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KRACH MONDIAL ? LE FIASCO DE l’EURO (3/4)

Krach mondial et UE

(La Partie 2 à lire ici)

Risques systémiques : le stress monte dans le secteur bancaire privé européen

Ils peuvent toujours critiquer l’Italie, les Allemands ne font plus les malins quand on parle de leurs banques commerciales. La Deutsche Bank est notamment le talon d’Achille de l’Allemagne avec son cours boursier qui a chuté de 51 % en 2018. Exaspérant les députés européens, le responsable de la lutte contre la criminalité financière de la Deutsche Bank, Stephan Wilken, a évité les questions dérangeantes lors d’une audition du Parlement européen le 4 février 2019. Les accusations portent sur l’implication de la très respectueuse banque allemande dans un mécanisme de blanchiment d’argent en Estonie élaboré par la Danske Bank. Cette dernière banque danoise est également sous le coup d’une enquête pour des versements douteux d’une valeur de 200 Mds € entre 2007 et 2015. D’autres points ont été énoncés lors des questions des députés à propos des relations de la banque allemande avec une banque russe, la Vnechtorgbank (VTB), qui serait proche de l’horrible Vlad Ier, ou encore sur des liens financiers avec le président américain Donaldino avant qu’il atteigne la Maison-Blanche.

Dix ans après la faillite de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers (déclencheur officiel de la crise de 2008), la Deutsche Bank, qui est un établissement bien plus systémique, inquiète grandement le milieu financier. Ce géant allemand est tout de même la onzième plus grande banque mondiale en nombre d’actifs financiers détenus (1 769 Mds $). Après trois années de pertes consécutives, c’est la dégringolade : une amende de 7,2 Mds $ lui a été assignée en 2017 pour son rôle dans la crise des subprimes, son bilan financier au 31 décembre 2017 s’élève à la somme imposante de 48 000 Mds € (24 fois le montant de la dette publique allemande) et sa note a été dégradée par la vénérable agence de notation Standard & Poor’s en juin 2018. Ceci n’a pas empêché de parachuter de nouveaux bonus pour, tenez-vous bien, doubler les rémunérations des membres du directoire de la Bank en 2018 ! Un peu fort de café pour les primes en baisse des salariés de l’établissement.

Tous les moyens sont bons pour retarder la chute finale : suppression d’emplois et licenciements (9 000 postes salariés), acquisition par une entreprise étrangère ou encore une fusion avec la Commerzbank (banque allemande qui a aussi chuté de 45 % en bourse depuis janvier 2018). Un responsable macroéconomique anonyme d’une grande banque européenne interrogé par Capital annonce que dans le milieu « on sait tous que Deutsche Bank devra être renflouée lors de la prochaine crise, mais c’est un autre morceau que Lehman Brothers ». Ce sauvetage bancaire fera littéralement exploser la dette publique allemande de 64,1 % actuellement à environ 90 % du PIB. À relever également l’étrange décès (une chute accidentelle) de Wang Jian, n° 1 du conglomérat chinois HNA qui est le premier actionnaire de la Deutsche Bank (9,9 % de parts). Alors que HNA était endetté à hauteur de 81,5 Mds € fin 2017 (+ 36 % par rapport à l’exercice précédent), Wang Jian avait récemment commencé à se désinvestir du géant allemand sous la contrainte du gouvernement chinois.

Deutsche Bank

Mais le problème est plus global. La BCE a encouragé les 12 grandes banques privées européennes, qui représentent quasiment 40 % des actifs totaux du secteur bancaire du Vieux continent, à renforcer leur bilan. Ces établissements financiers présentent des ratios de fonds propres inférieurs à 9 %. Le ratio calculé par la BCE pour la Société Générale est de 7,61 %, pour BNP Paribas de 8,64 % et pour la Deutsche Bank de 8,14 %. Quand le ratio atteint les 9 %, cela signifie que pour 100 € à nous rembourser, il n’y en a en réalité que 9 dans les caisses.

L’Autorité bancaire européenne (ABE) a aussi annoncé le 2 novembre 2018 le résultat « satisfaisant » des derniers stress tests menés avec la BCE sur 48 banques commerciales de l’UE. L’ABE a ainsi vérifié « si les banques de l’Union européenne seraient capables de survivre à des éventuelles tempêtes économiques, telles que : le ralentissement généralisé de l’économie ; l’accroissement de la volatilité des marchés ; l’incertitude politique liée à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne ». Les bilans des établissements privés seraient donc plus solides qu’avant, selon l’institution, avec des fonds propres renforcés pour résister aux chocs financiers.

