Les propos étonnants de Macron à son retour de Chine irritent la Pologne et quelques alliés Européens, mais réjouissent Pékin
Le message du président français Emmanuel Macron sur la construction d’une « autonomie stratégique« à l’écart des États-Unis est naturellement bien accueilli en Europe, où le président du Conseil européen Charles Michel a salué :
« Un bond en avant en matière d’autonomie stratégique par rapport à il y a plusieurs années.« .
– Politico
Emmanuel Macron a exprimé haut et fort cette nouvelle stratégie lors de sa visite avec Xi Jinping en Chine à un moment très délicat compte tenu des événements de Taïwan et à la consternation de Washington.
Mais M. Macron a tout de même semé la confusion et la division parmi certains alliés européens, en particulier la Pologne, qui a réagi en déclarant qu’ il fallait « plus d’Amérique en Europe« , dans le contexte de la guerre en Ukraine.
Malgré ses commentaires qui ont irrité les alliés, mais qui ont fait le bonheur de Pékin.
Un fonctionnaire de l’Élysée a souligné, face à la controverse, que le président Macron « ne s’excuse pas pour ce qu’il a dit » lors de son voyage en Chine.
Pour rappel, lors de son entretien avec les journalistes à bord de COTAM Unité, l’avion présidentiel français, M. Macron a déclaré que ceci :
« Le grand risque auquel l’Europe est confrontée aujourd’hui est qu’elle s’enferme dans des crises qui ne sont pas les nôtres, ce qui l’empêche de construire son autonomie stratégique.« .
Cette déclaration intervient juste après son entretien avec Xi Jinping.
La formulation par Macron d’un concept d’autonomie stratégique pour l’Europe a été « approuvée avec enthousiasme« par Xi et le PCC, qui se sont concentrés sur l’idée que l’Occident est en déclin tandis que la Chine monte en puissance, et que l’affaiblissement de la relation transatlantique accélérera cette tendance.
« Le paradoxe serait que, pris de panique, nous croyions que nous ne sommes que les suiveurs de l’Amérique« , a déclaré M. Macron avant de poursuivre :
« La question à laquelle les Européens doivent répondre est la suivante : avons-nous intérêt à accélérer [une crise] à Taïwan ? Non. Le pire serait de penser que nous, Européens, devons devenir des suiveurs sur ce sujet et nous inspirer de l’agenda américain et d’une réaction excessive de la Chine.« .
« Si les tensions entre les deux superpuissances s’intensifient, nous n’aurons ni le temps ni les moyens de financer notre autonomie stratégique et nous deviendrons des vassaux.« .
Dans son analyse, le journal Politico établit les points suivants :
La Russie, la Chine, l’Iran et d’autres pays ont été frappés ces dernières années par les sanctions américaines, qui visent à leur interdire l’accès au système financier mondial dominé par le dollar.
Certains Européens se sont plaints de la « militarisation » du dollar par Washington, qui oblige les entreprises européennes à renoncer à leurs activités et à couper leurs liens avec des pays tiers, sous peine de subir des sanctions secondaires paralysantes.
Assis dans la cabine de son A330, vêtu d’un sweat à capuche portant l’inscription « French Tech » sur la poitrine, M. Macron a affirmé avoir déjà « gagné la bataille idéologique de l’autonomie stratégique » de l’Europe.
– Politico
Charles Michel salue les propos de Macron en matière d’autonomie stratégique : les Américains fulminent
Une fois encore, l’appel de M. Macron à ne pas se contenter d’être « les suiveurs de l’Amérique » et à « se laisser entraîner dans des crises qui ne sont pas les nôtres » semble avoir été adopté par les dirigeants européens.
Après tout, l’exécutif européen Ursula von der Leyen était dans la salle avec Xi et Macron pour délivrer un « message unifié« la semaine dernière.
Selon Michel, la position controversée de M. Macron reflète en fait, du moins pour certains, une pensée européenne de longue date :
Alors que la controverse enfle autour des commentaires de M. Macron selon lesquels l’Europe devrait résister à la pression de devenir les « suiveurs de l’Amérique« , M. Michel a suggéré que la position de l’homme politique français n’était pas isolée parmi les dirigeants de l’UE.
– Politico
Bien que M. Macron se soit exprimé en tant que président français, ses opinions reflètent un changement croissant parmi les dirigeants de l’UE, a déclaré M. Michel.
Lors d’une interview accordée à l’émission de télévision française La Faute à l’Europe, M. Michel a déclaré ceci :
« L’autonomie stratégique a fait un bond en avant par rapport à ce qu’elle était il y a quelques années.« .
– France Info: La Faute à l’Europe
Trump reproche à Macron d’avoir donné à la Chine le feu vert pour envahir Taïwan : « Macron, qui est un de mes amis, est en train de lécher le cul de [Xi Jinping] en Chine ».
Mais il a ensuite nuancé les remarques sensibles concernant la plus grande distance entre la politique américaine et la politique européenne :
« Sur la question de la relation avec les États-Unis, il est clair qu’il peut y avoir des nuances et des sensibilités autour de la table du Conseil européen.« ,
« Certains dirigeants européens ne diraient pas les choses de la même manière qu’Emmanuel Macron… Je pense que peu d’entre eux pensent vraiment comme Emmanuel Macron« .
– Politico
Michel suggère qu’il s’agit davantage d’une question d’accent et de timing, et moins d’une divergence fondamentale sur la question de l’autonomie stratégique entre les dirigeants européens.
« Il y a effectivement un grand attachement qui reste présent – et Emmanuel Macron n’a rien dit d’autre – pour cette alliance avec les Etats-Unis.« ,
« Mais si cette alliance avec les Etats-Unis supposait que nous suivions aveuglément, systématiquement la position des Etats-Unis sur tous les sujets, non.« , a poursuivi M. Michel.
– Politico
L’horreur ! Le NYT et d’autres s’indignent qu’un dirigeant français puisse… faire passer les intérêts français et européens en premier :
Du tapis rouge à la niche : Macron revient de Chine à la consternation des alliés.
Les critiques de la performance du président français à Pékin ont été cinglantes parmi certains alliés, qui le voyaient comme se rapprochant de Pékin.
Le patron du Conseil européen a ajouté :
« Les chefs d’État et de gouvernement souhaitent d’ailleurs que le Conseil européen s’engage davantage avec le reste du monde« ,
« Lorsque le ministre [russe] Sergueï Lavrov se rend en Afrique pour répandre les mensonges de la Russie, il est important de riposter.« .
Cela semble être un soutien réel à certaines des phrases les plus controversées de M. Macron à Pékin, telles que son souhait de voir l’Europe devenir une « troisième superpuissance« afin de briser la dichotomie entre les États-Unis et leurs grands rivaux tels que la Russie ou la Chine.
Source: Zero Hedge
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