Général Dominique Delawarde

Général Dominique Delawarde

Général Dominique Delawarde

Saint-Cyrien issu du Prytanée militaire de La Flèche, le général Dominique Delawarde s’est imposé comme l’un des analystes géostratégiques les plus suivis de sa génération en France, par le courage de ses prises de position, sa détermination et la constance de son engagement au service d’une parole indépendante.

Décédé le 11 mai 2025, le Général Delawarde laisse un vide certain au sein de la mouvance dissidente, où sa voix singulière et critique continuera de résonner longtemps.

Ancien officier supérieur ayant exercé d’importantes responsabilités dans des contextes opérationnels sensibles, il a su prolonger son engagement au service de la réflexion stratégique à travers une activité soutenue de publication et de commentaire, notamment au sein de la Revue Mensuelle de Géopolitique Profonde et chroniqueur permanent de La Matinale de GPTV.

Son approche critique des rapports de force internationaux, sa connaissance approfondie des conflits contemporains, ses prises de position en faveur d’un ordre mondial multipolaire, en écho aux orientations des BRICS et sa remise en question de la domination occidentale, notamment américano-sioniste, ont marqué ses analyses et interventions, principalement relayées par des médias indépendants et alternatifs tels que GPTV.

Le Général était intervenu une dernière fois dans La Matinale de GPTV, une semaine avant sa disparition :

Biographie

Né au milieu au milieu du XXe siècle, Dominique Delawarde forge très tôt sa vocation militaire. Son parcours académique marqué par une formation d’excellence et un engagement précoce au service de la France, le mène successivement au Prytanée national militaire (1970-1972) puis à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (promotion 1974). Cette formation d’excellence le prépare à des responsabilités opérationnelles majeures.

Carrière militaire

Le général Delawarde a porté l’uniforme de Septembre 1959 à Mars 2005. Sa carrière au sein de l’armée française s’est principalement déroulée dans les unités d’élite.

Il a servi plus de 8 ans hors de l’hexagone : 3 ans aux États Unis, 2 ans en Amérique du Sud, 2 ans au Proche Orient dans le cadre de l’ONU, plus d’un an dans les Balkans dans les cadres de l’ONU et de l’OTAN et plus de six mois au Moyen- Orient (Émirats, Qatar, Koweït).

  • Commandement opérationnel (1974-2000)
    Sa carrière débute dans les chasseurs alpins avant d’intégrer la Légion étrangère. En 1994, il prend la tête du 7e bataillon de chasseurs alpins déployé à Sarajevo. Durant l’hiver 1994-1995, ses hommes sécurisent le mont Igman, dernier axe d’approvisionnement de la capitale bosniaque assiégée.
  • Hautes fonctions stratégiques (2000-2010)
    Promu général, il dirige le Bureau « Situation-Renseignement-Guerre électronique » à l’État-major interarmées. Cette période le voit développer une expertise reconnue en intelligence stratégique et guerre électronique.
  • Son expérience la plus marquante fut le commandement du 7e bataillon de chasseurs alpins à Sarajevo durant l’hiver 1994-1995, au plus fort de la crise balkanique, lui conférant une expertise particulière en matière de conflits internationaux.

Engagements et contributions

Après sa retraite militaire dans les années 2010, le général Delawarde s’était engagé dans l’analyse et le commentaire de l’actualité internationale, développant ses positions favorables à la Russie et à l’émergence d’un monde multipolaire, et critiques envers les politiques occidentales.

Production intellectuelle

Préfacier de l’ouvrage Les raisons cachées du désordre mondial (Valérie Bugault, 2019), le Général Delawarde y analyse le déclin des puissances occidentales face à l’émergence des BRICS et les transformations géopolitiques post-guerre froide.

L’ouvrage de Valérie Bugault dénonce la mainmise des élites financières de la City sur les États, remplaçant le politique par l’économique, et propose des réformes monétaires et juridiques pour restaurer la souveraineté nationale, en soulignant la nécessité d’un nouvel ordre géopolitique multipolaire.

