Sophie Lefeez est une contributrice clé de Géopolitique Profonde et de sa revue mensuelle, dans laquelle elle propose des articles géostratégiques fondamentaux.
Son parcours, marqué par des responsabilités stratégiques et une réflexion critique sur la place de la technologie dans la pensée militaire, éclaire les enjeux contemporains de la puissance et de l’innovation dans le secteur de la défense.
Biographie
Sophie Lefeez, née en 1978 à Paris, est issue d’un environnement familial imprégné d’un intérêt pour les sciences humaines et l’engagement dans le débat public, où la curiosité intellectuelle et le sens du devoir sont valorisés. Son intérêt pour les interactions entre technologie, société et pouvoir la pousse vers des études pluridisciplinaires.
Son parcours, teinté d’un passage par l’extrême gauche dans sa jeunesse, a progressivement évolué au fil de sa formation et de son expérience, vers une pensée souverainiste nourrie par une méfiance envers les logiques technocratiques globalisées.
Résidant à Caen, elle conjugue sa vie de chercheuse avec un goût pour la beauté, qu’elle explore dans des conférences sur le rôle de celle-ci dans la société contemporaine.
Formation militaire
Admise en 1997 et formée à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, Sophie Lefeez sert, après sa formation, comme officier au sein de l’armée de Terre, principalement au 2e régiment d’infanterie de marine basé au Mans. Elle a été engagée dans des missions de commandement et de gestion opérationnelle, notamment lors de déploiements en Côte d’Ivoire dans le cadre de l’opération Licorne, et sur le territoire national pour des missions Sentinelle.
Ces expériences sur le terrain lui ont permis d’appréhender concrètement les enjeux du commandement, la gestion des équipes en contexte de crise et forge sa critique des choix technologiques militaires, qu’elle juge souvent déconnectés des besoins des combattants. Ce vécu opérationnel a nourri sa réflexion sur l’organisation et la transformation nécessaire des forces armées contemporaines.
Formation universitaire
Après son service, elle entame un parcours universitaire d’excellence à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, où elle obtient une double licence en économie et en science politique, puis un Master Défense, géostratégie et processus industriels à l’Université Paris-Panthéon-Assas en 2008.
Elle obtient ensuite un Doctorat de philosophie, spécialité socio-anthropologie des techniques à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, sous la direction de Gérard Dubey. Sa thèse, soutenue en 2014, porte sur la socio-anthropologie de la complexité technique dans les armements contemporains, et reçoit les félicitations du jury ainsi que le prix de l’IHEDN (Institut des hautes études de défense nationale).
Sa formation, résolument pluridisciplinaire, lui permet d’acquérir une solide maîtrise des enjeux économiques, politiques et sociologiques liés à l’innovation et à la défense.
Sa démarche inductive et ancrée dans l’enquête de terrain, l’amène à privilégier une posture indépendante vis-à-vis des cadres institutionnels classiques, tout en collaborant avec des acteurs majeurs du secteur.
Parcours professionnel
Le parcours professionnel de Sophie Lefeez est structuré autour de la recherche, du conseil et de l’enseignement supérieur et combine rigueur académique et expérience militaire pour éclairer les politiques de défense.
Elle débute sa carrière comme consultante pour des entreprises privées du secteur de la défense, le ministère des Armées et l’université de Cranfield, intervenant sur des problématiques capacitaires et d’innovation technologique.
En 2015, elle devient chercheuse associée à l’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques) et au CERREV (Centre de Recherche Risques et Vulnérabilités, Université de Caen), où elle analyse l’impact de la haute technicité sur les armées.
Son ouvrage L’illusion technologique dans la pensée militaire (Nuvis, 2017), préfacé par le général Vincent Desportes, remet en question la quête de supériorité technique, proposant une approche plus équilibrée pour la puissance occidentale. Lauréate du 1er prix de la Réflexion stratégique du CSFRS en 2013 pour son étude sur les coûts militaires, elle gagne une reconnaissance internationale.
Parallèlement, elle enseigne la géostratégie à l’École Centrale de Paris et intervient à l’École de Guerre, formant de futurs cadres militaires et ingénieurs aux enjeux de la puissance et de la stratégie technologique. Son enseignement, notamment à l’Université de Caen (2015-2017), où elle poursuit des travaux sur les risques et vulnérabilités liés à l’innovation militaire, forme une nouvelle génération à penser la défense autrement.
