Le 26 mars à 19h, Merogis, Lestalou et Sarah Frikh sont les invités de Mike Borowski sur Géopolitique Profonde.
Merogis et Lestalou sont deux « chasseurs de pédocriminels ».
Sarah Frikh est une journaliste, consultante en harcèlement et cyberharcèlement. Elle est également présidente de l’association « Réchauffons nos SDF » qui a aidé près d’une centaine de femmes et enfants et fait plus de 200 mises à l’abri. Elle a lancé en 2017 une pétition sur change.org pour demander des centres d’hébergement pour les femmes SDF, qui a recueilli plus de 404 000 signatures. Elle alerte régulièrement sur la situation de ces personnes en difficulté sur les réseaux sociaux et organise des actions concrètes pour leur venir en aide.
Une démarche citoyenne dictée par la colère et l’instinct de protection
Les chasseurs de pédocriminels ne sont pas de simples justiciers autoproclamés. Ils agissent mus par une révolte viscérale, face à un système judiciaire laxiste, voire complice. Dans un pays où la France figure tristement parmi les premiers producteurs et consommateurs de contenus pédocriminels au monde, cette mobilisation ne relève pas d’un caprice individuel, mais d’une nécessité vitale. Certains de ces citoyens ont été eux-mêmes victimes d’agressions sexuelles dans leur enfance, ou sont proches de victimes. D’autres ne supportent plus l’inaction des institutions et refusent de rester les bras croisés face à un fléau qui détruit des milliers d’enfants chaque année.
Ils revendiquent une forme de justice parallèle, mais ne se reconnaissent pas dans une logique de vengeance. Leur objectif est clair : identifier, piéger et exposer les prédateurs sexuels avant qu’ils ne passent à l’acte. Cette frontière entre justice et vengeance est d’ailleurs centrale dans leur discours. Là où la vengeance vise à punir, eux prétendent vouloir prévenir les crimes. Ils ne cherchent pas à blesser physiquement les individus ciblés, mais à les démasquer publiquement, à constituer des dossiers solides pour forcer les autorités à intervenir. Leur moteur est une urgence morale, alimentée par le sentiment que l’État a abandonné les plus vulnérables.
Ces groupes opèrent souvent dans une zone grise légale, où les textes de loi ne sont pas toujours adaptés à ce type d’action préventive. Mais leur détermination reste inébranlable. Pour eux, chaque jour sans action est une journée de plus où des enfants peuvent être agressés. Ils comblent un vide, un abandon structurel, en prenant le relais là où les institutions échouent.
Des techniques numériques éprouvées au service d’une traque ciblée
Les chasseurs de pédocriminels ont développé des méthodes sophistiquées pour repérer et piéger les agresseurs potentiels. Leur outil principal : la création de faux profils d’adolescents sur des réseaux sociaux, forums ou applications de messagerie. Ils construisent des identités numériques crédibles, avec des photos d’avatars générées par intelligence artificielle, pour éviter toute exploitation de vraies images d’enfants. Les conversations sont menées avec prudence et méthode, chaque mot est pesé pour faire parler les suspects, les inciter à se dévoiler.
Leurs techniques ne relèvent pas de l’amateurisme. Des scripts précis guident les échanges, des protocoles de captation de preuves sont mis en place : captures d’écran, enregistrement de vidéos, conservation des métadonnées. Chaque interaction est documentée, prête à être remise à la police. Certains collectifs, comme la 211 ou Les Enfants d’Argus, disposent même d’équipes d’analystes, capables d’identifier l’adresse IP, le matériel utilisé et de croiser les informations avec des bases de données publiques.
Cette expertise technique ne s’improvise pas. Elle découle de mois, parfois d’années, de veille active, d’apprentissage et d’échange entre membres de ces groupes. Leur efficacité repose sur une combinaison de discrétion, ruse et rigueur méthodologique. Ils savent que la moindre erreur pourrait non seulement compromettre la procédure, mais aussi entraîner des poursuites judiciaires à leur encontre. Leur action est donc pensée comme un travail d’investigation parallèle, non une chasse aveugle.
Un impact réel sur le terrain, mais sous tension avec les autorités
Les actions de ces collectifs ont déjà conduit à de véritables arrestations. En octobre 2024, deux chasseurs ont piégé un quinquagénaire via Telegram. Ce dernier a été interpellé pour détention d’images pédopornographiques, après avoir été identifié et confronté à ses propres messages. Ces opérations, bien que menées en dehors des circuits traditionnels, ont parfois forcé la police à intervenir face à l’évidence des preuves récoltées. D’autres groupes affirment avoir permis des dizaines d’interpellations en France, en collaboration discrète avec des policiers sensibles à leur cause.
Mais cette efficacité soulève un paradoxe. La justice officielle se méfie de ces initiatives privées. En novembre 2024, un groupe de justiciers autoproclamés a été démantelé après avoir agressé physiquement plusieurs suspects. Ce type de dérive décrédibilise l’ensemble du mouvement et fournit des arguments aux autorités pour criminaliser ces actions citoyennes. Les forces de l’ordre dénoncent également le risque de compromission d’enquêtes plus larges, lorsque des preuves sont diffusées prématurément ou mal collectées.
Malgré ces tensions, l’impact des chasseurs de pédocriminels sur la prise de conscience collective est indéniable. Ils forcent la société à regarder en face ce que beaucoup préfèrent ignorer. En exposant les failles du système, ils rappellent que la sécurité des enfants ne peut être déléguée uniquement à des institutions dépassées. Leur présence agit comme un électrochoc, une alerte permanente dans un pays gangrené par l’inaction et le silence.
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