Le 19 septembre à 19h, Charles Carpentier est l’invité de Cyril Gaucher dans notre émission L’avocat Du Diable, en direct sur Géopolitique Profonde !
Charles Carpentier est un étudiant à l’ESCP, auteur et fondateur de La Sphère, un collectif dédié à l’analyse des enjeux contemporains, notamment en matière de stratégie numérique et de géopolitique. Passionné par les transformations technologiques et leurs impacts sur la société, il combine son expertise académique et pratique pour proposer des perspectives critiques sur la domination des GAFAM et les questions de souveraineté numérique.
Ces géants qui contrôlent nos vies
À ses débuts, Internet incarnait une véritable révolution, promettant un monde de liberté et de libéralisme éclairé. L’absence de frontières et la liberté de circulation de l’information ouvraient des perspectives incroyables pour les citoyens et les entreprises. Cependant, au fil du temps, cet espace de liberté s’est progressivement transformé sous l’emprise de quelques géants du numérique, désormais connus sous le sigle GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft)
Leur puissance économique est vertigineuse : à elles seules, les GAFAM affichent une capitalisation boursière cumulée de plusieurs milliers de milliards de dollars, rivalisant, voire surpassant, le PIB de certains pays. Cette richesse leur permet d’étendre leur influence sur les secteurs clés de l’économie mondiale. Amazon domine le e-commerce, Google contrôle la recherche en ligne, et Facebook façonne la manière dont des milliards de personnes s’informent et interagissent. Face à cette emprise, les petits acteurs n’ont plus les ressources nécessaires pour rivaliser. Le commerce traditionnel a été l’une des premières victimes, avec la fermeture de milliers de petites entreprises incapables de soutenir la concurrence avec des géants dont les pratiques agressives ont bouleversé des secteurs entiers de l’économie.
En parallèle, ces géants ont développé des stratégies pour tracer et surveiller chaque geste de leurs utilisateurs. Grâce à une collecte massive de données, ils sont capables d’anticiper nos choix, de manipuler les algorithmes pour influencer nos décisions d’achat, nos opinions politiques, et même nos relations personnelles. Le non-respect de la vie privée est devenu une norme tacitement acceptée, alors même que ces entreprises utilisent ces données pour augmenter leurs profits et asseoir leur domination.
Les GAFAM au pouvoir
Malgré ces dérives, il est impossible de nier que les GAFAM ont été les architectes d’une transformation sans précédent dans l’histoire de l’humanité. En deux décennies, ils ont non seulement connecté le monde mais ont également démocratisé l’accès à la connaissance et à l’information.
Ils ont repoussé les limites de l’innovation, en développant des technologies telles que l’intelligence artificielle, le cloud computing et des systèmes complexes de gestion des données qui facilitent notre quotidien. Cependant, cette poussée technologique n’est pas exempte de conséquences. En concentrant les données personnelles de milliards d’utilisateurs, ces entreprises ont acquis une influence sans précédent sur nos sociétés. La mainmise des GAFAM sur ces technologies sensibles leur confère un pouvoir de contrôle énorme, notamment sur les informations auxquelles nous accédons.
En outre, leur image de bienfaiseurs technologiques s’est largement dégradée, notamment aux États-Unis, où les scandales liés à la vie privée, au non-respect des données personnelles et à l’ingérence dans les processus électoraux ont terni leur réputation. L’opinion publique, plus critique, limite-t-elle pour autant leur capacité de nuisance ? Il semble que leur pouvoir d’influence persiste malgré tout, et ce, même si la défiance envers ces géants s’accroît progressivement, tant en Europe qu’en France.
Une alliance silencieuse
L’influence des GAFAM ne s’arrête pas à la sphère économique ou technologique. Leur contrôle sur les réseaux sociaux et les moteurs de recherche leur permet de modeler la manière dont les citoyens accèdent à l’information, interagissent et même votent. La présidentielle américaine de 2020 en est un exemple flagrant, où les GAFAM ont été accusés d’avoir soutenu massivement les Démocrates, notamment via des actions discrètes mais efficaces sur les algorithmes de diffusion de contenu.
Certains évoquent l’existence d’une alliance tacite entre les GAFAM, un pacte de non-agression leur permettant de se partager le marché sans se livrer à une concurrence directe trop frontale. Pourtant, cette domination n’est pas universelle. En Russie, des alternatives nationales comme Яндекс ou Вконтакте ont émergé, défiant l’hégémonie des GAFAM. De même, la Chine a su développer ses propres géants technologiques, tels que WeChat ou Alibaba, qui rivalisent avec leurs homologues occidentaux. Ces exemples montrent qu’il est possible de résister à cette domination mondiale.
Mais alors, pourquoi l’Europe semble-t-elle si faible face aux GAFAM ? Malgré des tentatives de taxation ou de régulation, comme le projet de taxe européenne sur les GAFAM, les mesures prises restent insuffisantes pour contrer leur emprise. L’Union européenne n’a pas su bâtir un écosystème numérique capable de rivaliser avec ces mastodontes, laissant ses citoyens et ses entreprises dépendants de leurs services. L’Europe parviendra-t-elle à s’émanciper un jour de cette domination numérique ?
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