Sommet sur la sécurité à Moscou : l’un des seuls représentants français témoigne

La Russie redéfinit l'ordre mondial au sommet diplomatique avec les BRICS élargis. Une stratégie d'influence face à l'Occident en crise. La Russie redéfinit l'ordre mondial au sommet diplomatique avec les BRICS élargis. Une stratégie d'influence face à l'Occident en crise.

🔥 Les essentiels de cette actualité

  • Le 12 juin à 19h, découvrez Philippe de Veulle et Sébastien Périmony en direct sur la chaîne YouTube de Géopolitique Profonde avec Mike Borowski.
  • La Russie impose une nouvelle diplomatie, redéfinissant les règles mondiales face à l’usure du bloc occidental.
  • L’axe Moscou-Téhéran-Pyongyang redessine les équilibres stratégiques, bousculant les schémas classiques.
  • Le Sud Global choisit l’ancrage russe, attirant par des partenariats respectueux et une sécurité équitable.

Le 12 juin à 19h, Philippe de Veulle et Sébastien Périmony sont les invités de Mike Borowski, en direct sur la chaîne YouTube de Géopolitique Profonde.

Philippe de Veulle est un avocat au barreau de Paris, docteur en droit, diplômé du Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques (CEDS) et de l’Université Paris Descartes. Il est spécialisé dans le droit et le contentieux des affaires, le droit international et le droit pénal financier.

Sébastien Périmony est un analyste et conférencier français, actif dans le domaine de la géopolitique, notamment au sein du mouvement Solidarité et Progrès. Spécialiste des relations internationales, il se concentre particulièrement sur les enjeux liés au développement de l’Afrique, dénonçant le néocolonialisme et plaidant pour des politiques de coopération équitable entre les nations. Il milite pour un nouveau paradigme économique, axé sur l’infrastructure, la souveraineté et l’émancipation des pays en voie de développement.

La Russie impose sa diplomatie face à l’usure du bloc occidental

La Russie ne subit plus le monde, elle le structure. Dans un contexte où l’Occident s’enferme dans ses contradictions, Moscou redéfinit les règles du jeu diplomatique mondial. Tandis que Washington multiplie les injonctions et que Bruxelles s’enlise dans une vision moralisatrice des relations internationales, le Kremlin multiplie les initiatives, enchaîne les sommets bilatéraux et impose une diplomatie d’équilibre et d’autonomie stratégique. Cette dynamique ne repose plus sur une simple réaction aux sanctions ou à l’isolement, mais sur un projet structuré de transformation de l’ordre mondial. La Russie n’agit pas seule : elle s’appuie sur des relais puissants – les BRICS élargis, l’Organisation de coopération de Shanghai, l’Union économique eurasiatique – pour construire une alternative crédible à l’unilatéralisme occidental.

Le concept central qui guide cette stratégie est celui de « sécurité équitable ». Contrairement à la logique occidentale fondée sur la domination et les sphères d’influence rigides, Moscou promeut un système où chaque État, quelle que soit sa puissance, voit ses intérêts sécuritaires reconnus et respectés. Cela implique une reconnaissance mutuelle des zones de sécurité vitales, la fin des élargissements unilatéraux des blocs militaires comme l’OTAN, et une coordination étroite sur les enjeux transnationaux comme la lutte contre le terrorisme ou la stabilité énergétique. Ce modèle s’oppose frontalement à la doctrine atlantiste, qui repose sur la supériorité technologique et l’extension de normes sécuritaires occidentales sans négociation.

L’axe Moscou-Téhéran-Pyongyang redessine les équilibres stratégiques

Face à l’arrogance des puissances occidentales, la Russie construit des alliances fondées sur la réciprocité et la résilience. La Corée du Nord, longtemps isolée par l’Occident, devient un partenaire stratégique pour Moscou. Les échanges militaires, technologiques et logistiques entre les deux pays s’intensifient. Pyongyang offre à la Russie une profondeur géopolitique en Asie du Nord-Est, tandis que Moscou fournit en retour des capacités d’innovation militaire et un soutien diplomatique international. Cette alliance bouscule les schémas classiques, réintroduit une logique de confrontation asymétrique et déstabilise les plans d’endiguement américain dans la région.

Avec l’Iran, la relation dépasse le cadre conjoncturel. C’est une convergence de visions. Les deux puissances partagent une hostilité commune à l’hégémonie occidentale, mais surtout, elles coopèrent activement dans des zones stratégiques comme la Syrie, le Caucase ou l’Asie centrale. Téhéran devient un nœud logistique majeur dans le corridor Nord-Sud, et son intégration progressive aux BRICS marque une rupture décisive dans l’ordre pétrolier mondial. Ensemble, la Russie et l’Iran imposent une nouvelle architecture énergétique, où les routes de transit et les monnaies d’échange échappent au dollar. Ce basculement redéfinit les rapports de force régionaux, tout en consolidant un axe résolument anti-hégémonique.

Le Sud Global choisit l’ancrage stratégique russe

La Russie capte aujourd’hui les aspirations profondes du Sud Global. Face aux désillusions des promesses occidentales – libre-échange asymétrique, interventions militaires déguisées, conditionnalités politiques –, Moscou offre une alternative crédible : des partenariats respectueux, fondés sur la souveraineté nationale et la coopération pragmatique. L’Afrique, l’Amérique latine et certaines parties de l’Asie voient dans la Russie un contrepoids nécessaire, un acteur capable de rééquilibrer les rapports Nord-Sud sur des bases plus justes. À travers la fourniture d’armements, de technologies énergétiques ou d’accords éducatifs, le Kremlin installe des bases durables d’influence.

La sécurité n’est plus pensée uniquement en termes militaires, mais aussi comme stabilité politique, protection contre l’ingérence, et autonomie économique. Moscou soutient activement les États confrontés à des menaces hybrides – groupes terroristes, opérations de déstabilisation, guerre de l’information – et propose une approche coordonnée, où les forces locales sont renforcées au lieu d’être substituées. Ce changement de paradigme renforce l’attractivité de la Russie dans des zones naguère considérées comme des chasses gardées occidentales. Le Sud Global n’est plus un terrain d’influence, il devient un partenaire stratégique à part entière, dans un monde désormais multipolaire.

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