Poutine déclare que l’Occident « voulait que les Russes s’entretuent »
La société de mercenaires Wagner continuera-t-elle d’exister ou non ? Prigozhin sera-t-il puni davantage ou peut-être emprisonné, ou bien se contentera-t-il de diriger son armée privée depuis un hôtel chic de Minsk ? Wagner restera-t-il une force de frappe importante sur le champ de bataille ukrainien et ailleurs dans le monde ?
Telles sont quelques-unes des grandes questions qui restent sans réponse après les bouleversements choquants du week-end dernier déclenchés par Prigozhin.
Mais ce qui est clair, c’est qu’il continue à défendre ses actions comme étant nécessaires, tout en s’en prenant une fois de plus au ministère russe de la Défense et à ses hauts responsables.
Le fondateur et chef de Wagner a publié lundi une première explication complète de ses actions qui ont commencé vendredi 23 juin, déclenchant la première crise interne majeure de la Russie depuis la guerre en Ukraine, qui a été accueillie par des dénonciations de « trahison » et de « mutinerie armée » par le président Poutine ainsi que par les plus hauts commandants militaires.
L’analyste géopolitique Dmitri Alperovitch a offert une traduction hâtive et une paraphrase du message audio d’environ 11 minutes posté sur le canal Telegram de Wagner.
Alperovitch conclut sur le nouveau message :
« Prigozhin reste défiant et fier de son action. Il n’agit certainement pas comme un homme qui a été vaincu. »
« Il n’y a aucune information sur l’endroit où il se trouve actuellement. »
Tout d’abord, quelques informations clés via Bloomberg :
- La marche vers Moscou a mis en évidence de graves problèmes de sécurité dans le pays, a-t-il déclaré dans un enregistrement publié sur Telegram qui ne précisait pas d’où il s’exprimait.
- Prigozhin a déclaré qu’il avait lancé la marche parce qu’il voulait préserver Wagner en tant que groupe militaire et ne pas passer sous le commandement du ministère de la Défense.
- Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a contribué à trouver une solution négociée aux événements du week-end, confirme-t-il.
La traduction et la paraphrase rapide du nouveau message audio de Prigozhin expliquant sa rébellion peuvent être visionnées ci-dessous.
Prigozhin confirme que la mutinerie était toute relative à l’ordre donné par Shoigu, le 10 juin, de dissoudre les PMC comme Wagner.
Il affirme à nouveau que le camp a été la cible d’une attaque au missile vendredi et que 30 membres du personnel de Wagner ont été tués.
Il affirme que l’objectif de la marche n’était pas de montrer de l’agressivité. Les colonnes avaient marché sur 780 km. Il affirme que personne n’a été tué au sol et que les pertes de pilotes ne sont pas de sa faute, car ils l’ont provoqué.
La colonne Wagner a subi 2 morts, ainsi que plusieurs blessés.
Prigozhin déclare :
« L’objectif de la marche était de ne pas laisser le PMC Wagner être dissous et de demander des comptes aux dirigeants militaires pour les erreurs commises pendant la guerre. »
« Nous nous sommes arrêtés lorsque nous avons réalisé qu’il y aurait une bataille et beaucoup de pertes près de Moscou. Nous avons estimé que la démonstration faite jusqu’alors était suffisante. »
« Notre décision de faire demi-tour était basée sur deux facteurs :
- Nous ne voulions pas faire couler le sang russe (ndlr : vous l’avez fait)
- Nous avons participé à une manifestation de protestation, pas pour renverser le pouvoir au Kremlin. »
« Loukachenko a proposé une solution pour préserver Wagner. »
Des sources biélorusses affirment que Prigozhin a été vu au Green City Hotel à Minsk. Attendons les photos des paparazzis.
« En 24 heures, Wagner a parcouru la même distance que les forces russes auraient pu parcourir le 24 février 2022 entre Kiev et Uzgorod (l’une des villes les plus à l’ouest de l’Ukraine) – s’ils avaient été aussi préparés que Wagner, la guerre aurait pu être terminée en un jour. »
« Les citoyens russes nous accueillaient avec des drapeaux russes et wagnériens. Ils étaient ravis de nous voir et continuent à nous écrire aujourd’hui encore. Certains sont déçus que nous nous soyons arrêtés parce qu’ils ont vu dans notre marche un soutien à la lutte contre la bureaucratie gouvernementale. »
Ce dernier est resté défiant et fier de son action. Il n’a certainement pas agit comme un homme qui a été vaincu. On ne sait pas où il se trouve actuellement.
Annonces « majeures » de Vladimir Poutine
Quelques heures avant le grand discours de Poutine lundi 26 juin au soir (heure locale), le Kremlin a fait plusieurs annonces « majeures », mais il n’y a rien eu de vraiment bouleversant.
En fait, une grande partie du discours assez court sur la rébellion wagnérienne a été une réitération des déclarations antérieures du Kremlin, et il n’a pas vraiment semblé « sévère ».
Alors que Poutine a souligné que « les traîtres seront traduits en justice » et qu’ils ont « vaincu une menace colossale » – il a en même temps semblé offrir une sorte de branche d’olivier.
Poutine déclare :
« En même temps, nous savions et savons que la grande majorité des combattants et des commandants du groupe Wagner sont également des patriotes russes, dévoués à leur peuple et à l’État. »
Il a ajouté que les combattants du groupe Wagner pouvaient signer des contrats avec l’armée russe.
