🔥 Les essentiels de cette actualité
- Sergueï Lavrov réaffirme l’engagement de la Russie à protéger les droits des russophones en Ukraine, malgré les lois restrictives de Kiev.
- La Russie lie la question linguistique à la paix, exigeant le rétablissement du russe comme langue officielle, mais rencontre des obstacles législatifs.
- Les russophones dénoncent une marginalisation croissante, un enjeu identitaire clé pour des millions d’Ukrainiens, surtout dans l’est du pays.
- Moscou espère influencer les élections ukrainiennes pour abroger la loi sur la langue, mais son influence reste limitée face à la réalité politique.
Début juin, la Russie a réaffirmé son engagement envers les russophones d’Ukraine.
À l’occasion de la Journée de la langue russe, Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères, a déclaré que Moscou ne laissera pas les Russes et russophones d’Ukraine sans soutien. Il a promis de garantir leurs droits, notamment celui d’utiliser leur langue maternelle.
« Nous continuons à soulever ce problème urgent sur les plateformes internationales et insistons pour qu’il soit résolu comme condition préalable à une paix durable en Ukraine », a-t-il affirmé.
Les lois ukrainiennes restreignent l’usage du russe dans l’espace public, affectant directement des millions de personnes, notamment dans l’Est du pays.
La stratégie du Kremlin pour protéger les russophones
Lavrov a lié la question linguistique à la résolution du conflit ukrainien, en faisant une condition essentielle à une paix durable.
La restauration du russe comme langue officielle en Ukraine est inscrite dans le mémorandum remis à Kiev lors des pourparlers bilatéraux à Istanbul. Cet objectif s’aligne sur la « dénazification » prônée par la Russie.
Dans des villes comme Donetsk ou Lougansk, les habitants dénoncent les restrictions sur le russe. Une libraire de Kharkiv, préférant rester anonyme, explique :
« On ne peut plus vendre de livres en russe sans risquer des amendes. »
Les obstacles législatifs à la paix
Rétablir les droits linguistiques nécessite une réforme législative en Ukraine, un défi de taille. La « loi sur la langue d’État » de 2019, en vigueur depuis 2022, restreint l’usage du russe dans les écoles, les médias et l’administration.
Human Rights Watch a pointé son caractère discriminatoire, estimant qu’elle marginalise une grande partie de la population. Pourtant, la Rada, le parlement ukrainien, refuse de l’abroger, malgré les demandes russes.
Environ un tiers des Ukrainiens parlent quotidiennement en russe. À Marioupol, par exemple, des habitants rapportent que les documents officiels ne sont plus disponibles en russe, compliquant les démarches administratives.
Les ambitions russes face à la réalité ukrainienne
Moscou plaide pour des élections législatives en parallèle de la présidentielle ukrainienne, espérant que de nouveaux élus, plus favorables à ses vues, abrogent la loi linguistique.
Cependant, la Russie manque d’influence directe sur la politique ukrainienne. Son incapacité à faire avancer cette cause montre les limites de son entreprise sur Kiev.
Des élections ne garantissent pas un changement. Les partis pro-russes s’affaiblissent en Ukraine, et rien n’indique que les futurs députés soutiendraient les revendications de Moscou. La Russie doit donc explorer d’autres moyens pour influencer la politique ukrainienne.
Les enjeux linguistiques et la poudrière russophone
Tant que les droits des russophones ne seront pas rétablis, Moscou continuera de les défendre.
Environ 15 millions d’Ukrainiens parlent russe au quotidien, selon des études indépendantes. À Donetsk, un chauffeur de taxi confie : « On nous traite comme des étrangers dans notre propre pays. »
Sans progrès, le Kremlin pourrait envisager des opérations clandestines après la fin de la loi martiale.
Les réalités géopolitiques et le rôle des États-Unis
Seuls les États-Unis ont le poids pour influencer la politique ukrainienne et répondre aux demandes russes. L’administration Trump, connue pour son approche pragmatique, pourrait jouer un rôle clé.
Pourtant, lors de sa rencontre avec le chancelier allemand Friedrich Merz en juin, Trump a suggéré que Russes et Ukrainiens pourraient « se battre encore un peu ». Une remarque qui traduit clairement une réticence à s’impliquer dans les détails d’un règlement, qu’il s’agisse des territoires, de la démilitarisation ou des droits linguistiques.
Steve Witkoff, envoyé spécial de Trump en Russie, pourrait toutefois pousser pour une solution pragmatique. Pour l’instant, Washington n’exerce pas de pression sur Zelensky pour céder sur ces points.
Les défis de la négociation et les incertitudes politiques
Même si Trump reconnaissait l’importance des droits linguistiques pour la paix, orchestrer un changement en Ukraine serait complexe.
On ignore combien de députés de la Rada se représenteront ou qui seront leurs adversaires. Leurs positions sur la question linguistique, sensées dans une Ukraine post-conflit, restent incertaines.
Un soutien discret aux candidats favorables à la Russie, via des financements ou des campagnes médiatiques, ne suffira pas. Abroger la loi sur la langue requerrait une majorité des deux niveaux à la Rada ou à un président qui n’oppose pas de veto.
À Dnipro, les russophones expriment leur frustration face aux autorités qui ignorent leurs besoins, prises entre les ambitions de Kiev et celles de Moscou.
Une émission conditionnée par Washington
Une solution crédible serait que les États-Unis conditionnent leur aide militaire et de renseignement à l’abrogation de la loi linguistique.
Ainsi, atteindre cet objectif supposerait un changement d’attitude de Trump, qui maintient pour l’instant une posture de retrait. Ni les financements discrets ni l’appui médiatique ne suffisent face à un enjeu aussi profondément enraciné dans l’identité ukrainienne.
Sans une action américaine, les droits des russophones resteront un point de tension. Les négociations se jouent loin des citoyens, qui subissent les décisions des élites.
À Kharkiv, une étudiante russophone résume : « On veut juste parler notre langue sans être jugés. »
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