🔥 Les essentiels de cette actualité
- Découvrez l’entretien exclusif de Maria Zakharova par Lara Stam sur Géopolitique Profonde, le 31 mai à 19h. Une discussion incisive sur la diplomatie russe.
- Zakharova défend l’intervention en Ukraine comme une stratégie défensive contre l’expansion de l’OTAN. Un récit sans nuance sur la souveraineté russe.
- Elle accuse l’Occident d’hypocrisie et de censure, dénonçant une guerre de l’information orchestrée par les plateformes numériques. Une bataille pour la vérité.
- Zakharova critique la théâtralisation politique de Macron et la parité imposée en diplomatie française. Des symboles de déliquescence selon elle.
Le 31 mai à 19h, découvrez l’entretien exceptionnel de Maria Zakharova par Lara Stam, réalisé en Russie, exclusivement sur Géopolitique Profonde !
Maria Zakharova est la porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie depuis 2015. Première femme à occuper ce poste, elle s’est imposée par un style de communication direct, incisif et souvent provocateur. Réputée pour sa maîtrise des médias et des réseaux sociaux, elle incarne une diplomatie russe décomplexée, en rupture avec les codes traditionnels de la communication internationale. Ses prises de parole, très suivies, mêlent stratégie, ironie et attaque frontale des positions occidentales.
Lara Stam est chroniqueuse et animatrice, passée par Radio Courtoisie avant de rejoindre Géopolitique Profonde et GPTV. Spécialiste des questions de souveraineté et d’indépendance géopolitique, elle décrypte avec un ton incisif les crises internationales et les rapports de force mondiaux. Elle traite notamment des conflits oubliés (Arménie-Haut-Karabagh) et des enjeux multipolaires. Sur GPTV, elle a animé une émission nocturne, « Un Soir avec Lara », et contribue à d’autres formats comme « La Grande émission » sur GPTV et « Le Libre Journal de Géopolitique Profonde » sur Radio Courtoisie.
Narratif russe : une légitimation assumée
Maria Zakharova ne tergiverse pas : l’intervention militaire russe en Ukraine relève d’une stratégie défensive pleinement assumée. Elle évoque une nécessité géopolitique, une riposte à l’expansion ininterrompue de l’OTAN vers l’Est, perçue comme une agression directe contre la souveraineté russe. Ce récit ne tolère aucune nuance. L’Ukraine est décrite comme une zone d’influence que l’Occident tente de détacher du monde russe par des moyens politiques, culturels et militaires. La Russie, dit-elle, protège un espace vital, non seulement territorial mais aussi historique et civilisationnel.
La terminologie employée, notamment la « dénazification », n’est pas le fruit du hasard. Elle ancre l’opération dans une mémoire collective soviétique, évoquant le combat sacré contre le nazisme. Cette rhétorique vise à cristalliser un sentiment patriotique fort autour d’un ennemi extérieur. Le discours cherche à faire taire les divisions internes en imposant un clivage binaire : patriotes contre traîtres, souveraineté contre vassalité occidentale. La guerre devient un récit, un acte fondateur d’une Russie nouvelle, affranchie des chaînes de l’ordre mondial dominé par l’Occident.
L’Occident sous le feu des accusations
Zakharova cible avec constance l’hypocrisie structurelle des démocraties occidentales. Selon elle, les principes universels qu’elles proclament — droits de l’homme, liberté d’expression, légalité internationale — sont appliqués à géométrie variable. Elle évoque les interventions en Irak, en Libye ou en Syrie comme autant d’exemples d’un ordre international instrumentalisé pour légitimer les intérêts géostratégiques de Washington. L’Occident est présenté comme juge et partie, incapable de reconnaître ses propres transgressions.
Les médias occidentaux sont décrits comme des armes de guerre dans cette bataille globale. Zakharova affirme que les récits sont manipulés, les faits déformés et les voix dissidentes systématiquement marginalisées. Le pluralisme n’est plus qu’un simulacre, masquant une propagande de masse subtile mais efficace. Les journalistes qui interrogent la version russe sont bannis des plateaux. Cette censure déguisée valide, selon elle, le basculement d’une démocratie libérale vers un totalitarisme mou.
Guerre de l’information et censure numérique
La guerre ne se joue pas uniquement sur le terrain, mais dans les esprits. Zakharova dénonce une cyber-guerre informationnelle, où les plateformes numériques occidentales jouent un rôle central. Google, Meta, X (anciennement Twitter) sont accusés d’orchestrer une répression algorithmique des contenus prorusses. Les chaînes russes sont bannies, les comptes diplomatiques restreints, les récits alternatifs invisibilisés. La bataille pour la vérité devient une lutte asymétrique.
Selon elle, la Russie ne se contente pas de se défendre : elle propose un contre-modèle. RT, Sputnik, les médias d’État et les ambassadeurs numériques visent à court-circuiter le monopole narratif occidental. La multipolarité de l’information devient une arme de souveraineté. Zakharova affirme que la Russie ouvre un espace de parole que l’Occident verrouille. Le récit russe est global, structuré, offensif. Il ne s’adresse pas uniquement à l’opinion russe, mais aussi aux peuples du Sud global, en quête d’un discours décolonisé.
Symboles grotesques et déliquescence diplomatique
Zakharova attaque frontalement la théâtralisation politique de certains dirigeants occidentaux, pointant ce qu’elle considère comme une mise en scène grotesque et révélatrice d’un pouvoir coupé de la réalité. Elle revient notamment sur un épisode marquant : lors d’un voyage en train vers Kiev, le président français Emmanuel Macron a été filmé en train de dissimuler rapidement un objet blanc sur la table, que certains ont interprété comme un sachet de cocaïne. Cette scène a été exploitée par Zakharova pour illustrer la superficialité et le manque de sérieux des dirigeants occidentaux.
Mais c’est sur la diplomatie française que ses critiques se font les plus mordantes. Elle dénonce avec virulence les lois sur la parité imposée dans les institutions diplomatiques, qu’elle qualifie de « stupidité bureaucratique ». Selon elle, ces mesures traduisent non pas une avancée vers l’égalité, mais une politique de quotas déconnectée de toute compétence réelle. Ce qu’elle fustige, ce n’est pas la présence des femmes en diplomatie, mais la soumission de cette fonction stratégique à une idéologie égalitariste rigide. La diplomatie, dit-elle, exige efficacité, vision, fermeté, et non des critères d’apparence. Loin d’être progressistes, ces lois affaibliraient la crédibilité de la parole française sur la scène internationale.
Fracture civilisationnelle et alternative russe
Zakharova ne se contente pas de critiquer : elle trace une vision. L’Occident, selon elle, incarne un modèle en décomposition, marqué par le relativisme moral, l’obsession des minorités, et la destruction des repères traditionnels. La Russie, à l’inverse, se présente comme le pôle conservateur d’un monde en recomposition. Elle incarne une résistance culturelle, un modèle fondé sur la souveraineté, la foi et la continuité historique. Ce clivage n’est pas géographique, mais spirituel et civilisationnel.
Dans cette optique, la Russie n’est plus une simple puissance régionale : elle devient un archétype alternatif à la modernité libérale. Ce discours trouve des relais dans plusieurs régions du monde : Afrique, Amérique latine, Asie du Sud. Zakharova en fait un levier diplomatique, une matrice idéologique, un outil de soft power. Face à un monde occidental fragmenté, elle propose une vision cohérente, offensive, enracinée. La guerre en Ukraine devient alors un symbole plus large : celui d’un basculement historique où l’Occident perd son monopole sur la définition du vrai, du juste et du possible.
IMPORTANT - À lire
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