Le 6 avril à 17h, Mickaël Lelièvre demande aux Français ce qu’ils pensent de la condamnation de Marine Le Pen, lors d’un micro-trottoir pour GPTV Investigation .
Une condamnation qui fracture la légitimité démocratique
La condamnation de Marine Le Pen à deux ans de prison avec sursis et cinq ans d’inéligibilité n’a pas seulement bouleversé l’agenda politique français. Elle a creusé une fracture profonde dans la perception que les citoyens ont de la légitimité démocratique. Sur les trottoirs, dans les rassemblements et sur les réseaux, les réactions sont nettes : ce n’est pas une sanction judiciaire, mais une exclusion politique déguisée. Les témoignages sont unanimes. L’acte judiciaire est interprété comme une décision stratégique pour empêcher une victoire électorale annoncée en 2027.
La France vit désormais une crise de confiance majeure. Pour beaucoup, la justice ne sanctionne plus selon le droit, mais selon l’utilité politique de ses verdicts. L’idée que quelques magistrats puissent anéantir la candidature d’une leader politique de premier plan alimente un rejet radical du système. Ce rejet s’élargit bien au-delà du cercle des sympathisants du Rassemblement National. Il touche une part croissante de la population qui voit dans cette décision une confirmation brutale : la démocratie française ne fonctionne plus comme un régime ouvert et équilibré, mais comme un système verrouillé.
Dans les échanges recueillis, le mot « démocratie » revient en boucle, non pas comme un idéal menacé, mais comme une réalité déjà perdue. La mise à l’écart de Marine Le Pen, quelques mois après sa montée fulgurante dans les sondages, est vécue comme une mise en scène judiciaire. Pour beaucoup, cette condamnation signe le passage d’un État de droit à un État de contrôle, où la justice n’arbitre plus, mais intervient pour sélectionner les candidats autorisés à exister politiquement.
Une justice sélective au service du pouvoir
Le sentiment d’une justice à deux vitesses domine largement les propos recueillis. Les citoyens n’y vont pas par quatre chemins : ils dénoncent une justice instrumentalisée, utilisée par les élites pour maintenir leur pouvoir. L’affaire Marine Le Pen est comparée à d’autres dossiers judiciaires bien plus lourds où les sanctions ont été minimales, voire inexistantes. Les exemples pleuvent : un magistrat condamné pour avoir tenté de prostituer sa propre fille n’écope que d’une peine symbolique, pendant que Le Pen est frappée d’une inégibilité aux conséquences électorales massives.
Le cas Fillon est également cité. L’ancien Premier ministre avait vu sa campagne présidentielle pulvérisée par une enquête déclenchée à une vitesse fulgurante, en pleine campagne. Même schéma aujourd’hui. Le système judiciaire est perçu non plus comme un gardien de la loi, mais comme un outil de régulation politique. Loin d’être neutre, il devient une arme stratégique dans la guerre pour le pouvoir. Cette vision se renforce à mesure que les condamnations ciblent systématiquement les mêmes profils : conservateurs, souverainistes, ou figures anti-système.
Ce déficit d’impartialité alimente une rupture entre le peuple et les institutions. La séparation des pouvoirs, principe fondamental de toute république, est vécue comme une illusion totale. La justice ne serait plus qu’un bras judiciaire du pouvoir exécutif, opérant sous couvert de légalité des décisions dont l’objectif est purement électoral. La mécanique est rodée : procès, condamnation, inéligibilité. Ce cycle est perçu comme une manipulation froide, dirigée contre toute forme de menace pour l’ordre établi.
Le Rassemblement National transformé par la colère populaire
L’effet immédiat de cette condamnation a été de radicaliser le soutien au RN. Sur le terrain, les témoignages sont éloquents. Les permanences du parti sont assiégées de messages, de dons, d’adhésions spontanées. Le RN ne subit pas la décision judiciaire : il l’absorbe, la détourne, et en fait un moteur de mobilisation. Pour ses sympathisants, la condamnation de Marine Le Pen est un acte de guerre politique. Et comme toute guerre, elle appelle à la résistance. Cette colère n’est ni honteuse, ni marginale : elle devient un levier de légitimation.
Le vocabulaire employé est lourd de sens. Certains parlent de « deuil de la démocratie », d’autres de « régime autoritaire sous costume républicain ». Loin de démobiliser, cette affaire relance une dynamique de solidarité identitaire autour du RN. Elle permet aussi une recomposition interne : Marine Le Pen apparaît comme une victime sacrificielle, pendant que Jordan Bardella incarne la relève tactique, jeune, médiatique et difficilement attaquable sur le plan judiciaire.
Le paysage politique en sort transformé. Le RN n’est plus seulement un parti en progression, c’est désormais une force centrale, positionnée comme l’alternative unique au système. La condamnation de Le Pen ne l’écarte pas, elle redirige l’énergie militante vers une offensive stratégique portée par Bardella. Le message envoyé par le pouvoir, censé neutraliser une adversaire, a déclenché l’inverse : une mobilisation populaire massive, nourrie par le sentiment d’injustice et l’idée que l’alternance ne peut plus émerger par les voies traditionnelles.
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