Négociations Ukraine-Russie : fin de la guerre sous les conditions de Poutine ?

Poutine propose une rencontre à Zelensky sans conditions : une manœuvre qui redéfinit le rapport de force diplomatique dans la guerre en Ukraine. Poutine propose une rencontre à Zelensky sans conditions : une manœuvre qui redéfinit le rapport de force diplomatique dans la guerre en Ukraine.

🔥 Les essentiels de cette actualité

  • Découvrez l’analyse de Sylvain Ferreira sur l’impact de l’ère industrielle sur les combattants et son livre sur la bataille de Marioupol.
  • François Asselineau, président de l’UPR, défend la sortie de la France de l’UE, de la zone euro et de l’OTAN.
  • Rendez-vous le 13 mai à 7h pour un débat passionnant avec Raphaël Besliu dans La Matinale de GPTV !

Le 13 mai à 7h, Sylvain Ferreira est l’invité de Raphaël Besliu, en direct dans La Matinale de GPTV !

Sylvain Ferreira est un historien militaire français, spécialisé dans l’art de la guerre et son évolution de 1850 à 1945. Il s’intéresse particulièrement à l’impact de l’ère industrielle sur les combattants et a contribué à plusieurs revues d’histoire militaire. Auteur et concepteur de jeux de stratégie, il a récemment publié La bataille de Marioupol : 25 février – 20 mai 2022.

Poutine fixe les règles du jeu

En proposant un dialogue direct à Zelensky, Vladimir Poutine vient de poser les bases d’un processus de paix qui ne dépend plus d’aucune tierce partie. L’initiative du Kremlin, loin d’être une manœuvre improvisée, découle d’une logique cohérente : celle d’un acteur qui contrôle l’agenda. Le sommet de Kiev, en tentant d’imposer un cessez-le-feu unilatéral, a offert à Moscou une opportunité géopolitique. Refuser une trêve imposée, tout en proposant une rencontre sans conditions, permet à la Russie de neutraliser la pression médiatique occidentale tout en prenant la posture du faiseur de paix.

Zelensky n’a pas eu le luxe du choix. En acceptant la proposition russe malgré le refus de cessez-le-feu, il entérine la perte d’autonomie stratégique de l’Ukraine. Poutine impose les conditions du dialogue, choisit le terrain — la Turquie, acteur désormais pivot dans la médiation eurasienne —, et fixe le calendrier. Le président ukrainien se retrouve piégé : soit il rejette l’offre et confirme son isolement, soit il accepte et entre dans un processus où il n’a plus la maîtrise.

Ce basculement illustre un fait capital : la Russie n’a pas besoin de victoire spectaculaire pour imposer ses vues. Elle avance à pas mesurés, selon une grille stratégique long terme. L’armée tient les zones clés, l’économie tourne, le soutien chinois et global du Sud reste ferme. Ce n’est pas l’Ukraine qui négocie, c’est la Russie qui dicte. Le sommet prévu ce jeudi ne sera pas un échange de concessions : ce sera un acte diplomatique de consolidation d’un rapport de force déjà établi.

L’Europe décrédibilisée par son aventurisme

L’ultimatum européen lancé depuis Kiev est une démonstration éclatante d’impuissance stratégique. En exigeant un cessez-le-feu sans condition, les capitales européennes ont voulu jouer les arbitres d’un conflit qu’elles ne contrôlent pas. Pire encore, cette position rigide les a exclues du processus. Moscou ne reconnaît comme interlocuteur valable que Kiev, et à travers lui, Washington et Ankara. L’Union européenne, malgré ses envolées lyriques sur “l’Europe puissance”, est absente des tractations sérieuses.

Le projet d’une “Europe de la paix” sonne creux lorsqu’il s’accompagne d’une course à l’armement sans boussole géopolitique. Les États européens multiplient les budgets militaires tout en perdant leur capacité à influencer le cours réel des événements. Ils parlent d’équilibre, de “valeurs”, de “soutien indéfectible”, mais leur voix pèse peu dans la balance. Poutine ne dialogue pas avec Bruxelles parce que Bruxelles n’est plus crédible. Elle s’est enfermée dans une posture idéologique déconnectée du champ de bataille.

La marginalisation de l’Europe est également due à sa soumission stratégique à l’OTAN, structure dans laquelle elle n’a pas d’autonomie réelle. Tant que la doctrine américaine prédomine, les États européens ne seront que des relais secondaires. Or, même Washington semble aujourd’hui disposé à laisser faire la Russie, à condition qu’une paix relative stabilise le front. L’émergence d’une médiation turco-russe, potentiellement validée par Trump, achève de démontrer que l’Europe ne décide de rien. Elle suit, commente, mais n’agit plus.

La victoire politique de Moscou se confirme

Depuis le début du conflit, l’Occident s’acharne à dépeindre la Russie comme un État en perdition, affaibli par les sanctions, isolé sur la scène internationale. Ce narratif vole en éclats. Aujourd’hui, c’est bien Moscou qui propose la paix, sur ses termes, sans fléchir sur le front militaire. La guerre n’est pas terminée, mais l’issue politique se précise : c’est la Russie qui oriente la suite. La rencontre proposée ne cherche pas la paix dans l’abstrait, mais la reconnaissance concrète d’une victoire stratégique.

L’éventuelle présence de Donald Trump ajoute une dimension tectonique à cette dynamique. En se plaçant comme médiateur, il sape l’autorité de Joe Biden et repositionne les États-Unis dans une posture de négociation directe avec la Russie, court-circuitant les réseaux atlantistes. Trump joue son retour politique sur ce terrain : restaurer un dialogue avec Poutine et acter une paix durable où l’Amérique ne perd pas la face, mais reconnaît la nouvelle donne. Pour le Kremlin, cette configuration est idéale : elle valide ses gains sans renoncer à rien.

Selon Sylvain Ferreira, cette guerre est déjà soldée sur le plan stratégique. La Russie a tenu bon, façonné une réalité territoriale et diplomatique, et désintégré les illusions occidentales sur un renversement possible. L’Ukraine, affaiblie et partiellement détruite, devra composer avec un avenir négocié sous tutelle. Les Occidentaux, eux, doivent accepter ce qu’ils refusaient de voir : la Russie a gagné, non par bluff ou par surprise, mais par une lecture claire des rapports de force réels et durables.

IMPORTANT - À lire

Si vous souhaitez approfondir les analyses sur l'actualité et la géopolitique, notre revue papier mensuelle est faite pour vous. Chaque mois, nous explorons en détail des sujets connexes à ceux abordés par Sylvain Ferreira et François Asselineau, deux experts reconnus dans leurs domaines respectifs.

Plongez au cœur des enjeux stratégiques et politiques qui façonnent notre monde, grâce à des articles fouillés et des points de vue éclairés. Notre revue vous offre une perspective unique et nuancée sur les événements marquants de notre époque. Abonnez-vous dès maintenant pour ne rien manquer de nos analyses exclusives !


Participez au débat, et partagez votre opinion !

Faites avancer la discussion en donnant votre avis à la communauté.

Ajouter un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *