Le 24 mai à 19h, Lara Stam et Yves Pozzo Di Borgo sont les invités de La Grande Émission animée par Nicolas Stoquer, en direct sur Géopolitique Profonde.
Ensemble, ils reviennent ensemble sur l’entretien exclusif de Vladimir Zakharov mené par Nicolas Stoquer, en Russie, à l’occasion du déplacement d’une équipe de Géopolitique Profonde lors des célébrations de 9 mai 2025.
Le sujet : L’alliance sino-russe qui s’impose désormais comme le nouveau pivot stratégique global, fruit d’une évolution profonde amorcée depuis plusieurs décennies.
Lara Stam est chroniqueuse et animatrice, passée par Radio Courtoisie avant de rejoindre Géopolitique Profonde et GPTV. Spécialiste des questions de souveraineté et d’indépendance géopolitique, elle décrypte avec un ton incisif les crises internationales et les rapports de force mondiaux. Elle traite notamment des conflits oubliés (Arménie-Haut-Karabagh) et des enjeux multipolaires. Sur GPTV, elle a animé une émission nocturne, « Un Soir avec Lara », et contribue à d’autres formats comme « La Grande émission » sur GPTV et « Le Libre Journal de Géopolitique Profonde » sur Radio Courtoisie.
Yves Pozzo di Borgo est un homme politique français. Membre du Sénat de France de 2004 à 2017, il a représenté la ville de Paris pour l’Union Centriste. Il a également été conseiller de Paris et a occupé diverses fonctions au sein du Nouveau Centre et de l’UDI.
L’alliance sino-russe : le cauchemar occidental devenu réalité
L’Occident a misé sur l’usure, pensant affaiblir la Russie par une guerre indirecte en Ukraine, proxy d’une OTAN en déroute stratégique. Ce calcul s’est retourné contre ses architectes. À force de provoquer, de sanctionner et de mépriser, les capitales occidentales ont précipité ce qu’elles redoutaient le plus : la consolidation définitive de l’axe Moscou-Pékin.
Ce que Kissinger craignait comme le pire scénario géopolitique est désormais acté. Le désengagement progressif de la Russie vers l’Orient s’accélère, structuré, volontaire, porté par une vision claire : tourner la page de l’Occident décadent et bâtir l’Eurasie multipolaire.
Ce basculement trouve ses racines bien avant les frappes en Ukraine ou les vagues de sanctions. Dès la perestroïka, certains diplomates russes lucides avaient anticipé la nécessité de normaliser les relations avec la Chine. Vladimir Zakharov fut l’un d’eux. Diplômé en langue chinoise, orientaliste averti, il a incarné cette dynamique de rapprochement dès les années 1980. De l’ambassade à Pékin jusqu’aux postes clés de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), il a œuvré sans relâche à tisser ce lien stratégique. Ses analyses récentes confirment que la patience russe a des limites, et celles-ci ont été franchies.
Vladimir Zakharov, artisan discret de l’alliance sino-russe 2025
Zakharov n’est pas un idéologue. Il est un bâtisseur. De 1980 à 1993, il observe depuis l’ambassade russe à Pékin les méfiances, les malentendus, les relents de l’ère soviéto-maoïste. Mais il voit aussi les opportunités. Dans les années 2000, en tant que secrétaire général adjoint de l’OCS, il met en œuvre une politique pragmatique qui est celle de tourner la page des différends frontaliers, notamment autour de la rivière Amour, et instaurer une confiance réciproque. Ce que des décennies de tensions avaient gelé, la diplomatie méthodique de Zakharov le déverrouille.
Sa vision est simple : la Chine et la Russie sont complémentaires. L’une produit, l’autre fournit. L’une innove, l’autre sécurise. L’Occident les a enfermées dans un rôle de rivales. Il les a poussées à devenir partenaires. Ce rapprochement n’est ni conjoncturel ni forcé. Il est historique, structuré et assumé. La coopération russo-chinoise dans l’éducation, la culture, la technologie s’est imposée non comme une alternative à l’Europe, mais comme un choix stratégique d’avenir. Et l’OCS, sous sa houlette, est devenue bien plus qu’un forum. Il est un outil de stabilisation, un catalyseur de souveraineté régionale.
