Historienne et conférencière, Marion Sigaut s’est illustrée par ses recherches consacrées au XVIIIᵉ siècle. Son travail met en exergue la façon dont l’émergence du monde bourgeois et libéral, portée par les philosophes, a bouleversé les équilibres traditionnels de la société d’Ancien Régime. Elle analyse comment ces transformations idéologiques du XVIIIᵉ siècle trouvent un écho dans les mutations contemporaines ayant favorisé l’apparition de nouvelles conceptions des droits sexuels, au détriment des structures traditionnelles de protection de l’enfance et de la famille.
Intellectuelle au parcours atypique, Marion Sigaut débute dans le militantisme de gauche, séjourne en Israël, s’engage pour la cause palestinienne, puis opère un tournant vers la défense des valeurs traditionnelles et religieuses.
Collaboratrice de la revue Géopolitique Profonde et intervenante sur GPTV, elle éclaire, à travers ses articles et conférences, les mécanismes de pouvoir et les mutations de la société, tout en interrogeant les récits dominants et les dérives idéologiques de notre temps
Biographie
Née le 2 juin 1950 à Paris, Marion Sigaut grandit à Clamart dans une famille de tradition catholique, intellectuelle, marquée par la rigueur éducative, notamment au sein d’un internat de jeunes filles.
Cette éducation stricte et un rapport complexe entretenu avec son père, relaté dans son ouvrage Le Petit Coco, constituent des éléments fondateurs de sa trajectoire intellectuelle et personnelle.
Ce contexte, la conduit à s’opposer violemment à l’autorité paternelle, à quitter le domicile familial et à remettre en question les valeurs chrétiennes héritées. Elle s’ouvre alors aux idéaux de la contestation, particulièrement lors des événements de Mai 68, qu’elle traverse à l’âge de dix-huit ans, et s’engage dans une démarche d’émancipation et de quête identitaire, marquée par une volonté de vivre pleinement les utopies de son temps.
Jeunesse, voyages en Israël et kibboutz
Marion Sigaut rejoint le Mouvement de Libération des Femmes (MLF) et s’immerge dans les milieux gauchistes et trotskistes des années 1970 et 1980.
Non juive, mais attirée par l’idéal communiste du kibboutz, elle entreprend un premier voyage en Israël, en 1971, à l’âge de 21 ans.
Affectée à Tel Nir, près de la frontière libanaise, elle vit une expérience communautaire intense, apprenant l’hébreu et s’immergeant dans un environnement fraternel mais spartiate. Son amour pour Yaïr, un résident du kibboutz, bien que non réciproque, marque cette période, ajoutant une dimension émotionnelle à son séjour. Cette expérience, relatée dans Les Deux Cœurs du monde : du kibboutz à l’Intifada (1991), forge sa sensibilité aux injustices sociales.
Elle multiplie les séjours sur place, sur une vingtaine d’années et découvre progressivement la réalité du conflit israélo-palestinien, qui l’amène à s’interroger sur les dérives de l’idéalisme communautaire et à s’engager pour la cause palestinienne.
Cette période de sa vie, où elle oscille entre engagement révolutionnaire, quête idéologique et spirituelle, se caractérise par une démarche autodidacte et une volonté de s’extraire des cadres institutionnels traditionnels.
Virage idéologique, formation et parcours professionnel
Tout en poursuivant ses recherches et ses voyages, Marion Sigaut exerce diverses fonctions dans le secteur de l’édition et de la presse, occupant notamment des postes de secrétaire. Parallèlement à cette activité professionnelle, elle développe une production littéraire et journalistique soutenue, publiant des récits autobiographiques ainsi que des reportages consacrés à Israël, à la Palestine et à l’Afrique du Sud.
Dans les années 1990, alors que la gauche s’effrite, Marion Sigaut opère un virage idéologique et se rapproche de la droite catholique.