Les banques britanniques ont obtenu les moins bons résultats avec Barclays tout en bas de l’échelle (en 48e). Le Brexit ne changera rien en cas de faillite bancaire : les plus grandes banques mondiales sont toutes interconnectées pour le meilleur et pour le pire. La Société Générale est également en bas du classement de la sismicité avec la 42e place. Sans commentaire, même la Deutsche Bank s’en sort mieux en 41e position ! À noter que cette banque française a confirmé début avril 2019 entamer la suppression de 1 600 postes, dont environ 700 en France, alors qu’elle a enregistré en 2018 un bénéfice net annuel supérieur aux prévisions. D’autres banques allemandes sont en difficulté (la Norddeutsche Landesbank par exemple), de même que des Italiennes (la Banco BPM en avant-dernière position). L’examen effectué par l’ABE est plus sévère que le précédent avec la nouvelle règle comptable IFRS 9 qui oblige les banques à intégrer rapidement dans leur bilan les pertes probables sur les crédits et les actifs financiers à risque. Ces conclusions ont pour ambition de pousser les banques à détenir davantage de fonds propres ce qui relève de la mesurette en cas de krach.

Banques européennes et stress test

Malgré tous ces efforts, la chute du secteur bancaire européen en bourse depuis début 2018 continue sa descente aux enfers. Selon Natixis, elle est due à :

  • « L’accumulation de risque de taux d’intérêt dans les bilans des banques, avec la distribution de crédits à taux fixe à taux d’intérêt bas ;
  • La hausse des primes de risque sur les dettes des banques plus forte que sur les crédits ;
  • La courbe des taux d’intérêt plate qui empêche les banques d’accumuler des profits avant que la croissance de la Zone euro ralentisse. »

Selon le Conseil de stabilité financière (Financial Stability Board ou FSB), la Société Générale, le Groupe Crédit Agricole et le Groupe BPCE sont parmi les banques les plus systémiques (groupe 1 dans son classement), suivis par BNP Paribas (groupe 2). La France tient donc la barre haute dans la liste des 30 banques qui menaceraient le système financier mondial en cas de krach.

Le 20 décembre 2018, le groupe Crédit Agricole a avoué être une des huit banques visées par une enquête de la Commission européenne, qui les soupçonne d’avoir conspiré ensemble entre 2009 et 2015 pour fausser la concurrence dans certaines négociations sur le marché obligataire. « Selon la Commission, des courtiers auraient échangé des informations sensibles et coordonné leur stratégie sur l’achat et la vente d’obligations souveraines en euro » entre 2007 et 2012. Si elles sont reconnues coupables, l’amende pourra atteindre jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires annuel de chacune de ces banques. Credit Suisse, Deutsche Bank et Bank of America Merrill Lynch seraient également concernés

L’oligarchie financière aux manettes de la politique monétaire « commune »

Pour illustrer ce sous-titre, relevons une intéressante nomination. Le 19 février 2019, José Manuel Campa est arrivé à la tête à la présidence de l’EBA (European Banking Authority – Autorité bancaire européenne). Cet ancien lobbyiste en chef à la Banque Santander, premier établissement bancaire espagnol (systémique) et une des principales banques européennes, est nommé au poste de responsable mondial des affaires réglementaires. Ce spécialiste de l’influence privée dans les politiques régulatrices occupe donc précisément le rôle inverse aujourd’hui.

Au niveau du cœur économique européen, notons que « la BCE emploie autant d’Allemands que de Français, d’Italiens et d’Espagnols réunis » selon La Tribune. Dans le département d’économie et de prospective qui émet les recommandations européennes, toute la chaîne de décision est allemande. Il en découle que la BCE est bien plus souple quand il s’agit de rappeler à l’ordre les banques allemandes par rapport aux banques des pays plus au sud par exemple (au hasard la Grèce). On rappellera que cette banque centrale antieuropéenne n’est pas hasardeusement localisée à Francfort et que ses responsables ne sont pas élus démocratiquement. Le subterfuge des banques centrales dites indépendantes mériterait un livre en soi. 

Francfort, BCE et euro

Mais cantonnons-nous à la BCE de Mario Draghi Malefoy, juste pour constater quelques banals conflits d’intérêts. Lorsque Draghi était vice-président de Goldman Sachs (« La banque qui dirige le monde » selon Arte), le personnage a dans le même temps intégré le très opaque G30, un club international localisé à Washington. Ce think tank a été fondé en 1978 par le banquier Geoffrey Bell. Il avait été mandaté par la Fondation Rockefeller (dont l’objectif officiel est de « promouvoir le bien-être de l’humanité dans le monde ») qui est à l’initiative de l’émergence et du financement du G30. La dynastie mondialiste Rockefeller est notamment derrière les très complotistes Groupe Bilderberg et Commission Trilatérale qui visent à unifier le monde sous des bannières communes (démocratie, droit de l’Homme, économie de marché, etc.). Un rapide coup d’œil sur le site officiel du G30 permet de constater que nous sommes bien au cœur du système économique et financier international : les représentants des grandes banques centrales du monde entier y sont membres, ainsi que les dirigeants des banques d’affaires internationales parmi les plus puissantes.

