🔥 Les essentiels de cette actualité
- Yury Afonin, député du PCFR, incarne une ligne patriote, souverainiste et sociale. Découvrez son entretien exclusif à Moscou.
- Le PCFR prône un socialisme national, avec économie mixte et planification souple. Comment cela se distingue-t-il du marxisme-léninisme?
- Le parti soutient la politique étrangère russe et critique l’expansionnisme occidental. Quelles sont ses propositions pour une diplomatie continentale?
- Le PCFR défend les valeurs familiales et rejette la culture woke. Comment concilie-t-il cela avec ses racines marxistes?
Le 18 mai à 19h, Nicolas Stoquer vous dévoile son entretien exclusif tourné en Russie avec Yury Afonin !
Yury Afonin est député à la Douma d’État et Premier vice-président du comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie (PCFR). Il siège au Comité de sécurité et de lutte contre la corruption, à la Commission budgétaire de la défense ainsi qu’à la Commission de déclaration des revenus et du patrimoine des députés. Figure montante du PCFR, il incarne une ligne patriote, souverainiste et sociale, prônant un État fort, une économie planifiée, et une rupture assumée avec l’idéologie libérale occidentale.
Le socialisme patriotique à la russe
Le Parti communiste de la Fédération de Russie (PCFR) a rompu avec l’orthodoxie marxiste-léniniste pour embrasser un socialisme national, enraciné dans la réalité contemporaine. Il ne rejette plus la propriété privée, ni l’initiative individuelle, tant qu’elles s’inscrivent dans un cadre où l’intérêt général prime sur l’enrichissement personnel. Le cœur du programme repose sur une économie mixte, où l’État contrôle les secteurs stratégiques, guide l’investissement et garantit une redistribution réelle.
Le PCFR propose une planification souple, ciblée, axée sur les besoins collectifs. Il plaide pour la réindustrialisation, la souveraineté alimentaire, la maîtrise des ressources naturelles. La logique marchande est subordonnée à la volonté politique. Loin d’un retour à un dirigisme total, le modèle avancé est un système d’économie dirigée, appuyé sur les technologies modernes et une gestion décentralisée efficace.
Ce projet repose sur une critique implacable du capitalisme russe, notamment celui des années 1990, jugé responsable de la désintégration sociale et de la perte de souveraineté. Le PCFR se veut aujourd’hui l’incarnation d’un État stratège, protecteur, garant de la stabilité sociale et économique. Il propose un compromis entre efficacité productive et justice, tourné vers les besoins réels du pays.
Loin de renier les classes moyennes, le parti s’adresse aussi aux petits entrepreneurs et artisans, qu’il distingue des oligarques prédateurs. Il défend une fiscalité progressive, la relance de l’industrie nationale, et une politique d’investissement public massive. L’objectif est clair : restaurer une économie productive, souveraine, résiliente, en rupture avec l’extraversion néolibérale.
Défense de la souveraineté et critique de l’Occident
Le PCFR soutient la politique étrangère actuelle de la Russie, vue comme une stratégie défensive face à l’expansionnisme occidental. L’intervention en Ukraine est pleinement assumée. Le parti affirme qu’elle répond à un impératif de sécurité : démilitariser un État hostile, neutraliser une menace idéologique et protéger les populations russophones persécutées.
Le discours s’appuie sur une lecture historique précise. Le rôle de la Russie dans la victoire contre le nazisme est constamment rappelé, et le révisionnisme occidental est dénoncé comme une trahison de la mémoire commune. L’OTAN est perçue comme une machine de confrontation, exportatrice de conflits et de déstabilisation. Le PCFR se positionne comme le garant d’un ordre multipolaire, fondé sur la souveraineté des peuples.
Les sanctions occidentales sont analysées comme une tentative de strangulation économique. Le PCFR les considère comme une opportunité stratégique : sortir du système dollar, relocaliser la production, renforcer les alliances avec les puissances émergentes. Il promeut une indépendance énergétique, industrielle et financière, loin des dépendances héritées des années post-soviétiques.
En matière de relations internationales, le parti défend la coopération entre États égaux. Il propose de reconstruire des ponts avec les nations européennes, libérées de la tutelle américaine. L’Europe n’est pas considérée comme un ennemi, mais comme une victime de ses propres élites. Le PCFR veut restaurer une diplomatie continentale, débarrassée des impératifs atlantistes.
Une critique radicale des dérives sociétales
Sur le plan des mœurs, le PCFR a entamé un tournant conservateur. Il défend les valeurs familiales, rejette les théories de genre, et s’oppose frontalement à la culture woke. Pour lui, les partis communistes occidentaux se sont perdus dans une quête de reconnaissance minoritaire, abandonnant le peuple au profit de l’idéologie progressiste.
