Voie sans issue
Il y a beaucoup de nouvelles qui circulent sur les changements qui se produisent dans le trading de devises mondiales. De « Gaz pour roubles » à « Que se passe-t-il avec le yen ? » il y a beaucoup de questions et très peu de réponses sur ce que tout cela signifie et ou se situe la ligne de partage.
La Fed vient d’augmenter son taux de 50 points pour la première fois depuis 2000 et va réduire son bilan, obligeant le Trésor à cesser d’émettre de nouvelles dettes à des taux stupides. L’Union européenne a dévoilé un sixième plan de sanctions contre la Russie, qui prévoit un embargo complet sur tout le pétrole russe.
En outre, l’UE singe maintenant ce que l’administration Trump a essayé de faire à l’Iran en 2018, sanctionnant tous les services, y compris assurance, à tous les expéditeurs de pétrole faisant des affaires avec la Russie et les banques russes.
Le bloc propose d’interdire aux navires et aux entreprises européens de fournir des services – y compris des assurances – liés au transport du pétrole et des produits russes à l’échelle mondiale dans le cadre de son nouveau plan de sanctions, selon Bloomberg.
Alors que les États membres se disputent encore sur les termes, c’est un outil potentiellement puissant car 95% de la couverture mondiale de la responsabilité civile des pétroliers est organisée par une organisation d’assurance basée à Londres appelée International Group of P&I Clubs qui doit tenir compte du droit européen.
Ces sanctions, politisant efficacement tous les aspects du commerce international, ne sont en fin de compte rien de plus que des ennuis à court terme pour la Russie. Cela trahit un état d’esprit qui ne se soucie pas des effets en aval, et révèle le désespoir de Bruxelles quant à la position de l’UE sur le marché mondial.
J’ai écrit des centaines de lignes en essayant d’expliquer au monde que c’est la mentalité totalitaire de l’UE basée sur son déséquilibre psychologique et son besoin idéologique d’être considéré comme le champion de l’humanité, qui motive toutes leurs décisions. Les États-Unis ne sont pas aussi motivés. Nous sommes beaucoup plus faciles à comprendre. Nous aimons le pouvoir, mais seulement tant qu’il nous rapporte.
Ce paquet de sanctions apparaît au premier coup d’œil comme une preuve de leur folie. C’est ce qu’il se passe quand, comme un animal acculé, ils sont confrontés à un choix existentiel. L’UE s’est construite sur la base de l’isolation de ses dirigeants des vicissitudes de l’opinion publique.
Les conséquences de cette politique qui a été conçue par les bouffons reniflant les pets du Forum économique mondial, la fine équipe de Davos, ne sont pas pertinentes à court terme. Oui, les Européens souffriront d’une inflation extrême car, s’ils réussissent à retirer la majorité du pétrole russe des marchés mondiaux, ils ne feront que garantir la flambée des prix.
Pensez-vous que les mêmes personnes qui ont un programme de dépeuplement déclaré, qui ont imposé un vaccin Pfizer efficace à 12 % qui n’a pas été testé du tout sur les femmes enceintes de peur qu’elles ne soient pas autorisées à participer à la société européenne, se soucient un tant soit peu des personnes qu’elles gouvernent ? Bien sûr que non. Je suppose que c’est ce qu’ils veulent dire quand ils invoquent les « valeurs européennes ».
Gardez donc cela ancré dans votre esprit lorsque vous jouerez les scénarios suivants et ce qui est réellement en jeu pour eux et pour nous à l’avenir. Ces gens ne sont pas au pouvoir parce qu’ils contrôlent le processus politique, mais parce-qu’ils bénéficient d’avantages non mérités sur le marché au travers d’un système corrompu institutionnalisant l’effet Cantillon de l’impression monétaire.
Comme je l’ai souligné dans des articles précédents, l’une des armes les plus puissantes que la Russie ait dans son arsenal est le besoin mondial de matières premières qu’ils produisent et leur capacité, avec le système financier mondial au bord de l’effondrement, à en fixer les conditions de paiement.
Ronan Manly de Bullion Star a récemment écrit un excellent article qui est, je crois, le fondement de ce qui se passe en Russie. Manly y passe en revue les mesures prises par les Russes pour passer d’un régime monétaire purement basé sur la dette à un régime basé sur les matières premières. Cette idée est promulguée par Sergei Glazyev, qui dirige la création d’une sorte de DTS [droit de tirage spécial] pour l’Union économique eurasienne (UEEA).
