LA CHINE NE PEUT PLUS JOUER SON ROLE D’USINE MONDIALE

La fabrication en Chine et l’exportation à l’échelle mondiale « n’est plus viable » selon le Président de Kyocera

Kyocera, l’un des plus grands fabricants de composants de puces au monde, estime que la Chine ne peut plus jouer son rôle d’usine mondiale dans un contexte de lourdes sanctions de la part des États-Unis, et l’entreprise a commencé à déplacer sa production vers d’autres endroits, notamment le Japon.

« Cela fonctionne tant que [les produits sont] fabriqués en Chine et vendus en Chine, mais le modèle économique consistant à produire en Chine et à exporter à l’étranger n’est plus viable », a déclaré Hideo Tanimoto, Président de Kyocera, dans une interview accordée au Financial Times.

« Non seulement les salaires ont augmenté, mais évidemment, avec tout ce qui se passe entre les États-Unis et la Chine, il est difficile d’exporter de la Chine vers certaines régions. »

Kyocera a construit sa première usine au Japon il y a près de 20 ans.

Le 7 octobre 2022, le ministère américain du Commerce a annoncé de nouvelles restrictions à l’exportation sur la fabrication de puces et de semi-conducteurs avancés, dans le but d’empêcher que la technologie américaine soit utilisée pour le développement de l’armée chinoise.

M. Tanimoto a admis que les contrôles américains à l’exportation étaient la raison pour laquelle l’entreprise a réduit de 31 % ses prévisions de bénéfice d’exploitation pour l’année.

Kyocera détient une part de marché mondiale de 70 % pour les composants céramiques utilisés dans les équipements de fabrication de puces.

« Si les fabricants d’équipements pour puces cessent leurs expéditions vers la Chine, nos commandes seront quelque peu affectées… On leur demande même maintenant de ne pas expédier leurs outils de pointe « , a déclaré M. Tanimoto.

En 2019, lorsque l’administration Trump avait imposé des tarifs douaniers à la Chine, Kyocera avait déplacé la fabrication de copieurs destinés au marché américain de la Chine vers le Vietnam.

Déplacement de la production hors de Chine

De nombreuses entreprises ont déplacé leur production hors de Chine ou prévoient de le faire.

• En avril de l’année dernière, par exemple, Apple a commencé à fabriquer son iPhone 13 en Inde sur un site appartenant à Foxconn, son fabricant sous contrat taïwanais.
  En outre, Apple envoie la production des iPads et des AirPods au Vietnam.
• Samsung a transféré sa production au Vietnam en 2019.
  L’entreprise a également décidé de fabriquer ses smartphones phares Galaxy S23 en Inde pour les vendre localement.
• Amazon a fermé son usine Kindle en Chine et produit désormais des appareils FireTV en Inde.
• La marque de chaussures Dr. Martens a réduit sa dépendance de fabrication à l’égard de la Chine.
  Depuis 2018, l’entreprise a transféré 55 % de sa production totale hors de la nation.

« Le grand message est de réduire la dépendance à la Chine », a déclaré le directeur général de Dr. Martens, Kenny Wilson, en novembre, selon le Financial Times.
« Vous ne voulez pas mettre tous vos œufs dans le même panier ».

Baisse des investissements en Chine

Une analyse d’Investment Monitor, un réseau de sites web B2B, montre que les investissements directs étrangers (IDE) greenfield en Chine ont diminué au cours des dernières années.

L’investissement greenfield est un type d’IDE par lequel une société mère crée une filiale dans un pays différent et construit son entreprise à partir de zéro, notamment en mettant en place des installations de production, des bureaux, des centres de distribution, etc…

• En 2022, les niveaux d’IDE greenfield en Chine avaient diminué de moitié par rapport à 2019, selon l’analyse.
• Les opérations de fusion et d’acquisition ont également diminué. Les entreprises chercheraient à se diversifier loin de la Chine continentale en raison de préoccupations concernant la géopolitique et les perturbations des chaînes d’approvisionnement.
• Dans le secteur du tourisme en Chine, les IDE greenfield ont chuté de 78 % entre 2019 et 2022.
• Le secteur de l’électronique a vu les IDE greenfield diminuer de 56,7 % au cours de cette période, les services financiers de 62,5 %, la logistique de 28,6 %, les logiciels et services informatiques de 48,5 %, et les machines, équipements et outils industriels ont chuté de 56,7 %].

Certains experts prévoient que les entreprises américaines délocaliseront davantage leur production vers des pays plus accueillants.

Selon Michael Zezas, responsable de la recherche sur les politiques publiques américaines et de la stratégie municipale chez Morgan Stanley Research, les gouvernements et les entreprises devraient investir « de manière substantielle dans l’on-shoring, le near-shoring et le friend-shoring pour les chaînes de valeur », selon un article publié le 25 juillet par la société d’investissement.

« Le Mexique, l’Inde, le Vietnam et la Turquie se distinguent comme des pays qui pourraient bénéficier de la diversification des chaînes de valeur par les entreprises américaines et de l’Union européenne. »

Pour mieux comprendre la Chine, ses orientations économiques et politiques et sortir de la désinformation Occidentale, visionnez notre entretien avec Laurent Michelon, consultant auprès d’entreprises Européennes et Chinoises, installé en Chine depuis près de 25 ans, Diplômé de Sciences Po et de l’INALCO et auteur de « Comprendre la relation Chine Occident ».

Source: The Epoch Times