« Aujourd’hui, vous avez la possibilité de continuer à servir la Russie en signant un contrat avec le ministère de la Défense ou d’autres forces de l’ordre, ou de retourner auprès de votre famille et de vos amis. Tous ceux qui le souhaitent peuvent aller en Biélorussie. »
« La promesse que j’ai faite sera tenue. Je le répète, c’est à vous de choisir, mais je suis sûr que ce sera le choix des soldats russes qui ont compris leur tragique erreur. »
Pourtant, à l’heure actuelle, le FSB et le bureau du procureur russe ont fait des déclarations laissant entendre que l’affaire pénale pour trahison est toujours en cours contre Prigozhin, qui se trouve vraisemblablement en Biélorussie.
Pour plus d’informations sur le discours de Poutine :
« M. Poutine a affirmé que la mutinerie était « résolument rejetée par la société » et qu’il avait directement ordonné que « des mesures soient prises pour éviter une effusion de sang », tout en faisant l’éloge des pilotes russes apparemment abattus par les mercenaires de Wagner pour avoir « sauvé la Russie de conséquences tragiques et dévastatrices. »
« Je remercie tous les militaires, les forces de l’ordre et les services spéciaux qui se sont opposés aux rebelles et qui sont restés fidèles à leur devoir, à leur serment et à leur peuple. »
– Vladimir Poutine
Poutine avait l’air très sérieux au cours de ce bref discours :
Vidéo complète du discours de Vladimir Poutine aux citoyens de Russie.
La réaction de Joe Biden aux allégations d’ingérences
Juste avant le discours de Poutine, le président Biden a déclaré lors d’une conférence de presse que les États-Unis et leurs alliés n’avaient « rien à voir » avec la rébellion.
M. Biden a déclaré :
« Ils ont convenu avec moi que nous devions nous assurer que nous ne donnions à Poutine aucune excuse – permettez-moi d’insister, nous n’avons donné à Poutine aucune excuse – pour blâmer l’Occident, pour blâmer l’OTAN. »
Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, a déclaré aux journalistes lundi 26 juin que le message avait été transmis aux Russes par divers canaux diplomatiques.
Lors de la conférence de presse à la Maison-Blanche M. Kirby a déclaré :
« Nous avons clairement indiqué que nous n’étions pas impliqués. Nous n’avons rien à voir avec cela. »
« Nous avons également fait comprendre à tous nos alliés et partenaires que les États-Unis n’étaient pas et ne seraient pas impliqués dans ces événements, et que nous les considérions comme des questions internes à la Russie. »
« Nous avons transmis le même message aux Russes eux-mêmes par les voies diplomatiques appropriées. »
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Si Moscou n’a pas encore tenté d’établir un lien direct entre les actions de Wagner et les services de renseignement occidentaux, le ministre des Affaires étrangères, M. Lavrov, a émis lundi 26 juin cette réprimande cinglante, qui est au moins une insinuation :
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, a déclaré sur RT :
« Les Etats-Unis soutiennent avec enthousiasme les changements de régime chaque fois qu’ils peuvent tirer profit du processus. »
« Si un mouvement de protestation vise un gouvernement plus souple vis-à-vis des intérêts américains, Washington le rejettera inévitablement. »
Le diplomate ajoute dans son interview le 26 juin :
« De nombreuses tentatives de changement de régime ont eu lieu dans le monde ces dernières années et elles ont été accueillies par une réponse différente de la part des États-Unis, en fonction de qui était au pouvoir et de qui essayait de faire le coup d’État. »
Il ajoute :
« Lorsque l’Occident est satisfait du gouvernement en place, aucune protestation ne peut être légitime. Mais lorsque le gouvernement ne reflète pas les intérêts de l’hégémon et poursuit les intérêts nationaux, dans ces cas, nous voyons que diverses forces illégales sont stimulées qui sont prêtes à attaquer les autorités. »
Dans son discours, Poutine a tenu des propos similaires, suggérant notamment que l’Ukraine et les ennemis de la Russie « voulaient« cela :
« C’est précisément ce résultat – le fratricide – que souhaitaient les ennemis de la Russie : aussi bien les néonazis de Kiev que leurs patrons occidentaux et toutes sortes de traîtres nationaux. »
« Ils voulaient que les soldats russes s’entretuent, que des militaires et des civils meurent, que la Russie perde et que notre société se divise, s’étouffe dans une guerre civile sanglante. Ils se frottaient les mains, rêvant de se venger de leurs échecs au front et lors de la soi-disant contre-offensive, mais ils ont fait un mauvais calcul. »
– Vladimir Poutine
Le seul qui semble heureux d’assister à la réunion de sécurité de Poutine est Pavel Zarubin, le journaliste de la télévision d’État.
À l’heure actuelle, l’Ukraine revendique certains gains, mais n’a toujours pas réussi à exploiter la situation de Wagner et les dissensions internes à la Russie lorsqu’il s’agit de progresser sérieusement sur la ligne de front.
Je ne sais pas trop pourquoi Poutine s’est donné la peine de publier cela, si ce n’est que Prigozhin a fait une grande déclaration aujourd’hui qui a fait la une des journaux.
Il est étonnant de voir à quel point Prigozhin fixe l’ordre du jour. Pendant tout le règne de Poutine, je ne me souviens que de Navalny faisant cela, ou des rebelles tchétchènes si vous remontez loin dans le temps.
Source : ZeroHedge
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