Le 21 mars à 7h, Marc-Gabriel Draghi, Thierry Meyssan et Jean-Michel Jacquemin-Raffestin sont les invités de La Matinale animée par Nicolas Stoquer et Raphaël Besliu en direct sur Géopolitique Profonde.
Marc Gabriel Draghi est un juriste français spécialisé dans l’histoire du droit. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la question monétaire et l’histoire du capitalisme, dont « Le règne des marchands du temple », « Le grand reset en marche ! » et « La Grande Narration : Vers la mort des Nations ». Il dénonce les dangers du projet du Forum économique mondial, qu’il considère comme une tentative de soumettre l’humanité à une élite mondialiste.
Thierry Meyssan est un écrivain et journaliste français, connu pour ses positions controversées sur les attentats du 11 septembre 2001. Président-fondateur du Réseau Voltaire, il a acquis une notoriété internationale avec la publication de “L’Effroyable Imposture”, ouvrage dans lequel il remet en question la version officielle des événements de 9/11.
Jean-Michel Jacquemin Raffestin est un essayiste et analyste réputé, spécialisé dans les enjeux de société et de géopolitique, connu pour son style incisif et sans concession. Dans son dernier ouvrage, Ne leur pardonnez pas, ils savent ce qu’ils font – Volume 3, il poursuit sa critique des élites et des structures de pouvoir, dénonçant les manipulations et les dérives politiques qui influencent et dirigent les décisions de nos sociétés contemporaines.
La dédollarisation, une menace existentielle pour les États-Unis
Le dollar a longtemps été l’arme absolue des États-Unis, leur permettant d’imposer des sanctions et de maintenir leur domination financière. Pourtant, cette suprématie s’effrite. Les sanctions contre l’Iran et la Russie ont poussé de nombreux pays à diversifier leurs échanges monétaires. La Chine et l’Arabie saoudite réduisent leurs réserves en dollars et favorisent le yuan ou l’or, tandis que les BRICS développent un système de paiement alternatif.
Cette dédollarisation progressive est une catastrophe pour Washington. L’économie américaine repose sur l’émission massive de dette financée par l’étranger. Or, aujourd’hui, seuls 30 % des 34 000 milliards de dollars de dette publique sont détenus par des créanciers étrangers. Si la Chine ou l’Arabie saoudite décidaient d’exiger des remboursements massifs, le système s’effondrerait, entraînant une crise mondiale comparable à celle de 1929.
Face à cette menace, Trump adopte une posture agressive. Derrière ses discours protectionnistes, ses guerres commerciales visent avant tout à ralentir la fuite des capitaux et à forcer les alliés des États-Unis à continuer de jouer le jeu du dollar. Mais cette stratégie ne peut être qu’un sursis.
Un Empire en déclin, un président en gestion de crise
Trump pourrait bien être le dernier à tenter de maintenir l’illusion d’un Empire américain en pleine forme, à l’image de Gorbatchev face à l’implosion soviétique. Loin de la rhétorique de Biden sur une « économie florissante », la réalité est que les États-Unis doivent gérer un déclin inévitable.
Les signes de cette implosion sont visibles. L’endettement explose, la production industrielle stagne et les alliances se fissurent. Les États-Unis ne peuvent plus se permettre de financer indéfiniment leur déficit commercial en imprimant des dollars que le reste du monde refuse de plus en plus d’accepter. D’où le retour en force du protectionnisme, la tentative de relocalisation industrielle et les pressions sur les alliés européens pour qu’ils restent dans le giron américain.
Mais l’histoire est implacable. Comme l’URSS à la fin des années 1980, l’Amérique est prise au piège d’une dette qu’elle ne pourra jamais rembourser et d’un système impérial trop coûteux à entretenir. Trump cherche-t-il à négocier une transition en douceur, ou joue-t-il simplement la montre avant un effondrement brutal ?
L’Europe et la France : spectateurs ou complices ?
Face à cette implosion programmée, l’Europe se retrouve à un carrefour stratégique. Macron et les dirigeants européens oscillent entre soumission à Washington et velléités d’indépendance. Mais en réalité, l’Union européenne reste prisonnière du dollar et des intérêts américains.
L’Allemagne, principal moteur économique du continent, tente de diversifier ses alliances en se rapprochant de la Chine, tandis que la France joue la carte d’une diplomatie plus autonome, notamment au Moyen-Orient. Mais tant que Bruxelles suivra aveuglément les diktats américains en matière de sanctions économiques et de politique monétaire, l’Europe ne pourra pas s’émanciper.
Le conflit avec l’Iran est un révélateur de cette dépendance. Alors que Trump tente de forcer un nouvel accord sur le nucléaire en menaçant indirectement Téhéran, les Européens restent spectateurs. La question n’est plus seulement économique, mais aussi militaire : Washington, fragilisé, pourrait être tenté d’embraser la région pour masquer son déclin.
Vers un chaos géopolitique inévitable ?
L’Amérique est-elle aux abois ? Tous les indicateurs le montrent. Sa dette est incontrôlable, son hégémonie militaire contestée, son influence financière en déclin. Trump, s’il revient au pouvoir, devra gérer un empire en fin de course, comme ses prédécesseurs soviétiques avant l’effondrement de l’URSS.
L’Europe suivra-t-elle Washington dans cette chute, ou saisira-t-elle l’opportunité d’un basculement vers un monde multipolaire ? L’heure n’est plus aux illusions : l’Empire américain vit ses dernières heures.
