De journaliste à soldat : il survit par miracle à un attentat à la bombe

Portrait de Zakhar Prilepine, écrivain engagé dans la guerre du Donbass, figure clé du camp pro-russe et voix radicale contre l’Occident. Portrait de Zakhar Prilepine, écrivain engagé dans la guerre du Donbass, figure clé du camp pro-russe et voix radicale contre l’Occident.

🔥 Les essentiels de cette actualité

  • Le 20 juillet à 19h, découvrez l’entretien exclusif de Zakhar Prilepine sur Géopolitique Profonde. Écrivain et ancien militaire, il survit miraculeusement à un attentat en 2023.
  • Prilepine, engagé dans la guerre du Donbass depuis 2014, incarne la fusion entre littérature et combat armé. Il appelle à une rupture révolutionnaire contre le libéralisme.
  • Pour lui, le Donbass est le symbole d’un affrontement idéologique global contre le capitalisme et la domination occidentale. Il critique la couverture médiatique biaisée de la guerre.
  • Il prône une révolution post-soviétique, inspirée par Lénine, et rejette le capitalisme russe. Prilepine appelle à des alliances avec des pays comme la Corée du Nord et le Venezuela.

Le 20 juillet à 19h, découvrez l’entretien inédit de Zakhar Prilepine, réalisé en Russie et exclusivement sur Géopolitique Profonde !

Zakhar Prilepine est un écrivain, officier et militant politique russe. Ancien membre des forces spéciales de l’Omon et figure littéraire reconnue, il s’engage activement dans la guerre du Donbass dès 2014, devenant commandant adjoint d’un bataillon de la République populaire de Donetsk et proche conseiller de Zakhartchenko.

Connu pour son nationalisme radical, son style percutant et ses positions anti-occidentales assumées, il incarne la synthèse entre plume militante et action armée. Cible d’un attentat en 2023, il survit et poursuit son combat idéologique, appelant à une rupture révolutionnaire contre le libéralisme et le globalisme.

Prilepine : l’écrivain qui a choisi la guerre

Zakhar Prilepine n’est pas un intellectuel de salon. Il ne commente pas les conflits depuis la sécurité d’un bureau à Moscou. Dès 2014, il choisit de s’immerger dans la guerre du Donbass, abandonnant la critique littéraire pour les combats réels. Officier dans une unité combattante, conseiller direct d’Alexandre Zakhartchenko, il devient une figure centrale de la rébellion pro-russe. Il ne prétend pas analyser la guerre : il la vit, il la pense, il la prolonge. Pour lui, le Donbass n’est pas une question géopolitique abstraite, c’est une ligne de fracture existentielle entre deux visions du monde.

Ce qui distingue Prilepine, c’est sa proximité avec les hommes du terrain. Il décrit avec précision une insurrection populaire composée de mineurs, de retraités, d’étudiants, prêts à tout pour défendre leur territoire contre les injonctions des oligarques ukrainiens. Rinat Akhmetov, magnat local, aurait tenté de désamorcer la révolte par l’argent. Zakhartchenko refusa. Ce refus a, selon Prilepine, enclenché une dynamique irréversible. La guerre du Donbass devenait un séisme mondial. La tentative d’assassinat qu’il subit en 2023, orchestrée selon lui par les services ukrainiens, ne fait que renforcer sa conviction : il est encore en vie pour porter une voix, un projet, une idéologie.

Le Donbass comme matrice d’une guerre globale

Prilepine ne parle jamais du Donbass comme d’un simple théâtre militaire. Il y voit la cristallisation d’un combat idéologique. Ce n’est pas seulement une guerre entre deux États, mais un soulèvement contre l’ordre global capitaliste, un système qu’il accuse de mensonge médiatique, de domination systémique et d’effondrement moral. Pour lui, l’Occident ne défend pas la démocratie, il défend un modèle impérial déguisé, soutenu par une machine de propagande mondiale. Il cite la Grèce, l’Amérique latine, l’Afrique : autant de terrains où les peuples ont tenté de résister à cette domination — et se sont retrouvés seuls.

Dans ses discours, il rejette l’idée d’une neutralité de la presse internationale. Il accuse les journalistes occidentaux de dissimuler volontairement les crimes de Kiev, tout en diabolisant la Russie. Il appelle les journalistes chinois à venir sur le terrain pour documenter une vérité étouffée. Lors d’une conférence à Paris, pris à partie par des militants ukrainiens, il affirme que le public français lui donna raison, preuve que la vérité peut encore percer les murs de la propagande. Il défend une parole libre, radicale, désoccidentalisée. Une presse qui ose dire que la guerre du Donbass n’est pas un conflit régional, mais le point d’orgue d’un affrontement de civilisations.

Une révolution post-soviétique en gestation

Politiquement, Prilepine n’est pas un poutinien. Il considère Vladimir Poutine comme un président libéral, occidentaliste et soumis aux lois du marché. Il ne cache pas son mépris pour le capitalisme russe post-soviétique. Il appelle à une bascule révolutionnaire, socialiste, nationalement ancrée, internationalement connectée. Pour lui, la véritable matrice géopolitique reste Lénine, non pas comme icône muséifiée, mais comme stratège mondial. Il moque la tentative actuelle du Kremlin de réhabiliter Staline en tsar orthodoxe, en gommant ses racines marxistes. Il rappelle que Lénine dominait intellectuellement Staline, Mao, Trotski, et que c’est lui qui lança la dynamique mondiale qui permit les indépendances en Asie et en Afrique.

Il voit dans la chute de l’URSS le péché originel du monde contemporain. L’équilibre planétaire s’est effondré, ouvrant la voie à la montée du néofascisme, à la réactivation du colonialisme, et à une série interminable de guerres par procuration. L’ordre unipolaire né après 1991 est selon lui illégitime, instable, fondamentalement violent. Contre cet ordre, il appelle à des alliances stratégiques claires : avec la Corée du Nord, le Venezuela, Cuba, le Nicaragua. Il souligne que, sur le terrain du Donbass, seuls les gauchistes latino-américains prennent les armes aux côtés des milices populaires — alors que les volontaires étrangers pro-Ukraine viennent presque exclusivement de l’extrême droite.

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