Le 1er octobre à 7h, Oskar Freysinger est l’invité de Nicolas Stoquer et Raphaël Besliu, en direct sur la chaîne YouTube de Géopolitique Profonde !
Oskar Freysinger est un homme politique suisse, ancien vice-président de l’UDC (Union Démocratique du Centre) et ex-élu au parlement suisse. Il a également exercé la fonction de Secrétaire d’État. Aujourd’hui, il se consacre à l’écriture, la traduction et partage ses analyses en tant que chroniqueur.
Assassinat de Nasrallah : un point de non-retour pour Israël
Depuis des années, Israël tente de créer les conditions d’une confrontation directe avec l’Iran, et l’élimination de Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, le 27 septembre dernier, marque un tournant décisif. Tel-Aviv se sert régulièrement du Hezbollah comme d’un prétexte pour justifier ses frappes et ses opérations militaires, dans l’espoir de susciter une riposte iranienne.
Israël estime que, pour l’instant, l’Iran n’est pas encore militairement prêt pour un conflit majeur. Cependant, le temps joue en faveur de Téhéran, qui pourrait bientôt se doter de l’arme nucléaire, bouleversant ainsi l’équilibre stratégique de la région. Conscient que cette fenêtre de tir se referme rapidement, Israël intensifie ses actions pour affaiblir ses adversaires avant qu’il ne soit trop tard.
L’assassinat de Nasrallah peut donc être vu comme une tentative d’accélérer cette confrontation. Pour Netanyahu, l’Iran hésitera à s’engager ouvertement pour défendre le Hezbollah, mais cette stratégie est risquée et pourrait se retourner contre Israël. Si l’Iran décide de répondre militairement, toute la région risque de sombrer dans un conflit de grande ampleur.
Netanyahu profite du vide américain
L’une des raisons pour lesquelles Netanyahu veut provoquer une escalade militaire est la faiblesse apparente de la présidence américaine. Depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, la politique étrangère américaine manque de cohérence, offrant à Israël une marge de manœuvre plus importante.
Netanyahu sait qu’il peut compter sur le soutien inconditionnel du lobby pro-israélien à Washington, ainsi que sur l’influence du complexe militaro-industriel et des partisans d’une ligne dure au Deep State. Les hésitations américaines face à l’Iran donnent à Tel-Aviv une occasion unique de dicter l’agenda au Moyen-Orient.
Par ailleurs, cette situation démontre la solidité des liens entre Israël et le pouvoir américain, qui se sont considérablement renforcés au fil des décennies. Le jeu politique est complexe : un conflit ouvert entre l’Iran et Israël serait catastrophique pour les États-Unis, mais la Maison Blanche pourrait se voir contrainte de suivre son allié, même à contrecœur.
Israël avant l’Ukraine ?
La perspective d’un conflit élargi au Moyen-Orient pourrait changer les priorités des États-Unis. Actuellement, l’attention de Washington est tournée vers l’Ukraine et son opposition à la Russie, mais un embrasement de la région pourrait pousser les États-Unis à réorienter leur politique militaire et diplomatique.
En d’autres termes, si la guerre s’étend, l’Ukraine pourrait rapidement être reléguée au second plan, car les États-Unis privilégieront toujours la sécurité d’Israël. Un affrontement entre l’Iran et Israël aurait des répercussions bien au-delà de la région, redéfinissant l’échiquier géopolitique mondial.
Ce possible basculement des priorités américaines mettrait fin aux efforts actuels en Europe de l’Est, créant un vide stratégique que la Russie pourrait exploiter pour renforcer sa position. L’Iran, de son côté, pourrait bénéficier du soutien tacite de la Russie, qui profiterait de la situation pour affaiblir encore davantage l’influence américaine.