LE FMI PROFITE DE LA PANDÉMIE POUR ENDETTER 81 PAYS !

FMI, austérité et coronavirus

FMI, le cancer des nations

L’énorme bouleversement économique causé par la pandémie du Covid-19 offre une occasion unique de modifier fondamentalement la structure des sociétés. Le Fonds monétaire international (FMI) profite des bouleversements actuels pour continuer de mettre en œuvre des mesures d’austérité quasi perpétuelles à travers le monde. Ceci alors que l’institution avoue depuis des années que ses politiques ne fonctionnent pas !

Alors qu’il est le principal promoteur des mesures d’austérité néolibérales à travers le monde depuis des décennies, le Fonds a effectivement discrètement admis en 2016 que le néolibéralisme (et donc ses propres programmes « d’ajustement structurel ») est globalement surcoté et inefficace. Il aggrave même généralement des problèmes tels que la pauvreté, le développement économique et les inégalités sociales. 

Le FMI n’a même pas réussi à apporter la croissance économique promise dans les pays cobayes qui était censée contrer tous ces effets négatifs. Ses propres rapports résument ses expériences en Amérique latine comme « douloureuse et sans gain ». Le constat a été fait il y a… bientôt 20 ans ! Et pourtant, comme nous allons le voir, ils persistent dans l’erreur. 


Étude de cas concret du FMI en Équateur pendant le coronavirus

L’Équateur est un parfait exemple des conséquences des actions du FMI. Dirigé par l’administration très axée à gauche du président Rafael Correa jusqu’en 2017, ce personnage a fait de la réduction de la pauvreté une priorité. Il a d’ailleurs réussi à très fortement la réduire, ce qui ne veut pas forcément dire qu’il a eu une gestion du pays exemplaire, mais il a au moins le mérite d’avoir réussi à tenir ce pari, forcément au détriment d’autres. En tout cas, Correa a eu l’audace de condamner le FMI et sa jumelle, la Banque mondiale, et a donné l’asile au dissident occidental Julian Assange quand personne n’en voulait.

Le pays est dorénavant dirigé par Lénine Moreno depuis 2017, mais ne vous fiez pas à son prénom. Moreno a immédiatement commencé à défaire l’héritage socialiste de son prédécesseur et a même essayé de le poursuivre en justice. En 2019, sur ordre du FMI, le nouveau dirigeant a réduit le budget de la santé du pays de 36% en échange d’un prêt de 4,2 milliards de dollars. Cette mesure très contestée a provoqué des manifestations massives à l’échelle nationale  qui ont même menacé de faire dérailler complètement son administration.

Et donc en période de Covid-19, vous pensez que les politiques néolibérales de Moreno et du FMI ont brillé par leur succès ? Poser la question c’est y répondre. Les résultats ont évidemment été catastrophiques. En effet, la plus grande ville du pays, Guayaquil, est devenue le point chaud mondial du coronavirus, avec des corps en décomposition stagnant dans les rues pendant des jours !

Si la santé n’a pas de prix, évidemment que les services sont débordés quand ils font face à des coupes budgétaires. Toute ressemblance avec l’Hexagone est totalement fortuite. Guayaquil a subi plus de morts que Paris à son apogée et avec beaucoup moins d’infrastructures pour faire face au problème. Alors que le nombre officiel de cas dans le pays est faible, le taux de mortalité a été parmi les plus élevés au monde.

Voici donc un résultat concret et récent des politiques délétères du FMI pour léser les pays les plus faibles.

Et vous n’imaginez pas la meilleure : plus tôt ce mois-ci, le président Moreno a annoncé  un nouvel accord de 6,5 milliards de dollars avec le FMI, qui a conseillé à son gouvernement de revenir sur les augmentations d’urgence des dépenses de santé, d’arrêter les transferts de fonds en espèces à ceux qui ne peuvent pas travailler en raison du virus et de réduire les subventions sur le carburant pour les pauvres. Tout un programme.

Et certains universitaires et journalistes se demandent encore pourquoi Donald Trump remet en question les institutions internationales (OMC, OTAN, etc.). Je leur donne une piste : c’est parce qu’elles nuisent et asservissent les nations illégitimement, tout simplement.

Vous reprendrez bien un peu de dettes ?

L’Équateur n’est qu’un cas parmi tant d’autres. Ce sont pas moins de 76 des 91 prêts que le FMI a négociés avec 81 pays pour un montant total de 280 milliards de dollars depuis le début de la pandémie de couillonavirus.

En général, ces emprunts s’accompagnent d’exigences de réductions profondes des services publics et de politiques qui profitent aux (grandes) entreprises (multinationales) plutôt qu’à la majorité de la population. Je parle ici de coupes importantes dans les services publics, les retraites et d’autres acquis sociaux généralement utiles. Des mesures qui entraîneront sans aucun doute des privatisations, des gels ou des réductions des salaires, le licenciement de travailleurs du secteur public comme le personnel soignant, les enseignants, les pompiers…

Le constat est simple. Le FMI a l’outrecuidance de « tirer la sonnette d’alarme au sujet d’un pic massif des inégalités à la suite de la pandémie », alors que dans le même temps, il incite les pays à payer les dépenses liées à la pandémie en procédant à des coupes d’austérité qui alimenteront en boule de neige la pauvreté et les inégalités.

L’organisation internationale Oxfam a identifié au moins 14 pays qui, selon elle, gèleront ou réduiront prochainement les salaires et les emplois du secteur public. La Tunisie, par exemple, ne compte que 13 médecins pour 10 000 habitants. Toute réduction de son système de santé déjà peu fourni paralyserait le pays dans cette période de panique pandémique.

Le FMI est bien entendu une instance politisée qui ne tolèrera pas les insoumis au mondialisme financier, surtout s’ils sont pauvres. L’institution interfère par exemple directement avec la politique interne de nations souveraines. En mars, elle a refusé  de prêter au gouvernement vénézuélien (le hasard probablement) en raison du « manque de clarté » des responsables à la tête du pays. Le Fonds suggère probablement que le président Nicolas Maduro, élu démocratiquement, devrait démissionner avant d’envisager de prêter au pays !

Je suis certain que le président autoproclamé Juan Guaido, soutenu par les pays de l’axe atlantiste, saurait parfaitement monter un dossier de financement béton pour le FMI ! Je finis à peine d’écrire cette phrase que je découvre que l’homme de l’axe atlantiste avait annoncé qu’il avait obtenu un engagement de 1,2 milliard de dollars de prêts du Fonds à la condition que Maduro démissionne et permette à un « gouvernement d’urgence » de prendre le contrôle du pays. Guaido, très zélé, avait notamment lui-même fait appel au FMI dès mars dernier pour obtenir des financements pour lutter contre le Covid-19.


​FMI et OMS même combat

Le président de la Biélorussie a refusé des prêts du FMI pour que son pays instaure en échange les mesures officielles contre la pandémie : assignation à résidence, masque obligatoire, surveillance généralisée, vaccin ARN à venir, etc. Certains pays ayant accepté la dictature sanitaire mondiale ont-ils reçu de l’argent du FMI ? Le FMI et la Banque mondiale ont contesté ces accusations.

La pandémie reste l’occasion rêver de concentrer et endurcir les pouvoirs nationaux et internationaux tant du point de vue public que privé : il n’y a jamais autant d’opportunité qu’en cas de crise. Mais rassurez-vous, début octobre, le FMI était « un peu moins pessimiste sur la récession mondiale » !

Nous voilà rassurés.

Franck Pengam

Géopolitique et guerre de l'or

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