Aujourd’hui maître de conférences et intellectuel respecté, Zakharov continue de plaider pour une alliance fondée sur les valeurs traditionnelles et le respect des souverainetés. Sa parole est précieuse : elle incarne la cohérence, la continuité et la résistance à l’uniformisation idéologique imposée par l’Occident. Ce qu’il dénonce, c’est l’abandon des principes, l’arrogance interventionniste, et la corruption morale de ceux qui prétendent incarner la démocratie.
L’OCS, levier de la puissance eurasienne
L’Organisation de Coopération de Shanghai est le socle d’un monde en recomposition. Née en 2001, elle réunit aujourd’hui des puissances qui refusent la logique des blocs et l’unipolarité américaine. Russie, Chine, Inde, Iran, Pakistan, Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizistan, Tadjikistan : ensemble, ils incarnent plus de la moitié de la population mondiale. Mais au-delà des chiffres, c’est une philosophie qui s’exprime : sécurité partagée, intégrité territoriale, développement commun.
Zakharov rappelle un fait trop souvent passé sous silence : les tensions frontalières entre l’Inde et la Chine ont trouvé des issues pacifiques grâce à l’OCS, dans un cadre discret mais efficace, comme à Kazan. Aucun médiateur occidental, aucune pression extérieure. Juste la diplomatie eurasienne à l’œuvre, pragmatique et souveraine. C’est cela, la nouveauté géopolitique majeure : l’autonomie stratégique de l’Eurasie, qui apprend à gérer ses affaires en dehors des canaux occidentaux.
Dans l’interview, Zakharov insiste aussi sur un point capital : la Chine a pu se développer à cette vitesse parce qu’elle a bénéficié d’une aide russe continue. Cela va de l’assistance technique à la coopération énergétique, en passant par la formation des élites. Cette interdépendance, loin de créer une domination, fonde une relation d’égal à égal. Contrairement à l’OTAN, où les vassaux européens obéissent aux injonctions de Washington, la Russie et la Chine construisent une alliance fondée sur l’équilibre.
La rupture est consommée, l’avenir est oriental
Il n’y a plus de retour possible. L’Occident, englué dans ses dogmes, sa bureaucratie et ses contradictions, n’a plus rien à offrir à la Russie. Pire, il incarne désormais l’hostilité permanente, le mensonge stratégique, la guerre sous-traitée. L’affaire ukrainienne en est la démonstration brutale. À travers un conflit proxy, l’OTAN a tenté d’épuiser la Russie. Mais elle n’a fait que l’unir, l’armer, et surtout l’orienter définitivement vers l’Est.
Les BRICS s’élargissent, le commerce se dédollarise, les projets d’infrastructure se multiplient. L’Eurasie est en train de se constituer en bloc cohérent. Et la Russie y joue un rôle moteur. La politique de Zakharov et de ses pairs porte ses fruits : la stratégie de patience active se transforme en géopolitique offensive. Une géopolitique où la tradition prime sur le relativisme, où la souveraineté remplace la soumission, où l’histoire retrouve sa place face à l’ingénierie sociale occidentale.
L’Europe, elle, a choisi son camp. Celui de la servitude volontaire, de l’autodestruction économique, et de l’alignement systématique. Mais ce choix a un prix : elle se coupe durablement d’un partenaire millénaire, d’une culture profonde, d’un avenir partagé. En face, la Russie regarde ailleurs. Elle construit, elle fédère, elle avance. Avec la Chine, avec les BRICS, avec le Sud global. Et elle le fait sans nostalgie, mais avec détermination.
IMPORTANT - À lire
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