France, fin annoncée ou transformation radicale ? Analyse et perspectives de Jonathan Sturel
Jonathan Sturel est un écrivain et essayiste français, auteur de plusieurs ouvrages, dont le dernier est “L’arrière petit-fils et autres nouvelles”.
Il a également fondé la maison d’édition La Délégation des Siècles.
Intéressé par la géopolitique, la culture et l’histoire de la France, il partage lors de notre entretien son regard sur la crise que traverse le pays, confronté à une décadence politique, culturelle et identitaire et propose des pistes de réflexion et d’action pour défendre et renouveler la France.
L’écrivain et éditeur Jonathan Sturel, analyse la situation actuelle de la France
Selon Jonathan Sturel, la France est en proie à une décadence qui se manifeste par plusieurs symptômes :
- En premier lieu, le système politique et médiatique est hostile aux patriotes, qui sont marginalisés et diabolisés.
Il empêche l’organisation et la représentation des dissidents, qui sont ainsi privés de liberté d’expression et de manifestation.
- Le système dissout également les structures anthropologiques et religieuses qui fondent la société.
Il promeut le relativisme, le progressisme et l’individualisme, qui détruisent les valeurs et les repères des Français.
- Enfin, le système favorise l’immigration de masse, à laquelle est associée la violence barbare et l’impunité.
Il nie la réalité du choc des civilisations et du remplacement de la population autochtone, méprisant l’identité et la souveraineté de la France.
Jonathan Sturel prend l’exemple du meurtre du jeune Thomas par une bande de racailles, pour illustrer la barbarie qui règne dans certains quartiers.
Il dénonce la guerre de tous contre tous, un état de guerre civile généralisé, qui s’installe dans la société et appelle à réintroduire la notion de bien et de mal, qui a été effacée par le système.
La crise de la civilisation française et européenne
Jonathan Sturel affirme que la France et l’Europe sont dans une crise civilisationnelle liée à la perte de leurs repères religieux, moraux et culturels. Il analyse les causes et les conséquences de ce déclin, ainsi que les perspectives d’un renouveau.
En effet, la religion a perdu son influence sur la société, qui s’est sécularisée et laïcisée. Les individus ont commencé à adopter des comportements sans retenue, sans craindre ni Dieu ni l’autorité et les démons intérieurs ont été libérés, entraînant des perturbations tant au niveau psychique que social.
L’Europe a vu sa puissance et son influence décliner, au profit d’autres blocs géopolitiques. Elle est désormais méprisée par d’autres cultures, qui la considèrent comme faible et décadente car elle ne se respecte plus elle-même, se renie et se culpabilise.
Le peuple, qui aspire à une vie paisible, subit les décisions des élites, qui le manipulent et le trahissent. Ainsi convaincu de son impuissance, il se résigne et se divertit pour oublier ses problèmes. Il a besoin d’être guidé par un berger et attend un homme providentiel.
Jonathan Sturel souligne que l’histoire est incertaine et imprévisible, qu’elle est faite de grands événements et de grands hommes et peut réserver des surprises et des opportunités. Il espère un basculement historique, qui permettrait à la France et à l’Europe de se relever et de se réinventer.
La différence entre la population et les élites
Jonathan Sturel fait une distinction entre la population, représentant la diversité et la réalité du peuple français, et les élites, regroupant les dirigeants politiques, économiques, médiatiques et culturels, détenteurs du pouvoir et de l’influence. Il met en lumière le fossé et les tensions existant entre ces deux groupes :
La population subit les décisions des élites qui vont à l’encontre de ses intérêts, aspirations et valeurs, et lui imposent des sacrifices, contraintes et humiliations.
Pour lui, ces dirigeants ne sont pas élus par le peuple, mais proviennent d’un système oligarchique qui verrouille le jeu démocratique, manipule l’opinion publique et élimine les candidats dissidents.
Les citoyens aspirent à une vie paisible et ordonnée et à un état respectant leurs droits, libertés et sécurité, leur permettant de travailler, vivre et s’épanouir sans être perturbés par des troubles, crises ou menaces.
L’émergence d’un homme providentiel
Jonathan Sturel espère qu’un leader charismatique, compétent et courageux – un homme providentiel – émerge, incarnant les valeurs et les idéaux de la France, capable de rassembler et d’inspirer le peuple, ainsi que de redresser et de réformer le pays. Selon lui, plusieurs conditions sont nécessaires pour que cet homme providentiel puisse se manifester :
Il faut des événements exceptionnels et révolutionnaires, qui créent une situation de crise, de rupture, de chaos, qui rendent le système actuel insupportable, intenable, ingérable, et qui appellent un changement radical, une nouvelle donne, une nouvelle ère.
Il faut un homme qui reprend les racines de la France, qui se réfère à son histoire, à sa culture, à sa tradition, qui se place dans la continuité des grands hommes qui ont fait la France, qui renoue avec l’esprit français, qui restaure l’identité nationale.
