipements électro-optiques et de composants radar vers la Russie. En outre, elles ont élargi la portée en visant 13 entités soutenant militairement la Russie, dont 12 en Russie et une en Ouzbékistan, en particulier dans le développement de drones.
Dans leur globalité, les sanctions visent divers secteurs en Russie, notamment l’industrie domestique, le secteur financier dont des banques. Elles ciblent également la production future d’énergie, le secteur des métaux, des mines et l’approvisionnement en défense de la Russie.
Impact sur les chaînes d’approvisionnement Russes
Les sanctions ont également visé la base industrielle domestique de la Russie. L’Office of Foreign Assets Control (OFAC) du Département du Trésor américain a déclaré que cette base tentait de se réinventer en tant qu’entité responsable de la maintenance de l’arsenal militaire russe. Les sanctions visent à perturber les réseaux et les canaux par lesquels la Russie tente de soutenir son armée.
En outre, les sanctions diplomatiques ont été imposées à plus de 90 entités et individus accusés d’évasion des sanctions et complices dans l’augmentation de la capacité de la Russie à mener sa guerre contre l’Ukraine.
Ces mesures ont pour objectif de dissuader les relations économiques légitimes que la Russie entretient avec d’autres nations, en exploitant les relations économiques existantes pour imposer des coûts supplémentaires à la Russie et à ses partenaires.
Restons tout de même factuels : les sanctions n’ont en rien entravé les plans de la Russie concernant l’Ukraine qui avait sûrement dû les anticiper bien avant l’opération en Ukraine. Il y a un gèle sur les actifs basés aux États-Unis des individus et des entités visés, bloquant les transactions financières avec ces derniers et interdisant la contribution de fonds, de biens et de services à eux.
L’effet des sanctions se fait sentir bien au-delà des frontières de la Russie. Par exemple, les contrôles à l’exportation de Washington visent à isoler la Russie de l’économie technologique mondiale et à entraver ses capacités militaires.
En outre, ces sanctions ont mis en lumière les vulnérabilités de la Russie, obligée de faire appel à des entités de pays tiers pour soutenir son effort de guerre, créant ainsi un réseau complexe de dépendances qui est maintenant sous le feu des projecteurs des régulateurs internationaux.
Réactions internationales et conséquences
Les réponses de la Turquie, de la Chine et des Émirats Arabes Unis aux récentes sanctions américaines varient, reflétant des perspectives géopolitiques différentes et des différents niveaux d’engagement avec la Russie.
La Turquie a réagi en qualifiant les avertissements américains de « dénués de sens », avec son ministre des Finances rejetant les inquiétudes parmi les entreprises turques concernant un avertissement du Trésor américain qu’elles risquaient d’être pénalisées si elles maintenaient des liens commerciaux avec des entités sanctionnées.
De son côté, un haut fonctionnaire du Trésor américain a averti la Turquie et les Émirats Arabes Unis qu’ils pourraient perdre l’accès aux marchés du G7 s’ils faisaient affaire avec des entités soumises aux restrictions américaines, une démarche visant à décourager les tentatives russes d’éviter les sanctions imposées en raison de la guerre en Ukraine.
En ce qui concerne la Chine, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a déclaré que la Chine protégerait ses entreprises et ses citoyens menacés par les sanctions américaines, signalant que Beijing prendrait toutes les mesures nécessaires pour défendre vigoureusement les droits légitimes de ses entreprises et citoyens.
Cette déclaration est intervenue après que la Chine a riposté contre les contrôles à l’exportation américains sur les puces, en déposant un litige auprès de l’Organisation mondiale du commerce, exacerbant ainsi la guerre technologique entre les deux pays.
Ces évolutions suscitent des interrogations quant à l’efficacité des sanctions américaines à long terme. Bien que les États-Unis et leurs alliés aient mis en place des sanctions sévères et répétées contre la Russie en réponse à l’invasion de l’Ukraine, il est légitime de se demander si cette approche a réellement produit les résultats escomptés.
Cela met en lumière la nécessité d’une évaluation critique de l’impact réel de ces sanctions sur les relations entre les grandes puissances mondiales.
Conclusion
Les sanctions américaines récentes à l’encontre de diverses entités étrangères visent à étrangler le soutien extérieur à l’effort de guerre russe en Ukraine. Toutefois, la vigueur de l’économie russe, malgré ces embargos, soulève des interrogations sur l’efficacité réelle de telles mesures.
Les États-Unis, en choisissant la voie des sanctions, marchent sur un fil tendu, où l’équilibre entre la pression économique et l’engagement dans une guerre froide économique peut rapidement basculer, à un moment où plusieurs fronts de conflits s’ouvrent à travers le globe.
L’accent mis par les États-Unis sur les sanctions pourrait en effet détourner des ressources cruciales de leur propre économie, qui pourraient être utilisées pour aborder des défis internes urgents. L’économie mondiale est interconnectée, et une guerre économique prolongée peut avoir des répercussions bien au-delà des frontières des nations impliquées.
L’escalade des tensions économiques entre grandes puissances risque de glisser vers un terrain plus dangereux, menaçant la stabilité globale.
Nous sommes peut-être à l’aube d’une ère où les guerres économiques pourraient déclencher des conflits directs, accentuant les risques d’une escalade vers une troisième guerre mondiale. Prendre conscience des ramifications potentiellement dévastatrices de ces manœuvres géopolitiques devient un enjeu capital.
Espérons que la prise de conscience de ces risques, notamment nucléaires, conduira à des approches plus nuancées et à des solutions diplomatiques, mettant l’accent sur la coopération plutôt que sur la confrontation, pour naviguer dans l’arène complexe de la géopolitique contemporaine.
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Jean D.