Objets d’étude
Ses objets d’étude couvrent la socio-anthropologie des techniques, l’économie de la défense, la stratégie d’acquisition des équipements militaires, ainsi que les politiques industrielles et les dynamiques d’innovation dans le secteur de l’armement.
Elle s’intéresse particulièrement à la tension entre innovation technologique et efficacité opérationnelle, ainsi qu’aux enjeux budgétaires et stratégiques de la supériorité technique.
Bibliographie et publications
L’œuvre de Sophie Lefeez se distingue par une articulation entre recherche fondamentale et analyse appliquée, avec une bibliographie riche et diversifiée.
Elle publie dans des revues prestigieuses (RUSI Journal, Focus Stratégique, Revue Défense Nationale), explorant la gestionnarisation des armées et l’innovation civile dans les matériels militaires.
En 2016, elle contribue à un rapport de l’Ares Group sur l’impact du Brexit sur l’industrie de défense européenne, démontrant sa polyvalence.
En 2022, elle intervient sur France Culture et RTS, critiquant la course aux armements et son coût exorbitant.
Ouvrages, études et rapports
- Toujours plus chers ? Complexité des armements et inflation des coûts militaires (Focus stratégique n°42, Ifri, 2013)
Cette étude, primée par le CSFRS, explore l’escalade des coûts des armements due à leur complexité croissante. Lefeez critique l’approche systémique des industries de défense, qui privilégie l’efficience au détriment de l’efficacité opérationnelle. Elle met en évidence les conséquences de la complexification technique sur la soutenabilité budgétaire des politiques de défense, plaidant pour des choix techniques adaptés aux combattants, un message repris dans les débats sur la souveraineté militaire. L’impact du texte est notable dans les cercles académiques et stratégiques.
- Versatility and technology: Case Study of the Milan and the Javelin Antitank Missile Systems ( Polyvalence et technologie : Étude de cas des systèmes de missiles antichars Milan et Javelin, RUSI Journal, 2015)
Cet article examine les systèmes de missiles Milan et Javelin, montrant que la polyvalence ne dépend pas de la haute technicité. Lefeez souligne la fonctionnalisation du travail des combattants par des choix technologiques imposés par les industriels globalisés. Publié en anglais, l’article renforce son rayonnement international et influence les discussions sur l’adaptation des armements.
- L’illusion technologique dans la pensée militaire (Nuvis, 2017)
Préfacé par le général Vincent Desportes, cet ouvrage, issu de sa thèse de doctorat, propose une analyse critique de la course à la supériorité technologique dans les armées occidentales.
L’auteur y démontre que l’inflation des coûts des armements résulte d’une quête de puissance technique fondée sur des croyances sociales autant que sur des nécessités militaires.
Elle questionne l’efficacité réelle de cette stratégie face à des conflits asymétriques et suggère des pistes pour repenser la place de la technicité dans la politique de défense.
Le livre a été salué pour sa capacité à ouvrir un débat citoyen sur l’innovation de défense et la posture stratégique des armées françaises.
- La gestionnarisation dans les armées (Annales des Mines, Gérer et Comprendre, 2020)
Lefeez analyse l’introduction de la rationalité managériale dans les armées françaises depuis les années 2000. Elle dénonce la multiplication des outils de mesure et des pratiques de flux tendu, qui réduisent les ressources au détriment de la performance. Ce texte, salué pour sa rigueur, critique les influences globalistes dans la défense et inspire les réflexions sur une armée plus autonome.
Thèse
- Représentations et usages des armements contemporains : pour une socio-anthropologie de la complexité technique (Thèse de doctorat en philosophie et sociologie des techniques, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2014)
Ce travail, dirigé par Gérard Dubey, analyse les choix techniques dans les matériels militaires à travers une enquête de terrain approfondie. Il met en lumière les écarts entre les représentations des ingénieurs, des militaires et les réalités opérationnelles, tout en interrogeant les déterminants sociaux et épistémologiques de la technicité dans la défense contemporaine.