La Banque de Russie s’oppose fermement à ces mesures. Un mécène m’a demandé de développer cette dichotomie.
Il me semble que le plan de Glazyev pour la nouvelle monnaie de l’UEEA n’est pas de rendre le rouble échangeable contre de l’or, comme l’ancien USD adossé à l’or, mais de l’évaluer par rapport au prix de l’or et d’environ 19 autres matières premières, plus les devises des pays membres. Le panier, y compris l’or, sera une mesure de la valeur, un critère permettant de comparer la valeur des devises membres. Le panier ne sera pas échangé, sa valeur globale sera simplement suivie.
La directrice de la Banque de Russie, Elvira Nabiullina, est une femme sage et consciencieuse formée par le FMI. Elle dirige une organisation qui n’est pas explicitement sous le contrôle du Kremlin, tout comme la FED. Cela dit, Poutine a plus d’autorité sur la banque centrale en raison du pouvoir du président et de l’État russe qui est assez fort pour dicter des conditions à ses oligarques, à contrario de l’Occident. Mais la Banque de Russie est toujours opérationnellement gérée selon la pensée du FMI.
Ma réponse :
Oui, Nabiullina est un bon laquais du FMI. En même temps, [Nikolai] Patrouchev dit le contraire. Le Conseil de sécurité est plus puissant que la Banque de Russie. Alors, écoutez Nabiullina de la même manière que j’écoute Yellen, la secrétaire du Trésor américain.
Jerome Powell et les membres du conseil de sécurité russe vous disent ce qui va se passer…. Un rouble à deux niveaux arrive en Russie et la FED fait pression pour une discipline budgétaire au Capitole. La Banque de Russie est destinée à faire faillite et à être nationalisée.
L’UEE mettra en place un DTS adossé à des matières premières et le rouble intérieur de la Russie sera convertible en or, tandis que le RUB international, selon le RBO (rouble offshore) circulera pour permettre aux gens de payer pour les importations.
Ce que je veux dire dans cette réponse, c’est que le soutien du rouble par l’or à des fins intérieures et les DTS adossés aux matières premières de l’UEEA sont deux questions distinctes. L’un est la politique intérieure russe, l’autre est une caractéristique d’une nouvelle politique commerciale et étrangère panasiatique. Confondre ces questions est, je pense, une erreur.
Pensez-vous que vous êtes traité injustement ?
En gardant cela à l’esprit, nous pouvons maintenant examiner les objectifs de la Russie : Comment briser le soutien de l’UE à la guerre en Ukraine. C’est, la question la plus importante. En mettant en place Gazprombank comme une sorte d’Exim Bank [banque d’import-export des Etats-Unis] russe pour traiter avec les connards, la Russie a maintenant moyen de s’assurer qu’ils obtiennent bien ce qu’ils veulent pour leurs exportations.
L’effet de premier ordre est que le coût de la volatilité du change est imputé à l’acheteur. Il doit maintenant anticiper pour obtenir du rouble et à n’importe quel prix. En l’absence d’un marché international pour le rouble cela signifie que Gazprombank achète des roubles à la bourse de Moscou pour les vendre à un importateur de gaz.
C’est, à l’heure actuelle, la raison pour laquelle le rouble se renforce de manière spectaculaire par rapport à toutes les monnaies « hostiles ». Le système a été si efficace que, face à un marché haussier naissant pour le dollar américain, seuls le rouble et le réal brésilien ont progressé l’année dernière :
Compte tenu du besoin international en rouble, maintenant essentiel au commerce mondial des produits de base, la perspective d’une courbe à long terme du rouble russe semble plausible. En soi, c’est un changement massif dans le système financier mondial. Mais, attendez…. il y a plus !
Si ces pays « ennemis » ne sont pas dirigés par des attardés complets – une mauvaise supposition, je sais – alors ils commenceront à mettre en place un marché offshore du rouble… des euroroubles ?… pour répondre à leurs futurs besoins en matières premières russes. Vous comprenez pourquoi la présidente de la Commission européenne, Cruella der Leyen, est si catégorique quant à la tentative d’embargo sur les produits russes. Davos doit garder le contrôle sur les termes de l’échange. Ils doivent exercer le pouvoir qu’ils ont encore dans un environnement où ils deviennent de moins en moins pertinents pour le commerce mondial. L’Europe est dirigée par des gens qui ne croient pas en la croissance. Ils sont les enfants de l’affiche du changement climatique et du mouvement anti-croissance illimitée.
