🔥 Les essentiels de cette actualité
- Le 29 juin, Franck Thomas, Aude Legrand et Bruno Quenioux discutent du déclin du vin en France sur Géopolitique Profonde.
- La consommation de vin chute de 120 à 40 litres par habitant en 60 ans, signe d’un effondrement culturel.
- Les jeunes préfèrent les boissons sans alcool, perçant le vin comme « compliqué » et « dépassé ».
- Le rejet du vin reflète une société qui s’auto-anesthésie, remplaçant la convivialité par l’individualisme sanitaire.
Le 29 juin à 19h, Franck Thomas, Aude Legrand et Bruno Quenioux sont les invités de La Grande Émission animée par Nicolas Stoquer en direct sur Géopolitique Profonde.
Franck Thomas, Meilleur Sommelier de France, d’Europe et Meilleur Ouvrier de France, est un expert reconnu du vin et un pionnier de la dégustation intuitive et géo-sensorielle. Après une carrière dans la haute gastronomie mondiale, ses voyages au Japon et en Inde ont nourri sa réflexion sur le lien entre matière, énergie et émotion. À la tête de Franck Thomas Formation, il forme sommeliers et passionnés en redonnant au vin sa dimension symbolique et culturelle. Face à la chute de la consommation, il plaide pour un retour à l’émotion, à la mémoire vivante des terroirs, et à une expérience sensorielle profonde. Pour lui, le vin est un fil sacré entre l’homme, la nature et l’histoire.
Aude Legrand, Maître Caviste et directrice du Chemin des Vignes, perpétue une maison familiale centenaire avec passion et finesse. Formée au restaurant étoilé The Fat Duck et passée par Lavinia, elle revendique une approche à la fois sensible, humaine et ancrée dans l’histoire. Son parcours, entre héritage et indépendance, l’a menée à faire du caviste un acteur culturel, à l’écoute des vignerons et des clients. Elle valorise le lien humain, la transmission et le respect du terroir, tout en intégrant les nouveaux usages. Engagée dans une démarche durable et authentique, elle incarne la relève féminine et inspirée du monde du vin.
Bruno Quenioux, sommelier et fondateur de la cave PhiloVino à Paris, est un pionnier de la redécouverte des vins vivants, bio et biodynamiques. Fils de vigneron, passé par les Caves Legrand et les Galeries Lafayette Gourmet, il s’est imposé comme un dénicheur de crus vibrants et sincères, loin des standards industriels. Récompensé par Gault & Millau et nommé Chevalier des Arts et des Lettres, il défend une approche du vin philosophique et énergétique, mêlant matière, émotion et mystique. Auteur de La Vie Mystérieuse du Vin, il milite pour une gustation vivante et une transmission culturelle profonde, plaçant le vin au cœur du lien entre l’homme, le terroir et le sacré.
La chute programmée d’un pilier culturel
La France ne boit plus. La patrie du vin se détourne de son élixir fondateur. En soixante ans, la consommation annuelle par habitant a fondu de 120 à 40 litres. Cette désintégration ne touche pas seulement l’économie viticole : elle signe l’effondrement d’une culture, d’un art de vivre, d’un rapport au temps, à la terre et à la mémoire. Le vin n’est pas un produit, c’est un langage. Le saborder revient à détruire un patrimoine millénaire ancré dans chaque village, chaque terroir, chaque repas de famille. Ce n’est pas un choix de consommation, c’est une rupture civilisationnelle.
Les jeunes ne veulent plus du vin. Ils le trouvent “compliqué”, “obscur”, “dépassé”. Ils lui préfèrent l’eau minérale, les cocktails sans alcool, ou pire, les limonades estampillées “expérience gustative”. Les restaurants gastronomiques se plient à cette norme aseptisée : grands crus remplacés par infusions tièdes. Même les sommeliers cèdent, renonçant à l’accord mets-vins pour satisfaire une clientèle “inclusive”. On n’éduque plus le palais. On le neutralise. Boire du vin devient un acte de transgression, un vestige d’une époque où le goût primait sur la norme sanitaire.
L’idéologie hygiéniste au cœur du déracinement
La logique est implacable : on désalcoolise les esprits comme on euthanasie les corps. Moins d’ivresse, plus de contrôle. Moins de liens, plus de procédures. Le rejet du vin n’est pas un phénomène isolé, mais le prélude d’une société qui s’auto-anesthésie. Le vin a toujours été un vecteur de lien social, un catalyseur de convivialité, un langage silencieux entre les générations, entre les classes, entre les régions.
Le remplacer par des eaux aromatisées ou des jus d’herbes, c’est remplacer la communion par l’individualisme sanitaire. La loi sur la fin de vie, présentée comme une avancée humaniste, incarne la conclusion morbide de cette trajectoire. Après avoir vidé l’existence de ses plaisirs, de ses rituels partagés, il ne reste plus qu’à en gérer la sortie, proprement, administrativement, sans éclats. La sobriété intégrale mène à une mort programmée, sans désordre, sans transcendance. La fin du vin n’annonce pas une société plus saine, mais une société déjà morte.
La transmission rompue, le terroir abandonné
La faute incombe aussi aux gardiens du temple. Les vétérans de l’œnologie ont déserté leur poste. Incapables d’initier la jeunesse, de simplifier sans trahir, d’incarner sans folkloriser. Ils ont laissé s’installer le désintérêt, l’ignorance, le mépris. La viticulture, trop souvent repliée sur ses codes, ses étiquettes, ses rituels, n’a pas su faire aimer ce qu’elle prétend défendre. Elle s’est enfermée dans ses chais, alors que le monde changeait de verre. L’abandon est d’abord intérieur, avant d’être imposé de l’extérieur.
Face à cette hémorragie culturelle, l’heure n’est pas à la réforme tiède. Il faut rallumer la flamme. Le vin ne peut survivre que comme expérience entière, initiatique, partagée. Il faut réapprendre à boire, non pas pour fuir, mais pour ressentir. Redonner au vin sa dimension éducative, existentielle. Résister à la fadeur, c’est résister à l’effacement. Défendre le vin, c’est défendre l’Homme enraciné.
IMPORTANT - À lire
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Réapprenez à boire, non pas pour fuir, mais pour ressentir. Notre revue vous invite à renouer avec la dimension initiatique et existentielle du vin. Résistez à la fadeur ambiante et plongez dans un univers de goût, d'audace et d'enracinement. Rejoignez notre communauté de passionnés.