Chantiers de Trump : ce qu’il ne faut surtout pas négliger

Le 2 mai à 7h, Marc-Gabriel Draghi, Thierry Meyssan, Jean-Michel Jacquemin Raffestin et Gilles Lartigot sont les invités de La Matinale animée par Nicolas Stoquer en direct sur Géopolitique Profonde.

Marc Gabriel Draghi est un juriste français spécialisé dans l’histoire du droit. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la question monétaire et l’histoire du capitalisme, dont « Le règne des marchands du temple », « Le grand reset en marche ! » et « La Grande Narration : Vers la mort des Nations. » Il dénonce les dangers du projet du Forum économique mondial, qu’il considère comme une tentative de soumettre l’humanité à une élite mondialiste.

Thierry Meyssan est un écrivain et journaliste français, connu pour ses positions controversées sur les attentats du 11 septembre 2001. Président-fondateur du Réseau Voltaire, il a acquis une notoriété internationale avec la publication de « L’Effroyable Imposture » , ouvrage dans lequel il remet en question la version officielle des événements de 9/11.

Jean-Michel Jacquemin Raffestin est un essayiste et analyste réputé, spécialisé dans les enjeux de société et de géopolitique, connu pour son style incisif et sans concession. Dans son dernier ouvrage, Ne leur pardonnez pas, ils savent ce qu’ils font – Volume 3, il poursuit sa critique des élites et des structures de pouvoir, dénonçant les manipulations et les dérives politiques qui influencent et dirigent les décisions de nos sociétés contemporaines.

Gilles Lartigot est un auteur et conférencier français, reconnu pour son militantisme en faveur d’une consommation alimentaire saine et consciente. Il est particulièrement connu pour son ouvrage « EAT – Chronique d’un fauve dans la jungle alimentaire » , publié en septembre 2013 et « EAT 2 – Des morts et des vivants » , et encore plus récemment « La jungle alimentaire. »

Trump déstabilise pour mieux imposer sa vision

Derrière les frasques médiatiques et les provocations calculées, Donald Trump suit une ligne directrice d’une redoutable cohérence : imposer une transition brutale entre l’ancien ordre mondial et un nouveau paradigme économique et géopolitique.

Ce n’est pas un chaos désorganisé, mais une stratégie maîtrisée issue de sa propre doctrine : déstabiliser pour négocier. Loin d’être erratiques, ses décisions forment une architecture de choc, pensée pour contraindre ses interlocuteurs à renégocier les termes de la mondialisation. Il utilise le levier des droits de douane non pas pour punir, mais pour repositionner les États-Unis comme le cœur manufacturier du monde occidental.

La guerre commerciale qu’il a déclenchée n’est que l’expression visible d’un affrontement idéologique plus vaste. Trump cible une globalisation conçue pour favoriser les chaînes d’assemblage déterritorialisées, où la création de valeur est éclatée sur plusieurs continents.

Il tranche avec cette logique, en défendant un capitalisme enraciné, producteur, capable de reconstruire une souveraineté industrielle complète. En imposant le retour des chaînes de production aux États-Unis, il ne cherche pas seulement à créer de l’emploi : il prépare l’autonomie stratégique de l’Occident face à un monde multipolaire.

Deux capitalismes en guerre

Ce que les médias dominants refusent de voir, c’est que la première guerre commerciale mondiale ne se joue pas entre nations, mais entre deux modèles économiques. Le modèle américain des années 1990, celui des assembleurs mondiaux, s’oppose désormais à celui des producteurs enracinés que Trump défend. Le cœur de cette guerre est la bataille pour le contrôle des chaînes de valeur.

D’un côté, les multinationales qui prospèrent sur la délocalisation, l’interdépendance et la fragmentation industrielle. De l’autre, une vision où chaque État doit pouvoir redevenir producteur intégral, capable d’innover, de transformer et de livrer par lui-même.

Trump renverse le paradigme. Il n’attaque pas la Chine pour ce qu’elle est, mais pour ce qu’elle incarne : un maillon central dans le système d’assemblage global. Ce n’est pas l’Empire du Milieu qui est ciblé, mais le rôle qu’il joue dans un capitalisme mondialisé que Trump considère comme toxique pour les classes moyennes américaines.

Il oppose à cela un capitalisme national, centré sur la résilience industrielle, le réinvestissement local et la fin du libre-échange unilatéral. C’est une rupture historique avec les fondements du globalisme post-guerre froide.

Vers une recomposition totale de l’ordre mondial

Trump agit en stratège de la disruption : en remettant en cause le récit officiel du 11 septembre, il attaque l’un des piliers du consentement occidental à l’ordre établi. En questionnant cet événement, il ne vise pas uniquement la vérité historique : il cherche à démontrer que l’Amérique a été dévoyée de l’intérieur, que son déclin n’est pas dû à des ennemis extérieurs, mais à des trahisons systémiques.

Il enclenche ainsi une réappropriation de l’histoire, un réarmement moral et politique qui prépare une rupture avec l’establishment sécuritaire et financier.

Nous assistons à une guerre totale : guerre de l’information, guerre des récits, guerre des modèles. Chaque déclaration, chaque tweet, chaque décret de Trump est une salve dans un conflit de civilisations au sein même de l’Occident. Il oppose une élite mondialisée à un peuple dépossédé, un État profond à une nation souveraine, un vieux monde sous contrôle à un monde nouveau encore à bâtir.

C’est un basculement géopolitique profond, orchestré par un homme qui, derrière la caricature, avance ses pions avec une méthode implacable.