Un nombre conséquent d’anciens de la BCE sont d’ailleurs adhérents de ce club. Par exemple l’ancien gouverneur de la Banque de France, Jean-Claude Trichet, ex-n° 1 de la BCE de 2003 à 2011. Autre fait cocasse, les membres du G30 sont cooptés par invitation et font à la fois partie des banques privées et des instances de régulation. Évidemment, aucun compte rendu ne filtre en public. Une première plainte pour conflit d’intérêts avait été déposée contre Draghi Malefoy dès 2012 par l’Observatoire européen des lobbys (CEO) pour une enquête classée sans suite. Il a plus récemment été sommé par le médiateur européen, Emily O’Reilly, de suspendre sa participation au G30 : l’initiative a été bloquée par la BCE elle-même qui ne voit pas d’inconvénient à cette connivence, ce qui est regrettable, car « certains membres de ce Groupe des 30 dirigent en effet des banques sur lesquelles la BCE exerce sa supervision » selon O’Reilly. À noter également que lorsqu’une autre action pour conflit d’intérêts avait été déposée début 2017 contre Manuel Barroso, ancien n° 1 de la Commission européenne qui a intégré Goldman Sachs en septembre 2016, la Commission n’a rien trouvé à redire malgré les multiples vagues d’indignation.

Juncker et euro

Un rappel important est à faire sur ces banquiers mafieux à propos de la Grèce, ce pays qui n’a jamais eu les critères nécessaires pour faire partie de l’Euroland. Goldman Sachs a maquillé les comptes publics grecs pour diminuer sa dette fictivement et permettre ainsi au pays de rentrer dans l’euro en 2001. Ceci pour légitimer les intérêts géopolitiques et géoéconomiques de l’UE : la Grèce étant l’un des berceaux de la civilisation européenne (démocratie, philosophie…), elle ne pouvait symboliquement pas être mise à l’écart du projet européen. Suite à son entrée dans l’euro, la banque privée américaine a ensuite spéculé contre le pays en pariant sur un défaut de paiement de sa part. Et cela n’a évidemment pas loupé, car ayant eu les mains dans les comptes hellènes, nos vils banksters ont pu jouer sur tous les tableaux afin d’encaisser des sommes astronomiques. Et le récent rapport du Centre de Politique Européenne (CEP), déjà cité précédemment, a encore osé affirmer que les Grecs auraient été avantagés par l’euro, avec un gain de 190 €/habitant depuis 2001. Gain qui aurait été ensuite annihilé par la crise économique à partir de 2010.

La BCE a aussi effectué des stress tests en mai 2018 uniquement sur les banques grecques en anticipation à la fin du plan de « sauvetage » du pays intervenu fin août dernier (une arnaque de 3 Mds € au profit des banques françaises et allemandes). Le bilan bancaire rapporté a été plutôt positif, mais si les critères antérieurs de 2015 (plus stricts) avaient été conservés, trois des plus grosses banques grecques auraient échoué au stress test. Les banques grecques ont actuellement un taux de prêts compris entre 44 % et 56 % du total de leurs prêts, ce qui signifie que sans la dope monétaire de la BCE, elles seraient largement insolvables. Mais grâce aux « efforts » d’Athènes, Sainte Moody’s a relevé la note de la Grèce de B3 à B1. Alors heureux ?

Voici un autre résultat que nous ne jugerions pas de « positif » pour ce pays mis à terre par la Banque. La Grèce est aujourd’hui victime :

  • D’une dette publique atteignant 178,6 % du PIB (2017) ;
  • De la cession de ses infrastructures stratégiques (vente de 66 % du distributeur grec de gaz Desfa au consortium italo-belgo-espagnol SENFLUGA Energy Infrastructure et transfert de 14 aéroports régionaux au consortium allemand Fraport AG-Slentel Ltd) ;
  • De la liquidation de son patrimoine millénaire aux requins internationaux (port du Pirée, une centaine de monuments historiques…) ;
  • Et de la dégradation effroyable du niveau de vie de ses citoyens (santé, logement, salaires et retraites amputés jusqu’à 40 % dans le secteur public…).

« Je ne suis qu’un banquier faisant le travail de Dieu », avait déclaré Lloyd Blankfein, n° 1 de Goldman Sachs en 2009, en pleine crise financière. Business is business à défaut de charité chrétienne. Face à une telle prédation, certains s’étonnent encore de l’avènement du « populisme ». Ils ne sont pas au bout de leur peine vu que la violence sociale ne va faire que s’accentuer contre les peuples, jusqu’à la réinitialisation du Système par un grand Krach ou par la révolte.

Goldman Sachs

À suivre.

Franck Pengam

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