Le 29 novembre à 7h, Sylvain Ferreira et le Général Dominique Delawarde sont les invités de La Matinale animée par Nicolas Stoquer et Raphaël Besliu, sur Géopolitique Profonde.
Sylvain Ferreira est un historien militaire français, spécialisé dans l’art de la guerre et son évolution de 1850 à 1945. Il s’intéresse particulièrement à l’impact de l’ère industrielle sur les combattants et a contribué à plusieurs revues d’histoire militaire. Auteur et concepteur de jeux de stratégie, il a récemment publié La bataille de Marioupol : 25 février – 20 mai 2022.
Le général Dominique Delawarde, Saint-cyrien de formation, a servi dans les prestigieux chasseurs alpins et la Légion étrangère. Expert en gestion des ressources humaines, il a dirigé des officiers de liaison français aux États-Unis, où il réside régulièrement depuis son départ du service actif. Ayant participé à la crise balkanique de Sarajevo en 1994-1995, il a mené des opérations cruciales à la tête du 7e Bataillon de Chasseurs Alpins (7ème BCA Bourg-Saint-Maurice à l’époque). En tant qu’ancien chef de la « Situation-Renseignement-Guerre électronique » à l’état-major de planification opérationnelle : son expertise militaire est indiscutable.
Un monde en ébullition avant l’investiture de Trump
À quelques semaines de l’investiture de Donald Trump, la planète semble être entrée dans une phase de turbulences intenses. Les foyers de crise se multiplient, et l’on peut se demander si cette montée des tensions n’est pas orchestrée pour perturber une transition politique cruciale aux États-Unis.
Des champs de bataille de l’Ukraine aux conflits complexes du Proche-Orient, la situation mondiale s’enflamme, reflétant un affrontement sous-jacent entre les partisans de la mondialisation et ceux d’un retour aux souverainetés nationales.
Ukraine : vers une surenchère militaire ?
En Ukraine, la crise semble suivre un crescendo inquiétant. Depuis le début du conflit en 2014, le pays vit une guerre larvée qui oppose les forces pro-occidentales à celles soutenues par Moscou. Mais récemment, des affrontements plus intenses dans le Donbass, combinés à des déclarations musclées venant de l’Europe et des États-Unis, ont ravivé les tensions.
Certains pointent du doigt une possible tentative d’encerclement stratégique de la Russie, rendant tout dialogue entre Washington et Moscou de plus en plus improbable. Cette situation risque de poser un sérieux défi à la future administration Trump, qui semblait vouloir renouer un dialogue plus apaisé avec Vladimir Poutine.
Proche-Orient : une dynamique de chaos perpétuel
La Syrie, au cœur des luttes d’influence internationales, reste un théâtre de guerre active. Les combats s’intensifient autour d’Alep, où l’armée syrienne fait face à des factions armées réémergentes, parfois soutenues par des acteurs étrangers. Parallèlement, les frappes israéliennes contre des cibles liées au Hezbollah ou au régime syrien alimentent une instabilité croissante.
Cette recrudescence des violences illustre une stratégie de fragmentation qui empêche toute résolution durable du conflit. Plus globalement, le Proche-Orient s’apparente à un échiquier où les grandes puissances s’affrontent par acteurs interposés, maintenant la région dans un état de guerre permanente.
Des crises multifactorielles, un timing opportun
La simultanéité de ces tensions à travers le monde interroge. À la veille de l’entrée en fonction de Donald Trump, connu pour sa critique des interventions militaires américaines, certains observateurs y voient une manœuvre pour contraindre sa politique étrangère. En multipliant les crises, les partisans d’une approche interventionniste pourraient espérer lier les mains du futur président, l’empêchant de se détourner des engagements internationaux pour privilégier une politique plus isolationniste.
Ces stratégies d’alimenter l’instabilité mondiale chronique, fragiliser les relations entre grandes puissances, et retarder la révision des équilibres géopolitiques souhaitée par certains courants politiques américains.
Trump face à un monde déstabilisé
Dans ce contexte, la tâche qui attend la prochaine administration américaine est titanesque. Si Donald Trump espère réellement remodeler les priorités internationales des États-Unis, il devra composer avec une situation explosive qui pourrait rapidement échapper à tout contrôle.
La question reste ouverte : parviendra-t-il à imposer une vision moins interventionniste face à un environnement mondial qui semble, plus que jamais, être conçu pour maintenir un statu quo conflictuel ? Ou sera-t-il contraint de s’inscrire dans la continuité d’une politique étrangère interventionniste, malgré ses promesses de campagne ?