Le 25 février à 7h, Sylvain Ferreira et François Martin sont les invités de La Matinale animée par Nicolas Stoquer et Raphaël Besliu en direct sur Géopolitique Profonde.
Sylvain Ferreira est un historien militaire français, spécialisé dans l’art de la guerre et son évolution de 1850 à 1945. Il s’intéresse particulièrement à l’impact de l’ère industrielle sur les combattants et a contribué à plusieurs revues d’histoire militaire. Auteur et concepteur de jeux de stratégie, il a récemment publié La bataille de Marioupol : 25 février – 20 mai 2022.
François Martin est un géopolitologue, journaliste et essayiste français, diplômé de l’ESSEC et de l’EMBA HEC, et auditeur de l’IHEDN et de l’INHESJ. Avec une carrière de 40 ans dans le commerce international de l’alimentaire, il a acquis une expérience considérable sur plus de 100 pays et maîtrise six langues et est connu pour ses analyses pénétrantes sur des sujets internationaux complexes.
Un réalignement stratégique entre Washington, Moscou et Ryad
Trump ne cherche plus à imposer un ordre mondial fondé sur des idéaux universalistes. Il privilégie des négociations directes avec les puissances qui comptent. La Russie, longtemps diabolisée par l’establishment américain, redevient un interlocuteur privilégié. Moscou et Washington trouvent un terrain d’entente, notamment sur la gestion du Proche-Orient et la stabilité énergétique mondiale. L’Arabie saoudite, pilier de l’influence américaine dans le Golfe, est également intégrée dans cette recomposition stratégique.
Ce changement d’approche met les Européens sur le banc de touche, encore englués dans une vision idéologique du monde. Bruxelles continue d’imposer des sanctions à Moscou, s’accrochant désespérément aux dogmes néoconservateurs dictés par Washington sous les précédentes administrations. Mais Trump, lui, ne joue plus ce jeu. Il impose un retour au bilatéralisme, traitant directement avec la Russie et les monarchies du Golfe sans passer par des alliances obsolètes. Les Européens, privés de leur tuteur américain, apparaissent plus isolés que jamais.
Le Proche-Orient : vers un lâchage d’Israël ?
L’une des évolutions les plus spectaculaires pourrait concerner le Proche-Orient. Depuis des décennies, Israël bénéficiait d’un soutien inconditionnel de Washington, mais la donne pourrait changer. L’échec militaire et moral d’Israël face au Hamas commence à fissurer l’édifice. Sur le terrain de la communication, le Hamas a remporté une victoire écrasante : l’opinion publique mondiale se détourne progressivement d’Israël, et même à l’intérieur du pays, le doute s’installe.
Trump, pragmatique et soucieux de son image, pourrait juger que le soutien aveugle à Israël n’est plus viable. Si l’État hébreu apparaît comme un fardeau stratégique, il n’hésitera pas à revoir les termes de l’alliance. Les tensions internes en Israël, entre une population de plus en plus désabusée et une classe dirigeante en perte de contrôle, pourraient accélérer ce basculement. Loin des calculs idéologiques des néoconservateurs, Trump analyse la situation sous un prisme purement transactionnel : Israël reste-t-il un atout ou devient-il un handicap ? La réponse pourrait sceller le sort de cette alliance historique.
L’Afrique se libère de la prédation occidentale
L’impact du changement de cap de Washington se fait également sentir en Afrique. Pendant des décennies, les Anglo-Américains, souvent en collaboration avec Israël, ont pillé les ressources du continent grâce à des élites locales corrompues. Mais cette mécanique bien huilée commence à se gripper. En République démocratique du Congo, l’un des bastions de cette prédation, un ministre rwandais clé, fidèle serviteur des intérêts anglo-saxons, vient d’être sanctionné par l’administration Trump.
Ce signal marque une rupture. Contrairement aux administrations précédentes, Trump ne semble plus vouloir couvrir les opérations de prédation menées sous l’égide de Washington. Les anciennes marionnettes de l’Occident en Afrique commencent à perdre leur immunité. Cette évolution remet en cause les réseaux d’influence qui dominaient le continent depuis des décennies. Les Européens, qui comptaient sur cette domination pour sécuriser leur approvisionnement en matières premières, se retrouvent une fois de plus piégés par leur dépendance.
L’Europe abandonnée face à ses contradictions
Dans ce nouveau contexte, les Européens apparaissent comme les grands perdants. Pendant des décennies, ils ont suivi aveuglément la doctrine mondialiste imposée par Washington, croyant que l’uniformisation des valeurs et des normes leur assurerait une domination pérenne. Mais Trump brise cette illusion. Il privilégie les rapports de force réels et abandonne les alliés jugés trop faibles ou inutiles.
Face à la montée de nouvelles puissances, l’Europe s’accroche désespérément à des principes qui ne fonctionnent plus. Son engagement en Ukraine devient un fardeau sans issue, sa posture moralisatrice au Proche-Orient la coupe de nombreux partenaires stratégiques, et sa dépendance énergétique la rend vulnérable. Loin de prendre conscience de cette nouvelle réalité, les élites européennes persistent dans leur fuite en avant, refusant d’admettre que l’ère de la domination occidentale touche à sa fin.
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