Signataire de la tribune des généraux 

En avril 2021, Dominique Delawarde cosigne dans Valeurs Actuelles une tribune alarmiste intitulée « Pour un retour de l’honneur de nos gouvernants ». Ce texte, signé par vingt généraux retraités et rapidement surnommé « tribune des généraux », dénonce le « délitement » de la France, critiquant l’« antiracisme communautariste », les « hordes de banlieue » et l’« islamisme », tout en évoquant un risque de « guerre civile ».

Les signataires proposent leur soutien aux politiques défendant « la sauvegarde de la nation ».

La ministre des Armées Florence Parly condamne cette politisation « irresponsable », tandis que des sanctions disciplinaires sont envisagées contre les militaires encore en activité. Cette tribune renforce les liens de Delawarde avec les cercles souverainistes français.

Participation de Dominique Delawarde comme observateur électoral en Russie (2024)

Dans un contexte d’exclusion des observateurs de l’OSCE, la Russie a invité 1 115 observateurs de 129 pays.

Delawarde a intégré une délégation internationale, observant le processus électoral à Moscou et dans la région de Vladimir, accompagné notamment du fondateur de Géopolitique Profonde, Franck Pengam.

Il a salué la transparence du scrutin, contrastant avec les critiques d’ONG indépendantes. Sa participation a alimenté le débat sur la légitimité des élections russes, reflétant les tensions entre souveraineté nationale et standards démocratiques internationaux.

« J’ai passé à peu près deux ans là-bas [en Israël] et je le dis tout net : Je suis arrivé pro-israélien parce qu’on avait été bercé par Exodus, par tous ces films-là, je suis reparti, avec l’ensemble de mon bataillon et avec tous les autres bataillons, il y avait huit bataillons de huit nationalités étrangères, il n’y en a pas un qui repartait de là en étant favorable à Israël, ce n’était pas possible »

Général Dominique Delawarde, Nouvelle Aube, 14 Novembre 2023

Interventions médiatiques

En juin 2021, une intervention du Général Delawarde sur CNews déclenche un scandale médiatique.

Lors de cette émission animée par Jean-Marc Morandini, le Général fait des allusions à une « communauté » qui contrôlerait les médias, des propos immédiatement qualifiés d’antisémites, qui déclenchent l’ouverture d’une enquête par le parquet de Paris pour « provocation à la haine raciale ».

Les réactions virulentes dans les médias et sur les réseaux sociaux conduisent à son éviction des plateaux des médias mainstream.

Cette intervention est depuis reprise sur internet principalement sous forme de mèmes.

Disparition et hommage au Général Delawarde

Sylvain Ferreira et Claude Janvier étaient présents dans La Matinale du 15 Mai 2025, pour rendre hommage au général Dominique Delawarde :

La disparition brutale du général Dominique Delawarde le 11 Mai 2025, clôt le parcours d’une figure qui aura incarné, jusqu’à son dernier souffle, la dissidence dans le débat stratégique français.

Refusant toute concession aux discours dominants, il a fait de la dénonciation de la suprématie occidentale, de la critique de l’OTAN et du soutien public à la Russie et à la Syrie des axes majeurs de ses interventions, n’hésitant pas à s’opposer frontalement à la ligne officielle de la diplomatie française et à défendre une lecture multipolaire des relations internationales.

Son engagement pour la souveraineté nationale s’est doublé d’une remise en cause virulente de l’influence américaine et israélienne, notamment dans ses analyses sur les conflits du Proche-Orient, la guerre en Ukraine ou la gestion médiatique des crises récentes.

Signataire de la lettre des généraux en 2021, il a alerté sur les risques de fragmentation sociale et d’effritement de l’autorité de l’État, s’exposant à la marginalisation et à la polémique, notamment après ses propos sur les médias, qui lui valurent des poursuites judiciaires.

À travers ses écrits, ses prises de position tranchées et son refus de toute forme de censure, Dominique Delawarde a incarné une parole libre, toujours assumée, qui a marqué durablement le paysage intellectuel et géopolitique français.