Le 26 mai à 19h, découvrez l’entretien exclusif entre Alexey Pouchkov et Thierry Thodinor, tourné à Moscou à l’occasion des cérémonies du 9 mai 2025, pour lesquelles une équipe de Géopolitique Profonde a fait le déplacement.
Alexeï Pouchkov est sénateur, président de la Commission pour l’information et les médias au Conseil de la Fédération de Russie. Fin connaisseur des relations internationales, il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont “Le jeu russe sur l’échiquier mondial”, dans lequel il expose la stratégie géopolitique de la Russie face à l’Occident. Son parcours incarne le lien entre diplomatie, information et influence.
Thierry Thodinor est un économiste et journaliste indépendant français, ancien fonctionnaire international. Il est reconnu pour ses analyses critiques des dynamiques géopolitiques contemporaines, notamment en ce qui concerne la Russie, l’Ukraine et les relations entre l’Occident et le monde multipolaire. Collaborateur régulier de la revue Éléments, il a également publié des articles dans la Revue Méthode, abordant des sujets tels que le conflit dans le Donbass. En 2024, Thodinor a mené une mission d’information dans le Donbass avec une équipe de journalistes internationaux, offrant des témoignages sur la situation sécuritaire, économique et sociale dans les territoires libérés de cette région. Il intervient régulièrement dans des médias tels que Sputnik Afrique et RT France, où il partage ses analyses sur les évolutions politiques en France et en Europe.
Trump face à l’hégémonie occidentale : une alternative stratégique ?
L’Occident a fait un pari dangereux en imposant un ordre mondial unipolaire après l’effondrement de l’URSS. En étendant l’OTAN jusqu’aux frontières russes, les élites occidentales ont ignoré les avertissements clairs de Moscou : cet élargissement entraînerait une confrontation majeure.
Pouchkov est catégorique : la fracture est née en Géorgie, lorsque Saakachvili, pion de l’Occident, bombarde l’Ossétie du Sud. C’est le point de non-retour. Dick Cheney, alors vice-président américain, pousse à l’isolement total de la Russie. Une stratégie d’encerclement, un mépris souverain pour les équilibres géopolitiques.
Cette logique se poursuit en Libye, en Syrie, dans les révolutions colorées, jusqu’aux printemps arabes. Tous les régimes peu dociles sont renversés ou déstabilisés. Les États-Unis, en collaboration avec leurs alliés européens, ne visent pas la démocratie, mais l’obéissance.
Ce nouvel ordre ne repose sur aucune légitimité onusienne, seulement sur la loi du plus fort. L’Ukraine devient l’ultime front de cette volonté de domination. La guerre n’est pas née en 2022, elle est l’aboutissement d’un long processus de subversion, de pressions et d’extension hégémonique.
L’élite occidentale contre ses peuples
Ce ne sont pas les peuples européens qui veulent la guerre. Ce sont leurs dirigeants, cette caste mondialisée, hors-sol, qui joue son pouvoir dans le destin de l’Ukraine. Leur pari est risqué : en perdant cette guerre, ils perdent leur légitimité, leur pouvoir, leur emprise sur l’opinion.
Macron, Scholz, Starmer : tous frappés par une impopularité massive. Ils savent que la Russie ne sera pas vaincue. Et pourtant, ils persistent. Aveuglés par leur hubris, ils refusent l’évidence stratégique : on ne soumet pas la Russie.
Pouchkov le martèle : le conflit n’est pas avec les peuples, il est avec l’élite. Cette élite confisque les intérêts nationaux, impose une ligne atlantiste sans débat, sans alternative. La fracture est profonde. Le peuple ne veut ni guerre, ni escalade. Mais les dirigeants, eux, accélèrent. Verbalisme hystérique, menaces nucléaires à peine voilées, jusqu’à l’absurde.
Face à cette fuite en avant, Trump apporte un contraste radical : il retire les États-Unis du bourbier ukrainien, comprend que la paix vaut mieux qu’un affrontement nucléaire avec Moscou. Un réalisme salutaire, que l’Europe refuse.
Ukraine, Russie, Trump : vers un monde multipolaire en rupture avec l’Occident
Le monde ne veut plus du monopole occidental. Les BRICS s’affirment comme un contre-pouvoir structurant, un pôle alternatif fondé sur la souveraineté, la coopération, le refus des diktats. L’ordre unipolaire touche à sa fin. L’Occident perd du terrain sur tous les fronts : politique, militaire, économique. Même le dollar, pierre angulaire du système, est fragilisé.
En l’utilisant comme arme politique, en gelant les avoirs russes, les États-Unis sapent la confiance mondiale. Trump, une fois de plus, voit le danger : un dollar politisé est un dollar en sursis.
Cette déconnexion entre élites et peuples, entre dirigeants et réalités géostratégiques, condamne l’Europe à la marginalisation. Le temps est venu d’un retournement. La Russie ne cherche pas la domination, elle veut la coopération. Le message de Pouchkov est clair : la renaissance des relations russo-européennes est non seulement possible, mais nécessaire.
Il faut briser l’emprise des idéologues et renouer avec le réel. La paix passe par l’acceptation du monde tel qu’il est devenu : multipolaire, complexe, interdépendant. Ce n’est pas une défaite, c’est une opportunité.
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