Ce repositionnement est suivi d’une reprise d’études tardive : en 2001, elle s’inscrit à l’université Paris-Diderot afin de se doter d’une légitimité académique et d’approfondir ses recherches historiques.
Elle obtient en 2005 un diplôme de troisième cycle (DEA) sous la direction de Florence Gauthier, avec un mémoire, Les enfants de l’Hôpital de France au XVIIIe siècle, explorant les abus de l’Hôpital général de Paris. Ce retour tardif aux études, reflète sa détermination à éclairer les vérités historiques occultées et pose les bases de son œuvre majeure, La Marche rouge.
Dès lors, Marion Sigaut se spécialise dans l’étude de la France du XVIIIe siècle, en particulier sous le règne de Louis XV.
Ses recherches portent sur les institutions de l’enfermement, les affaires d’enlèvements d’enfants et les pratiques sociales de l’époque.
Son ouvrage La Marche rouge : les enfants perdus de l’Hôpital général (2008) met en lumière les dérives de l’Hôpital général de Paris et les scandales liés à la disparition d’enfants pauvres, sur fond de révolte parentale et de trafic pédocriminel.
Elle s’intéresse également à la critique des Lumières, notamment à travers des pamphlets contre Voltaire et l’analyse du plan d’éducation de Lepeletier de Saint-Fargeau, qu’elle décrit comme un programme totalitaire d’exploitation infantile.
Bibliographie autobiographique et consacrée au XVIIIe Siècle
L’œuvre prolifique de Marion Sigaut se compose d’essais historiques, de témoignages autobiographiques et d’analyses politico-idéologiques, articulés autour de deux axes majeurs : l’étude du XVIIIe siècle, des Lumières et de la Révolution française, qu’elle explore à travers les institutions, les enjeux sociaux et les figures du règne de Louis XV, et la critique des idéologies sexuelles déviantes contemporaines, dont elle interroge les fondements et les conséquences sur l’enfance et la famille.
- Le Petit Coco (1989)
Récit autobiographique relatant son enfance à Clamart et ses premières révoltes, Le Petit Coco relate le conflit familial avec son père et la rupture avec les valeurs chrétiennes à l’occasion de Mai 68. Ce premier ouvrage, intime et littéraire, éclaire les origines de son engagement et de sa volonté d’émancipation.
- Les Deux Cœurs du monde : du kibboutz à l’Intifada (1991, Flammarion)
Dans ce récit romancé elle retrace ses séjours en Israël, son immersion dans la vie des kibboutz et son évolution vers la solidarité avec la cause palestinienne. L’ouvrage décrit la transformation progressive de l’idéal communautaire et la prise de conscience des réalités du conflit. Écrit pendant la guerre du Golfe, il capture son désenchantement face aux tensions israélo-palestiniennes.
- Russes errants sans terre promise (1994, L’Harmattan)
Reportage sur les Juifs russes en Israël, explorant leur marginalisation, ce livre reflète son engagement humanitaire et son regard critique sur les dynamiques migratoires.
- Libres femmes de Palestine (Éditions de l’Atelier, 1996)
Enquête journalistique sur le système de santé palestinien, issue de sa collaboration avec le CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement, ONG française fondée en 1961), cet ouvrage met en lumière le rôle des femmes dans les réseaux de santé et la résistance palestinienne, à travers des portraits et des récits de terrain. Marion Sigaut y analyse les enjeux sociaux et politiques de la Palestine contemporaine. Inclus dans une bibliographie de l’Institut du monde arabe, il témoigne de son militantisme gauchiste.
- Mansour Kardosh : un juste à Nazareth (1997, Éditions de l’Atelier)
Biographie d’un militant arabe israélien, récompensée par le prix Palestine-Mahmoud Hamchari 1998, ce travail humaniste souligne son engagement pour la paix.
- La Terre promise aux Sud-Africains (1999, Éditions de l’Atelier)
Ce reportage sur les laissés-pour-compte de l’apartheid, réalisé pour le CCFD explore les luttes pour la restitution des terres, reflétant sa sensibilité aux injustices sociales.