Davos a lobotomisé deux générations entières d’Occidentaux avec le discours malthusien selon lequel on ne peut pas avoir une croissance infinie dans un monde fini. Tout leur dogme économique est basé sur ce principe.
Peu importe que ce point de discussion soit fondé sur une prémisse inepte, la vérité est, après tout, une trahison, à ce stade du cycle économique et culturel. Mais, pour essayer d’expliquer rapidement pour les esprits lents. La croissance du PIB n’est pas nécessairement une croissance réelle. C’est juste une dépense. Elle ne dit rien de la qualité des dépenses ou si, en termes réels, les personnes qui dépensent l’argent sont matériellement mieux loties qu’elles ne l’étaient à un moment donné.
Ce qui n’est pas mesuré par le PIB, c’est la VALEUR. La valeur est ce que nous recherchons, la capacité de planifier plus loin dans le futur, en utilisant notre ingéniosité pour trouver de meilleures souricières à construire et des moyens plus efficaces, et oui durables, de déployer un capital et un temps limités.
Lorsque vous disposez d’un système monétaire et d’un régime réglementaire conçus pour contrecarrer cela et arrêter la croissance, vous obtenez le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Cette croissance infinie est une mesure subjective, non objective, …. non pas en termes de PIB mais en termes de « soulagement de la misère humaine ».
Davos ne veut absolument pas de cela parce qu’un monde où tous obtiennent la valeur maximale de leur temps est un monde sans eux.
Vous savez maintenant pourquoi l’UE aspire la sueur des couilles d’un homme mort et dont les idées devraient être rejetées entièrement et de toutes les manières imaginables.
Monopsone contrarié
Davos et l’UE s’engagent dans des tentatives toujours plus chimériques pour imposer un monopsone sur les exportations russes. Gazprombank est maintenant assise sur une pile d’euros, de dollars, de yens, etc. dont elle n’a pas l’intention de couvrir le risque. Elle n’a pas besoin de couvrir ce risque parce qu’elle ne peut pas vraiment utiliser ces euros, ces dollars, ces yens, etc. pour quoi que ce soit, puisque ces banques n’ont pas le droit de faire des affaires avec elle. Ainsi, Gazprombank les vendra à qui veut.
Quand je regarde autour du monde, maintenant que la FED draine le monde des dollars américains, qui a besoin de ces devises « hostiles » ?
Les pays qui ont contracté des milliers de milliards de prêts libellés dans ces devises, y compris la Russie elle-même. Ainsi, Gazprombank peut effectuer des paiements de prêt ou même appeler leurs prêts en cours dans ces devises et les retirer des livres.
L’autre option consiste à les transformer en devises dont la Russie a encore besoin pour régler ses échanges. Le plus évident ici est la Turquie. Récemment, Zerohedge a publié un article sur le dernier rebondissement de l’Erdonomics (l’idée du président Recep Tayyip Erdogan) :
Bloomberg rapporte que la Turquie travaille sur un plan visant à attirer les entrées de devises fortes en offrant un financement en lires, sans intérêt et avec un rendement « garanti » de 4% en dollars, aux investisseurs étrangers désireux de garer leur argent pendant au moins deux ans. Inutile de le dire, mais chaque fois que la Turquie « garantit » quoi que ce soit, courez.
Selon le plan, la banque centrale fournirait des liquidités en lires aux étrangers pour investir dans des obligations locales d’une durée d’au moins deux ans, selon une personne ayant une connaissance directe des délibérations. En plus d’étendre les swaps à rendement zéro, l’autorité monétaire garantirait également un rendement de 4% en dollars à l’échéance des titres, a déclaré la personne.
Traduction : s’il vous plaît donnez-nous vos dollars et nous promettons de bien en prendre soin et même de vous donner un rendement beaucoup plus élevé que ce que vous pouvez gagner (pour l’instant) aux États-Unis.
Non. En fait, la vraie traduction est la suivante :
Gazprombank peut blanchir des euros et des dollars en Turquie et obtenir une lire à 4% pour aider la Turquie à dénouer son exposition à l’USD et à rembourser ses déficits de capitaux étrangers. Tweet ici.
Il crée également un moyen d’ajuster ce taux de paiement en fonction des changements sur le marché. Où d’autre pouvez-vous obtenir des dollars de 2 ans en payant 4% en ce moment ? Certainement pas sur les marchés de la dette d’entreprise ou du Trésor américain.
