🔥 Les essentiels de cette actualité
- Découvrez Bruno Quenioux, pionnier des vins vivants, et Lara Stam, spécialiste de géopolitique, invités du Monde Réel le 5 juillet à 19h.
- Plongez dans l’histoire fascinante du vin russe, symbole de raffinement et de pouvoir sous l’Empire tsariste.
- Explorez le vin comme acte de foi dans la tradition orthodoxe russe, bien au-delà d’un simple breuvage.
- Suivez la renaissance viticole russe après l’ère soviétique et les tensions géopolitiques autour du champagne.
Le 5 juillet à 19h, Bruno Quenioux et Lara Stam sont les invités du Monde Réel animé par Nicolas Stoquer sur Géopolitique Profonde.
Bruno Quenioux, sommelier et fondateur de la cave PhiloVino à Paris, est un pionnier de la redécouverte des vins vivants, bio et biodynamiques. Fils de vigneron, passé par les Caves Legrand et les Galeries Lafayette Gourmet, il s’est imposé comme un dénicheur de crus vibrants et sincères, loin des standards industriels. Récompensé par Gault & Millau et nommé Chevalier des Arts et des Lettres, il défend une approche du vin philosophique et énergétique, mêlant matière, émotion et mystique. Auteur de La Vie Mystérieuse du Vin, il milite pour une gustation vivante et une transmission culturelle profonde, plaçant le vin au cœur du lien entre l’homme, le terroir et le sacré.
Lara Stam est chroniqueuse et animatrice, passée par Radio Courtoisie avant de rejoindre Géopolitique Profonde et GPTV. Spécialiste des questions de souveraineté et d’indépendance géopolitique, elle décrypte avec un ton incisif les crises internationales et les rapports de force mondiaux. Elle traite notamment des conflits oubliés (Arménie-Haut-Karabagh) et des enjeux multipolaires. Sur GPTV, elle a animé une émission nocturne, « Un Soir avec Lara », et contribue à d’autres formats comme « La Grande émission » sur GPTV et « Le Libre Journal de Géopolitique Profonde » sur Radio Courtoisie.
Aux origines de l’histoire du vin russe : noblesse, terroir et pouvoir
Depuis les grandes heures de l’Empire russe, le vin s’impose comme un symbole de raffinement et de puissance. À la cour des Romanov, les banquets sont arrosés de crus d’exception, servis dans des verres en cristal dont la transparence fait écho à l’idéal de pureté divine. Le vin devient une parure du pouvoir, une offrande terrestre aux convives des tsars.
L’élite russe s’approprie les codes viticoles français, jusqu’à créer un champagne d’exception, fruit d’une alliance entre le terroir criméen et le savoir-faire occidental. Le prince Lev Golitsyne incarne cette ambition viticole : pionnier, visionnaire, il multiplie les cépages, innove, et donne naissance à un vin pétillant qui rivalise avec les grandes maisons de Reims.
Mais l’histoire ne se limite pas à une simple imitation des standards occidentaux. Elle est surtout celle d’une réinvention. À Massandra, domaine fondé pour approvisionner la cour impériale, l’expérimentation viticole atteint des sommets. Des crus inspirés du porto, du xérès ou encore du cahors y sont élevés avec une précision quasi liturgique.
Ces cuvées deviennent des trésors convoités, tant pour leur qualité que pour leur charge symbolique. Les ventes aux enchères en Occident consacrent leur rareté et leur prestige. Sous la Russie tsariste, le vin n’est pas un produit. C’est un récit d’empire.
Vin mystique et mémoire orthodoxe
En Russie, le vin n’est pas qu’un breuvage. Il est aussi un acte de foi. Dans la tradition orthodoxe, le vin rouge, sang du Christ, coule à flots lors des liturgies. Il est entièrement consommé, partagé, vécu comme une communion pleine et entière.
Contrairement à l’Église catholique, qui a réduit son usage au strict minimum et réservé la coupe au seul prêtre, la Russie orthodoxe conserve le sens du vin comme mystère vivant, incarné. La transsubstantiation y reste une évidence, une vérité spirituelle que les rites modernes, aseptisés et fragilisés par les peurs hygiénistes, ont progressivement évacuée ailleurs.
Ce rapport mystique au vin dépasse le culte : il irrigue la culture. Le mot « cristal » lui-même résonne comme un écho à la lumière divine, un jeu de son entre Christ et Él, entre le nom du Messie et l’éclat céleste. Le verre de cristal, fétiche des élites, devient alors une coupe sacrée.
Ce n’est pas un hasard si le champagne Cristal, commandé par Alexandre II à la maison Roederer, porte en lui cette double charge : politique et sacrée. En Russie, boire un vin n’est jamais un geste neutre. C’est un acte mémoriel, un lien avec l’éternité.
De la guerre des bulles à la renaissance viticole
L’effondrement de l’Union soviétique a failli emporter avec lui les derniers bastions viticoles de l’ex-empire. La campagne de Gorbatchev contre l’alcoolisme a tari les fûts, brisé des savoir-faire, anéanti des terroirs. Pourtant, dès les années 2000, la Russie viticole renaît.
Elle se restructure, retrouve ses origines et se projette à nouveau dans l’excellence. Des domaines comme Novy Svet, Abrau-Durso ou Massandra réapparaissent sur la scène internationale, portés par des œnologues français de renom. Le vin russe ne copie plus : il affirme son identité.
Mais cette renaissance ne va pas sans friction. L’affaire de l’appellation « champagne » cristallise une tension géopolitique et culturelle. En rebaptisant les productions françaises en « vin mousseux » pour son marché intérieur, Moscou affirme un nationalisme viticole assumé.
Le « shampanskoye » russe, héritage du projet soviétique d’un vin pétillant pour tous, devient une arme diplomatique. Le décret de 2021 de Vladimir Poutine, forçant les maisons françaises à s’incliner sur l’étiquette en cyrillique, traduit une volonté claire : reprendre la main sur les symboles.
Car derrière cette querelle de bulles, c’est une guerre des récits qui se joue. D’un côté, la France défend un patrimoine mondial, codifié et protégé. De l’autre, la Russie impose sa souveraineté sur ses goûts, ses mots, son identité. Le vin n’est plus seulement une affaire de palais, mais de puissance. Et dans ce monde d’affrontements symboliques, une bouteille de mousseux peut peser plus lourd qu’un traité.
IMPORTANT - À lire
Plongez dans l'histoire fascinante du vin russe, où terroir, pouvoir et mystique s'entremêlent. Découvrez comment ce breuvage est devenu un symbole de l'identité et de la puissance russes, de la cour des Romanov aux liturgies orthodoxes, en passant par la renaissance viticole post-soviétique.
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