Le 9 février à 19h, Terence D’Aracaunie est l’invité de La Grande Émission animée par Raphaël Besliu en direct sur Géopolitique Profonde.
Terence D’Araucanie est un écrivain et journaliste français, connu pour ses travaux sur la géopolitique et les mouvements identitaires. Il est également reconnu pour ses analyses critiques des institutions politiques et sociales. Il s’intéresse particulièrement aux enjeux de souveraineté nationale et aux dynamiques de pouvoir internationales.

Une révolution conservatrice en marche
Dès son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump met en œuvre les piliers de son programme sans perdre une seconde. Par une série d’executive orders, il engage un bras de fer direct avec le progressisme : fin du wokisme, rejet des idéologies de genre, démantèlement des politiques climatiques. Son administration instaure une rupture brutale avec l’agenda mondialiste. Le retrait des Accords de Paris et de l’OMS confirme cette volonté d’émancipation face aux institutions supranationales.
Cette offensive conservatrice s’accompagne d’une refonte en profondeur des structures fédérales. Les universités et médias progressistes perdent leurs subventions. Le ministère de l’Éducation est réformé pour imposer une vision patriotique et traditionnelle. Trump s’attaque aux bastions culturels du progressisme et accélère la réaffirmation des valeurs nationales.
Son équipe gouvernementale traduit cette dynamique. Pete Hegseth, Tulsi Gabbard, RFK Jr. et Kash Patel incarnent une coalition hétérogène mais cohérente dans sa volonté de purger l’État profond. Des affaires longtemps qualifiées de « complotistes » refont surface : gestion du Covid, financements occultes de l’USAID, zones d’ombre autour de l’assassinat de Kennedy et du scandale Epstein.
Repli stratégique ou expansionnisme assumé ?
Trump ne se contente pas de restaurer l’ordre intérieur. Sa politique étrangère, loin de l’interventionnisme néoconservateur, s’inscrit dans un réalisme brutal. Premier acte : le retrait total du soutien américain à l’Ukraine. Cette décision marque la fin d’un atlantisme naïf et confirme la priorité donnée aux intérêts américains directs.
Mais cette posture ne signifie pas un repli. Loin de là. Trump veut redessiner la carte du continent nord-américain. Le Canada et le Groenland figurent sur sa feuille de route. L’idée d’une annexion du Groenland, déjà évoquée lors de son premier mandat, revient sur le devant de la scène. Quant au Canada, le discours trumpiste y voit un prolongement naturel des États-Unis, économiquement et culturellement. Ces ambitions expansionnistes annoncent un bouleversement sans précédent pour l’ordre international.
Le canal de Panama est également dans le viseur. Sa mainmise offrirait aux États-Unis un levier stratégique majeur pour contrôler les flux maritimes intercontinentaux. Cette stratégie vise à garantir un contrôle total sur les axes commerciaux cruciaux et affaiblir la présence chinoise en Amérique latine.
Trump et Israël : entre alliance et soumission
Sur la scène moyen-orientale, Trump oscille entre pragmatisme et allégeance aux intérêts sionistes. Son administration pousse ouvertement pour un contrôle direct de Gaza par les États-Unis, sous prétexte de stabilisation. Cette stratégie, qui rappelle l’occupation américaine en Irak, cache en réalité une ambition plus large : asseoir une influence totale sur les corridors stratégiques du Proche-Orient.
Pour autant, Trump ne rompt pas avec l’État hébreu. Bien au contraire. En soutenant inconditionnellement Benyamin Netanyahou, il envoie un message clair : Israël demeure l’allié privilégié des États-Unis. Cette fidélité s’accompagne d’un soutien financier et militaire renforcé, rendant Washington encore plus dépendant du lobby pro-israélien.
L’équilibre est délicat. D’un côté, Trump veut renforcer la position américaine dans la région, de l’autre, il s’attache à ne pas froisser son électorat évangélique, farouchement pro-israélien. Cette double approche interroge : Trump agit-il en leader souverain ou en exécutant d’un agenda qui le dépasse ?
L’Europe face à un bulldozer américain
Face à cette recomposition géopolitique, l’Union européenne apparaît en état de sidération. Son incapacité à définir une stratégie claire la condamne à l’impuissance. La fin du soutien américain à l’Ukraine affaiblit directement les positions européennes et expose Bruxelles à une dépendance accrue vis-à-vis de Washington.
La France, déjà en difficulté sur la scène internationale, peine à exister face à la nouvelle doctrine trumpienne. La priorité accordée aux intérêts américains relègue Paris au second plan. Macron, isolé, voit ses marges de manœuvre se réduire tandis que l’Allemagne tente de négocier un rapprochement avec Washington.
L’Europe se retrouve donc à un carrefour : s’aligner totalement sur les États-Unis au prix d’une perte de souveraineté ou chercher à s’émanciper, au risque de se heurter à l’influence écrasante de Trump. L’illusion d’une autonomie stratégique vole en éclats.
La domination américaine, loin de s’affaiblir, se renforce sous un Trump plus déterminé que jamais. Son retour marque l’avènement d’un monde où l’Europe n’a plus son mot à dire. Seule une rupture radicale avec l’alignement atlantiste pourrait permettre au Vieux Continent d’exister encore sur l’échiquier mondial.