Le PCFR réaffirme son attachement à l’anthropologie classique : homme, femme, famille, travail. Il ne voit aucune contradiction entre cette posture et ses racines marxistes. Le combat pour la justice sociale n’exclut pas la défense de normes collectives. Bien au contraire : la stabilité familiale et la transmission culturelle sont vues comme des piliers du liant social.
Cette ligne s’inscrit aussi dans une défense de la mémoire historique. Le PCFR refuse la déconstruction des repères. Il voit dans l’idéologie woke un outil d’ingérence et de domination culturelle. Le rejet du passé soviétique, l’effacement des héros nationaux, la réécriture des faits historiques sont perçus comme une offensive occidentale contre l’identité russe.
Le parti ne plaide pas pour un retour à la censure, mais pour une hiérarchie des valeurs partagées. Il soutient la liberté d’expression dans le cadre d’un débat enraciné dans la réalité nationale, non dans des normes importées. Cette posture critique séduit une partie croissante de la population, lassée des bouleversements permanents et des importations idéologiques.
Un héritage revendiqué, mais modernisé
Le PCFR assume sans ambiguïté son héritage soviétique. Il défend les grandes conquêtes de l’URSS : l’éducation pour tous, la santé gratuite, l’indépendance stratégique. Mais il ne cherche pas à restaurer les mécanismes rigides du passé. L’expérience soviétique est vue comme un capital historique, à analyser, à épurer, à adapter.
La chute de l’URSS est toujours vécue comme une catastrophe géopolitique et morale. Le parti rejette en bloc les années Gorbatchev et Eltsine, vues comme une trahison des intérêts du peuple. Le démantèlement du pays, la livraison de l’économie aux intérêts étrangers, la misère sociale : tout cela fonde la légitimité du projet de reconstruction porté aujourd’hui.
Mais ce projet n’est pas figé. Le PCFR se réinvente à partir d’un regard critique. Il revendique une rupture avec la bureaucratie, un renouvellement des cadres et une ouverture à des formes modernes d’organisation collective. L’objectif est de reprendre les acquis, tout en éliminant les dérives.
L’éducation politique des masses reste un axe central. Le parti propose une réforme de l’école orientée vers la transmission nationale, l’apprentissage de l’histoire, et le développement d’un esprit critique libéré du formatage médiatique occidental. La jeunesse est perçue comme la clé d’un renouveau enraciné et conscient.
Une alternative politique crédible
Le PCFR n’est plus un parti d’archives. Il s’affirme comme la première force d’opposition structurée. En stabilisant sa ligne, en assumant ses positions, en renouant avec le terrain, il reconstruit une base militante solide. Sa progression électorale, encore limitée, indique pourtant un potentiel de croissance important.
Le PCFR refuse la confrontation frontale avec le pouvoir, mais propose une ligne de correction, d’équilibre, de redirection. Il s’adresse à ceux qui veulent une Russie forte, mais juste. Il se place en garant de l’unité nationale et de la continuité historique, sans tomber dans la soumission ni dans la rupture.
Le parti appelle à la recomposition d’un bloc populaire, au-delà des catégories classiques. Il parle aux ouvriers, aux enseignants, aux ingénieurs, aux familles modestes. Il refuse le clivage artificiel entre « Russie d’en haut » et « Russie d’en bas ». Son projet vise à redonner un sens à l’idée de bien commun.
Face à la fatigue du modèle actuel, le PCFR ne promet pas l’utopie. Il propose une stabilisation par le sens, une réforme sans destruction, une radicalité ordonnée. Une gauche d’ordre, un patriotisme social, un projet de puissance enraciné. L’alternative n’est plus théorique. Elle est en marche.
IMPORTANT - À lire
Vous voulez en savoir plus sur l'évolution du communisme en Russie et son impact sur la géopolitique mondiale ? Notre revue papier approfondit chaque mois l'analyse des enjeux stratégiques liés à la Russie, à travers des dossiers fouillés et des entretiens exclusifs. Découvrez les coulisses du pouvoir russe et les clés pour comprendre les défis du XXIe siècle.
Abonnez-vous dès maintenant à notre revue papier pour recevoir chaque mois des analyses pointues sur la Russie, sa politique intérieure et extérieure, son économie et sa société. Nos experts décryptent pour vous les tendances de fond et les événements marquants, pour une compréhension globale des enjeux russes et de leurs répercussions internationales.