Et de cette façon, Gazprombank s’assure que la Turquie reste solvable en stationnant une partie de son excédent commercial à l’étranger dans un partenaire énergétique stratégiquement important, qui transporte également le gaz vers l’Europe, ce qui aidera à briser l’UE politiquement sur le paiement du gaz avec des roubles en premier lieu, c’est-à-dire l’Allemagne, la Hongrie, l’Autriche, la Bulgarie … ! C’est beau quand on y pense.
Encore une fois, c’est pourquoi Cruella der Leyen est si furieuse et pourquoi l’UE essaie d’empêcher que cela ne se produise.
Un DTS d’un autre pays
Le DTS de l’UEEA que Sergei Glazyev propose est alors la monnaie régionale pour lier tout le monde et construire un nouveau bloc commercial.
Rappelez-vous, l’UEEA est ce que l’UE était censée être, une union simple avec des règles commerciales équitables entre les membres. Contrairement à l’euro qui a superposé la note de crédit de l’Allemagne sur l’ensemble du continent, créant une sorte de mercantilisme interne au profit de l’Allemagne, Glazyev propose d’utiliser un panier de matières premières comme taux de change pour la monnaie commune.
C’est beaucoup plus juste et cela permettra aux producteurs de produits de base d’être payés correctement pour leurs exportations et aux économies à valeur ajoutée de payer leurs coûts réels de production.
L’Allemagne l’a fait pour les pays PIIGS et la Grèce en particulier pendant des années, exploitant à ciel ouvert le pays en paiement de sa restructuration de la dette « nécessaire ». Quelqu’un pense-t-il qu’avec un apologiste de la Wehrmacht allemande sous Rommel à la tête de la Commission européenne mis là par une autre Allemande d’origine douteuse (Her Schwab) va changer matériellement cette politique maintenant ?
Je vous invite à chercher le mot naïf dans le dictionnaire, puis à le tenir à côté de votre visage dans le miroir.
Pas étonnant que Bloomberg ait « enterré le lede » dans son article sur les nouvelles sanctions que j’ai liées ci-dessus, citant l’opposition grecque et chypriote à ce système aux expéditeurs en faillite, où tous opèrent à partir de :
La Grèce, Chypre et Malte ont soulevé des questions sur l’interdiction et sur la question de savoir si elle aiderait l’Europe à atteindre ses objectifs sans nuire aux entreprises européennes, selon deux diplomates proches du dossier. La Grèce et Chypre ont de grandes industries maritimes tandis que Malte est un état dit du pavillon, où les entreprises peuvent enregistrer leurs navires à des fins de propriété.
C’est aussi la raison pour laquelle la Slovaquie et la République tchèque se sont jointes à la Hongrie et à la Bulgarie (qui obtiennent du gaz de Turkstream 2) pour s’opposer à l’interdiction du pétrole russe. L’oléoduc Druzhba est le seul moyen pour eux d’importer du pétrole, en tant que pays enclavés.
C’est également la raison pour laquelle l’UE exerce une telle pression sur la Serbie, car la ligne ferroviaire qui dessert ces pays depuis le port grec de Thessalonique passe par Belgrade
L’UE s’engage à fond dans ce plan d’action, tout en sachant parfaitement quels en seront les effets potentiels. Quand vous mettez tout cela ensemble, ils n’ont presque pas le choix s’ils veulent « gagner ».
Comme toujours, l’Allemagne mène ses partenaires d’Europe du Nord dans une politique visant à mettre en faillite les petits pays du Pacte de Varsovie tout en essayant d’isoler la Grèce, qui est maintenant une destination d’importation clé pour ces mêmes pays.
Le nouveau Reich est le même que l’ancien, surtout si l’on se penche sur les documents de Pfizer. Seulement, cette fois, il est alimenté par la machine de guerre américaine.
Les dirigeants de l’UE et Davos comprennent que leur emprise sur ces pays est finalement ténue. Les populations de nombre d’entre eux sont celles qui sont directement touchées par le divorce souhaité avec la Russie. Il s’agit d’une politique et d’un plan conçus pour les contraindre à la soumission et les maintenir à terre, justifiant ainsi aux pays centraux qu’ils ne sont que des parasites et des voleurs de la gloire des pays les plus forts.
Cet embargo contre l’énergie russe ne vise pas seulement à punir la Russie pour avoir eu la témérité de défendre ses intérêts et sa souveraineté, mais aussi à détruire toute échappatoire potentielle, grâce au progrès économique et à l’énergie russe bon marché, pour ces pays dont ils ont juré à Eltsine qu’ils ne bougeraient jamais d’un pouce il y a trente ans..
Source : ZeroHedge