- La Marche rouge : les enfants perdus de l’Hôpital général (2008, Jacqueline Chambon/Actes Sud)
Fruit de ses recherches universitaires, cet ouvrage est une enquête historique sur les conditions de vie à l’Hôpital général au XVIIIe siècle, les disparitions d’enfants à Paris en 1750, et les scandales étouffés par les autorités. Marion Sigaut y propose une lecture critique de l’histoire sociale de l’époque et soulève la question du trafic d’enfants. Etayé par les archives de la Salpêtrière, elle y dénonce un trafic pédocriminel couvert par les élites.
Cet ouvrage clé est reconnu par des revues spécialisées telles qu’Hérodote.
- Mourir à l’ombre des Lumières : l’énigme Damiens (2010, Actes Sud)
Dans cette analyse du procès de Damiens (1757), accusé d’avoir attaqué Louis XV, Marion Sigaut révèle un complot janséniste, remettant en question le narratif officiel des Lumières.
- Le Mystère du tableau de David (2010, Éditions de Bourgogne)
Cet essai analyse le contexte historique autour du portrait perdu de Michel Lepeletier, député girondin, peint par David en 1793. Marion Sigaut dévoile les intrigues de la Convention, critiquant le projet éducatif de Lepeletier, vu comme une tentative d’endoctrinement républicain autoritaire. Basé sur des archives d’époque, ce travail déconstruit la mythologie révolutionnaire, proposant une relecture souverainiste des luttes de pouvoir sous la Révolution française.
- La Chasse aux sorcières et l’Inquisition (2012, Kontre Kulture)
Cet ouvrage démystifie les clichés sur l’Inquisition et la chasse aux sorcières, démontrant leur instrumentalisation par les élites protestantes et laïques. À travers des archives historiques, Marion Sigaut, défend l’Église catholique et critique les récits anticléricaux. Ce travail rigoureux renforce sa relecture souverainiste de l’histoire, au service d’une vérité occultée.
- Et le monde devint chrétien (2013, Kontre Kulture)
Essai sur l’essor du christianisme sous Constantin, cet ouvrage explore son impact sur la civilisation occidentale. Sigaut défend la foi catholique comme fondement de l’identité européenne, critiquant les tentatives modernes de sécularisation. Basé sur des sources antiques, il s’adresse aux patriotes cherchant à renouer avec leurs racines spirituelles.
- De la centralisation monarchique à la révolution bourgeoise (2014, Kontre Kulture)
Cet ouvrage retrace les luttes entre monarchie et forces progressistes, du Moyen Âge à 1789. Marion Sigaut dévoile les racines de l’absolutisme et les prémices de la Révolution bourgeoise.
- Voltaire, une imposture au service des puissants (2014, Kontre Kulture)
Dans cet ouvrage polémique, elle dresse un portrait critique de Voltaire, s’appuyant sur des sources inédites pour dévoiler la face cachée du philosophe, et dénoncer son rôle dans la consolidation du pouvoir des élites.
- Manuels d’Histoire de Marion Sigaut (2014, Kontre Kulture)
Ces manuels, rigoureusement sourcés, rétablissent une histoire souveraine, loin des récits globalistes.- Le Tournant de la régence : 1715-1723, analyse la centralisation sous Philippe d’Orléans.
- La Chasse aux sorcières et l’Inquisition, réexamine l’Inquisition, démystifiant les clichés.
- La Mort du roi et les secrets de Saint-Fargeau dévoile les intrigues post-Louis XIV, centrées sur Saint-Fargeau.
Bibliographie critique de l’idéologie sexologique, des droits sexuels et protection de l’enfance
Dans une perspective critique et documentée, Marion Sigaut consacre plusieurs ouvrages à l’analyse des dérives de l’idéologie sexuelle contemporaine et de ses conséquences sur l’enfance et la structure familiale.
