Le Kremlin et le chef des mercenaires Wagner ont négocié
Il y a plus d’une semaine, le chef de Wagner, Evgueni Prigojine, menaçait pour la première fois de se retirer avec ses hommes de la ville stratégique de Bakhmut, où la Russie semble proche de la victoire puisqu’elle contrôle au moins 90 % de la ville, si le ministère russe de la Défense ne fournissait pas immédiatement toutes les armes nécessaires à la poursuite de l’offensive.
M. Prigozhin, chef du groupe Wagner dans ses déclarations filmées, mettait en avant des pertes « inutiles et injustifiées » dues au manque d’approvisionnement régulier.
Il a déclaré, en faisant référence au ministre russe de la défense :
« J’en appelle à Sergei Shoigu pour lui demander de fournir immédiatement des munitions. »
« Si cela est refusé, j’estime nécessaire d’informer le commandant en chef des problèmes existants et de prendre une décision concernant la possibilité de continuer à stationner des unités dans la colonie de Bakhmut, compte tenu de la pénurie actuelle de munitions. »
– M. Prigozhin, chef du groupe Wagner.
Le vendredi 5 mai, il a continué en réduisant sa menace, fixant une date de retrait au 10 mai si les armes et les munitions nécessaires n’arrivaient pas.
Cette décision est surprenante, car il s’agissait d’un défi très direct et ouvert lancé aux hauts responsables militaires de la Russie.
Il est probable que le président Poutine lui-même ait été contraint de « décider » qui soutenir dans la bataille : Prigozhin et ses combattants Wagner en première ligne, ou la chaîne de commandement habituelle.
Dans un nouvel audio posté sur Telegram dimanche 7 mai, Prigozhin a annoncé qu’il avait reçu pendant la nuit la notification qu’il recevrait toutes les munitions nécessaires.
Le Washington Post rapporte ses paroles :
« On nous a promis de nous donner des munitions et des armes autant que nous en aurons besoin pour poursuivre nos actions », a déclaré Prigozhin ajoutant, qu’on lui avait accordé le pouvoir de combattre « comme nous l’entendons ».
« La querelle interne sur les tactiques militaires à Bakhmut, dont les forces russes tentent de s’emparer depuis l’année dernière, est un point crucial dans le désaccord plus large avec le ministère de la défense de Moscou qui a joué de façon de plus en plus publique au cours des derniers mois. »
– Washington Post.
Prigozhin avait déjà menacé de quitter Bakhmut, et si cela se produisait, ce serait un coup dur pour l’avancée russe à Donetsk et pour les objectifs généraux de la guerre. Il est de plus en plus probable que ce désaccord ait déclenché des luttes intestines au sein de l’élite dans les couloirs du Kremlin.
Prigozhin a accusé à plusieurs reprises le commandement militaire régulier d’avoir trahi ses combattants en leur refusant des munitions, dans le cadre d’une querelle qui a éclaté au grand jour lors de la prise de Soledar par les Russes.
Un communiqué de Wagner avait alors déclaré la victoire sur la ville, mais n’avait pas reconnu le rôle de l’armée régulière, ce qui avait suscité la controverse.
Depuis lors, les querelles intestines se sont de plus en plus souvent étalées au grand jour et constituent sans aucun doute une source d’embarras pour l’OTAN et les alliés occidentaux.
Tout cet épisode montre que Prigozhin est un individu très puissant en ce qui concerne l’influence du Kremlin.
Il est clair qu’il a toujours l’oreille de Poutine car il est le cheval proverbial que l’on soutient alors que la lutte pour Bakhmut est dans sa phase finale.
Et ce, même après qu’il ait posté la diatribe ci-dessous, dans laquelle il cite nommément le ministre de la défense et le plus haut commandant des forces armées :
La Russie semblait s’efforcer de remporter une victoire totale à Bakhmut avant les célébrations du « Jour de la Victoire » le 9 mai, mais cela s’avérait difficile car la férocité des défenses ukrainiennes restantes ne s’est pas relâchée. Prigozhin a déclaré que la Russie tient 95% de la ville.
Source : ZeroHedge