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LES RÉSERVES D’HYDROCARBURE DE GAZA, UN ENJEU STRATÉGIQUE ?

Les réserves d'hydrocarbure de Gaza pourraient avoir une importance stratégique dans l'opération 'Épées de fer' menée par Israël.

Le samedi 7 octobre 2023, le groupe terroriste palestinien du Hamas déclenche l’opération « Déluge d’al-Aqsa » : les attaquants bombardent, assassinent et prennent en otage des civils israéliens (près de 200 otages recensés le 16 octobre), causant 1400 morts du côté israélien.

En réaction, le gouvernement de Benyamin Netanyahu déclenche l’opération « Épées de fer », laquelle comprend des bombardements aériens, le « blocus complet » de la bande de Gaza et des opérations au sol à partir du 13 octobre.

Le bilan provisoire de la riposte au 15 octobre est de 2670 morts côté palestinien selon le ministère palestinien de la Santé du Hamas ; la riposte israélienne se traduit également par le déplacement vers le sud de Gaza d’un million de civils palestiniens.

En effet, le 13 octobre, l’armée israélienne a exigé l’évacuation des habitants du nord de Gaza dans les 24h.

L’enjeu principal de l’offensive israélienne est bien sûr et avant tout sécuritaire, avec la volonté affichée par l’exécutif israélien de détruire le Hamas. Pour autant, la mainmise d’Israël sur le nord de Gaza peut également correspondre à des intérêts énergétiques.

En effet, le territoire palestinien est riche d’importantes réserves d’hydrocarbure : au large des côtes de Gaza se trouvent deux gisements appartenant à la Zone Economique Exclusive (ZEE) de Gaza.

Texte RS :

La découverte des gisements

Il faut plonger 600 mètres sous le niveau de la mer, à trente kilomètres au large des côtes de Gaza. Ici, dans les eaux territoriales palestiniennes, se trouve un important gisement de gaz naturel, Gaza Marine, estimé à 36 milliards de mètres cubes et d’une valeur de plusieurs milliards de dollars.

« D’autres gisements de gaz et pétrole, selon une carte établie par la U.S. Geological Survey (agence gouvernementale étasunienne), se trouvent en terre ferme à Gaza et en Cisjordanie. »

Découvert en 1999 dans les eaux territoriales palestiniennes, situé à environ 36 km du littoral, un gisement gazier a été baptisé Gaza Marine 1 et contient 33 milliards de mètres cubes de gaz naturel selon les estimations.

Le second gisement, situé dans le secteur de la frontière maritime entre Gaza et Israël, a été nommé Gaza Marine 2 et renferme 3 milliards de mètres cubes supplémentaires d’après l’article de Middle East Eye.

Pour l’Autorité palestinienne, ces gisements pourraient représenter “un revenu annuel compris entre 700 et 800 millions de dollars”, soit un total de 7 à 8 milliards de dollars en dix ans.

Indépendance énergétique toujours refusée par Israël

Cette même année, Yasser Arafat signe un accord stipulant que l’Autorité palestinienne confie l’exploitation de Gaza Marine à un consortium formé de British Group et Consolidated Contractors (compagnie privée palestinienne), avec respectivement 60 % et 30 % des actions, et dont le Fonds d’investissement de l’Autorité palestinienne détient 10 %.

Deux puits sont creusés, Gaza Marine 1 et Gaza Marine 2. Ces 2 puits constituent une étape importante pour l’indépendance énergétique des Palestiniens.

Cependant, en novembre 1999, alors que le contrat est prévu pour 25 ans portant sur la prospection et le développement de gisements gaziers, BG Group se retire du contrat et le confie à Shell, qui se retire également du contrat en 2018 en raison de divers contentieux.

C’est ensuite au tour de Tony Blair, ancien premier ministre britannique, de proposer un accord avec Israël qui enlève aux Palestiniens les trois quarts des futurs revenus du gaz, en versant la part qui leur revient sur un compte international contrôlé par Washington et Londres.

Toutefois, après sa victoire aux élections de 2006, le Hamas refuse l’accord, en le qualifiant de vol, et demande sa renégociation. En septembre 2012, l’Autorité palestinienne annonce que, malgré l’opposition du Hamas, elle a repris les négociations sur le gaz avec Israël.

Le 23 janvier 2014, le président palestinien Mahmoud Abbas envisage, avec le président russe Vladimir Poutine, de confier au russe Gazprom l’exploitation du gisement de gaz dans les eaux de Gaza. Mais cet accord tombera également à l’eau en raison de la reprise de la guerre et de l’insistance du gouvernement israélien pour empêcher toute autonomie énergétique à la Palestine.

Néanmoins, en mai 2023, des pourparlers avaient été établis entre Israël, l’Autorité palestinienne et l’Égypte qui jouait le rôle de médiateur.

En effet, Israël refusant catégoriquement que l’Autorité palestinienne exploite Gaza Marine « il était question qu’une société égyptienne chapeaute le projet en distribuant 55 % des bénéfices à l’Autorité palestinienne et 45 % à la compagnie égyptienne », mais les parties ne sont finalement pas arrivées à un accord.

Ces ressources gazières pourraient expliquer pour une part pourquoi Benyamin Netanyahou exige l’évacuation des civils de Gaza, car si jamais le gouvernement israélien décidait de rayer Gaza de la carte, il s’assurerait dans le même temps le contrôle total des gisements Marine 1 et 2.

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Jean-Charles Moubacher, rédacteur pour Géopolitique Prodonde

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