À travers une démarche nourrie de sources internationales, d’archives historiques et de références académiques, elle interroge les fondements et les objectifs des politiques dites de « droits sexuels », tout en établissant des liens entre les pratiques du passé et les réalités actuelles.
Ces travaux, ancrés dans une volonté de défendre les valeurs traditionnelles et la souveraineté éducative, constituent une contribution majeure au débat sur la protection de l’enfance face aux nouveaux paradigmes imposés par les instances globales.
- Les Droits sexuels ou la destruction programmée de (2016, Sigest)
Cet essai dénonce les politiques des « droits sexuels » comme outils de déconstruction familiale, s’appuyant sur des rapports internationaux. Sigaut alerte sur leurs impacts sur l’enfance, critiquant les agendas globalistes. Documenté et engagé, il mobilise les patriotes pour protéger les valeurs traditionnelles face aux dérives modernes.
- De l’amour et du crime, du sexe et des enfants (2020, Sigest)
Enquête sur les réseaux pédocriminels, cet ouvrage relie les abus de l’Hôpital général au XVIIIe siècle aux dérives contemporaines. Sigaut, s’appuyant sur des archives et des témoignages, dénonce les complicités élitistes. Ce travail courageux appelle à protéger l’enfance des menaces globalistes.
- Sexologie et mensonges(2025, Sigest)
Introduisant les travaux de Judith Reisman, cet ouvrage critique l’idéologie sexologique légitimant la pédocriminalité. Sigaut dénonce les influences globalistes sur l’éducation sexuelle, s’appuyant sur des sources académiques. Engagé et visionnaire, il renforce son combat pour la protection de l’enfance et des valeurs familiales.
Collaborations, engagements politiques et valeurs
L’engagement de Marion Sigaut s’inscrit dans une trajectoire politique et intellectuelle marquée par de nombreux repositionnements. Après une jeunesse militante à gauche, elle s’investit dans les mouvements féministes et trotskistes, avant de rejoindre la droite catholique et de devenir cadre du parti Debout la République au début des années 2010.
Elle se présente aux élections législatives de 2012 sous cette étiquette, avant de rejoindre l’association Égalité et Réconciliation, dirigée par Alain Soral (2011-2020), où elle occupe des responsabilités importantes.
Marion Sigaut collabore régulièrement avec Civitas, mouvement catholique engagé dans la défense des valeurs traditionnelles. Elle intervient lors de conférences, participe à des événements tels que l’université d’été et la « Fête du pays réel », et publie en 2016 l’ouvrage d’entretiens Foi de dissidente aux éditions Civitas.
Présente au sein du conseil scientifique de l’association, elle contribue aux réflexions sur la famille, l’éducation et les questions de société portées par le mouvement et s’inscrit dans la défense de la tradition catholique, de la famille et la critique des dérives sociétales contemporaines.
À travers ses recherches approfondies sur les institutions, les pratiques sociales et les figures marquantes du XVIIIe siècle, est aujourd’hui une auteure et conférencière influente, confirmant son expertise de cette période, de la régence, à Louis XV et à la Révolution française.
Son œuvre plus récente s’élabore dans la continuité de ses recherches sur l’Hôpital général, autour d’une réflexion critique sur la famille, l’éducation, l’enfance et les déviances idéologiques, notamment à travers l’analyse des politiques contemporaines en matière de sexualité et de droits sexuels.
Enfin, son engagement pour la cause palestinienne, nourri par de longs séjours en Israël et une connaissance fine du conflit, s’est traduit par des publications et des prises de position affirmées.
La singularité du travail de Marion Sigaut réside dans sa capacité à interroger les zones d’ombre de l’histoire, à remettre en cause les récits dominants et à ouvrir des pistes de réflexion sur les institutions, les idéologies et les mécanismes de pouvoir.
Cette triple expertise, conjuguant histoire, politique, analyse sociétale et engagement international, confère à son parcours une place remarquable dans le paysage intellectuel français.