Il faut un homme qui remette de la verticalité du pouvoir, qui impose son autorité, sa légitimité, sa vision, qui tranche, qui décide, qui agit, qui ne se laisse pas influencer, intimider, corrompre, par les intérêts particuliers, les pressions extérieures, les lobbies, les médias.
La situation politique et culturelle de la France
Jonathan Sturel aborde la situation politique et culturelle de la France à travers plusieurs thèmes :
Le mouvement des gilets jaunes, qu’il considère comme une sorte de précédent ou de jurisprudence, ayant démontré la possibilité pour le peuple de se révolter contre le système.
Il voit en ce mouvement une expression de l’instinct de combat inscrit dans l’ADN des Français, qui ont toujours résisté à l’oppression.
L’histoire de la France, qu’il perçoit comme une nation ayant surmonté de nombreuses épreuves, incluant des périodes d’occupation, de famine et de guerre.
Il croit en une sorte de force mystique ou anthropologique qui protège la France, lui permettant de se relever après chaque épreuve et de devenir plus résiliente.
La littérature, qu’il considère comme un élément vital de la nation, contribuant aux richesses culturelles et civilisationnelles.
Il exprime sa fierté d’appartenir à un peuple ayant engendré de grands auteurs, qui ont enrichi le patrimoine littéraire mondial ainsi que sa volonté de transmettre cet héritage et de perpétuer la culture.
Le rapport à la littérature, à la France et à la Lorraine
Jonathan Sturel évoque son rapport à la littérature, à la France et à la Lorraine, en répondant aux questions suivantes :
- Pourquoi écrit-il des nouvelles plutôt que des essais ?
Jonathan Sturel estime que l’essai exprime simplement un avis sur un sujet, tandis que la littérature permet de transmettre des émotions et des sensations. De plus, il considère qu’elle est plus exigeante et complexe que l’essai, nécessitant davantage de travail et de talent.
- Comment redonner le goût de la littérature aux jeunes ?
Jonathan Sturel reconnaît que la lecture demande un effort intellectuel que les gens ne veulent plus fournir, préférant les médias visuels et auditifs. Cependant, il souligne que la lecture offre la possibilité de s’évader dans des univers différents, de s’enrichir et de se projeter. Il propose ainsi de réintroduire la littérature dans l’éducation et de promouvoir l’effort intellectuel qu’elle demande.
- Son amour de la Lorraine et de son histoire
Jonathan Sturel décrit la région comme ayant souffert de son appartenance à la France, notamment pendant la Première Guerre mondiale où elle a été un rempart contre les Allemands, qui l’ont annexée et martyrisée. Il souligne la fierté et l’identité forte de la Lorraine malgré son passé tourmenté, sa richesse culturelle et son histoire marquante.
La nostalgie, la mélancolie et le scepticisme
Jonathan Sturel exprime sa nostalgie, sa mélancolie et son scepticisme à travers plusieurs sujets :
- Il considère la Belle Époque comme une époque à la fois inspirante, pleine de promesses, d’innovations, mais également marquée par des scandales, des convulsions et des crises.
Il est attiré par le charme, la nostalgie et l’esthétique de cette période, qu’il tente de recréer dans ses nouvelles.
- Il ressent a décadence de la France comme un grand pays autrefois beau, paisible et plein de promesses, désormais en train de se perdre et de se détruire.
Sa nostalgie et sa mélancolie le poussent à rechercher des sensations qui n’existent plus, et à se réfugier dans le passé.
- Il aborde avec scepticisme l’intelligence artificielle et les progrès techniques, doutant de leur capacité à remplacer la créativité humaine et à libérer l’homme du travail.
Il met en garde contre les innovations qui pourraient avoir des conséquences néfastes et dangereuses et ouvrir des boîtes de Pandore aux effets imprévisibles.
La critique d’un film sur Napoléon et les projets littéraires
Jonathan Sturel conclue son intervention en parlant de la critique d’un film sur Napoléon et de ses projets littéraires.
Il livre ses impressions sur le film de Ridley Scott portant sur Napoléon, qu’il trouve insatisfaisant, exprimant un regret quant à l’absence de l’ambiguïté du maréchal de France présenté dans le film et rappelle que Joséphine de Beauharnais était créole. Il aurait souhaité voir un traitement plus nuancé et fidèle à l’histoire.
Il présente son recueil de nouvelles intitulé « L’arrière petit-fils », écrit dans un style classique et élégant, et situé à la Belle Époque, en hommage à la France et à la Lorraine.
Il exprime son désir d’écrire un roman et des nouvelles plus longues, appréciant le format intermédiaire entre la nouvelle et le roman qui lui permet de développer ses personnages et ses intrigues.
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Une réponse
Sans crise majeure, la France fera au mieux « un peu plus de la même chose » croyant y fonder les solutions. Lorsque tout s’effondre, le système est prêt pour expérimenter « autre chose autrement » selon le psychologue Paul Watzlawick , l’expert en changement. Mais la résistance au changement avant la crise est totale. Cela vaut pour les personnes, pour les entreprises et pour les pays.