Articles et entretiens
- L’émergence est-elle synonyme de puissance ? (Revue internationale et stratégique, n°103, 2016)
L’auteure analyse les stratégies d’industrialisation de la défense dans les pays émergents (Brésil, Corée du Sud, Inde, Turquie), en soulignant les enjeux d’autonomie stratégique et de transfert technologique.
- La pensée militaire : la supériorité technologique pour quelle stratégie ? (Entretien pour l’IRIS, 2018)
Dans cet échange, elle revient sur les thèses de son ouvrage et interroge la pertinence de la référence à l’ennemi symétrique dans la planification des équipements militaires, face à la réalité des conflits asymétriques.
- Guerres asymétriques : l’Occident dans une impasse (Entretien pour La Croix, 2018)
Sophie Lefeez y développe une réflexion sur l’inadéquation des modèles occidentaux face aux nouvelles formes de conflictualité, soulignant la nécessité d’une révision des doctrines d’emploi et des politiques d’acquisition.
- Le retour de la mobilité stratégique (Revue Défense Nationale, novembre 2024)
Dans cette contribution récente, elle analyse les enjeux de mobilité stratégique pour les armées françaises dans un contexte de recomposition des menaces et de contraintes budgétaires.
Engagements et contributions
Sophie Lefeez s’engage activement dans la diffusion des savoirs et la structuration du champ académique et du débat sur l’innovation de défense.
Consultante auprès du ministère des Armées, d’entreprises et d’institutions universitaires, elle intervient régulièrement dans les médias et lors de conférences, apportant un éclairage critique sur les choix d’innovation et les politiques industrielles de défense. Son approche, fondée sur la socio-anthropologie, l’économie et la science politique, influence la manière dont sont pensés les rapports entre technologie, stratégie et société dans le domaine militaire.
Membre du conseil d’administration de l’AEGES (Association pour les études sur la guerre et la stratégie), elle contribue au dialogue entre chercheurs, industriels et décideurs publics, favorisant une approche pluridisciplinaire des questions de sécurité.
Elle anime un groupe de doctorants sur l’économie de défense au sein de l’IRSEM (Institut de recherche stratégique de l’École militaire), accompagnant la formation de la nouvelle génération de chercheurs en économie de défense.
Elle a été responsable du comité « Armée du Futur » de l’ANAJ-IHEDN (Association nationale des auditeurs jeunes de l’Institut des hautes études de défense nationale), contribuant à la réflexion prospective sur les évolutions des forces armées et à l’ouverture du débat à la société civile.
Récompenses et distinctions
La thèse de Sophie Lefeez a été distinguée par le prix de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale (IHEDN), soulignant la qualité et l’originalité de ses travaux sur la socio-anthropologie des techniques et l’innovation de défense.
Travaux en cours, actualité
Sophie Lefeez poursuit actuellement des recherches sur la transformation des politiques d’acquisition militaire à l’ère de la numérisation et de l’intelligence artificielle, ainsi que sur les nouvelles formes de coopération industrielle en Europe.
Elle travaille à la publication d’un nouvel ouvrage consacré à la rationalisation des choix d’équipement dans les armées, en s’appuyant sur des études de cas comparées entre la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni.
Son engagement dans l’enseignement et la formation des cadres militaires et civils se poursuit, notamment à l’École Centrale de Paris et à l’École de Guerre, où elle développe des modules sur la stratégie et l’innovation technologique.
Les travaux de Sophie Lefeez articulent analyse critique et propositions concrètes, offrant des perspectives renouvelées sur la place de la technique dans la puissance militaire contemporaine. Son influence sur le débat public et la recherche en défense fait d’elle une figure majeure du champ, à l’interface de l’académique, de l’expertise et de la décision stratégique.
Bien que son expertise soit régulièrement sollicitée par les médias et les institutions de recherche, face à certaines résistances technocratiques, Sophie Lefeez s’appuie sur des réseaux indépendants, publiant sur des plateformes comme Police pour la Vérité (2024) et collaborant avec des médias alternatifs.
Auteur régulier pour la Revue Géopolitique Profonde, elle y dénonce les dérives technocratiques et globalistes dans le domaine de la défense internationale.
À 47 ans, elle est une voix influente, défendant une armée souveraine et éthique, libre des diktats globalistes, et son engagement reste inébranlable.