BITCOIN N’EST PAS UNE CRYPTOMONNAIE

Bitcoin n'est pas une cryptomonnaie

Introduction

Force est de constater que nos libertés individuelles ne cessent d’être remises en question, par les pouvoirs publics ou par des puissances privées.

Nous cédons peu à peu nos vies privées aux GAFAM, nos corps à Big Pharma, notre sécurité ainsi que notre souveraineté monétaire à l’État, et nos pensées idéologiques aux médias (largement subventionnés par l’État).

Tous en abusent.

Tous ces acteurs, notamment l’État, nous proposent des biais qui nous poussent à accepter cet état de fait.

L’espace médiatique mentionne principalement des faits et des points de vue dont la remise en question est virulemment attaquée.

Tout comme la guerre en Ukraine ne doit pas faire oublier que la Russie est le pays qui a accueilli Edward Snowden, nous devons garder à l’esprit que les Monnaies Numériques de Banques Centrales, les cryptomonnaies et l’angle médiatique proposé, tendent à faire oublier l’intérêt et la raison d’être de Bitcoin, et que le bon sens et le bien commun ne se trouvent pas forcément là où on les croit.

La différence fondamentale entre la perception de Bitcoin et sa réalité

Bitcoin et monnaies fiduciaires

Bitcoin est avant tout un protocole et un réseau décentralisé auquel chacun est libre de participer via différents rôles que nous avons évoqués dans un précédent article.

Les monnaies fiduciaires quant à elles sont centralisées et n’ont pas de valeur intrinsèque contrairement à l’or ou au Bitcoin (les billets ne sont que du papier, des reconnaissances de dette, tandis que l’or et Bitcoin ont des propriétés qui leur donnent une valeur). La politique monétaire et l’émission sont alors contrôlées par une banque centrale, institution dont la légitimité vient de l’État.

C’est le stade quasiment ultime de centralisation et de contrôle, mais nous verrons qu’avec les MNBC (aussi connu sous le nom anglais de CBDC) il est possible d’aller plus loin.

Pour ce qui est de ce que l’on appelle « les cryptos », elles prétendent généralement faire mieux que Bitcoin, mais c’est au détriment de la sécurité et de la décentralisation et au profit de la scalabilité.

Bitcoin, ayant été conçu pour proposer un système de paiement et une monnaie avec une politique monétaire stable et désinflationniste (dont la masse monétaire, prévisible, jusqu’à une limite ayant été fixée à 21 millions de BTC), c’est positionné à l’inverse, en mettant justement l’accent sur la sécurité et la décentralisation.

Il (se) protège ainsi des dérives des monnaies fiduciaires, tandis que les cryptomonnaies changent de système de consensus et de politique monétaire – comme lors du passage à Ethereum 2.0 – ou rendent difficile la possession d’un nœud validateur (qui garantit de ne dépendre d’aucun tiers pour communiquer avec le réseau) ce qui centralise le réseau, comme par exemple avec Solana.

Finalement, elles répètent les mêmes erreurs que le système qu’elles sont censées rendre obsolète.

En contrepartie, elles peuvent effectivement proposer des services plus complexes et permettent l’émergence de la DeFi (ou finance décentralisée), mais les compromis qui sont faits ne leur permettent pas de prétendre à ce à quoi Bitcoin peut prétendre, c’est-à-dire à être un étalon monétaire mondial.

La coexistence sur le long terme semble donc difficile dans la mesure où ces fonctionnalités, nécessitantes plus de complexité, peuvent être réalisées sur des couches supérieures (appelées « layers 2 ») comme c’est le cas par exemple pour le Lightning Network ou RGB, qui sont construits et basés sur le protocole Bitcoin.

Toutes ces raisons font que l’on peut souvent se perdre en découvrant Bitcoin et le voir comme ancien et peu efficient par rapport à certaines cryptomonnaies.

C’est sous-estimer l’innovation qu’est Bitcoin, qui est un enjeu réel de pouvoir et qui nous permet de librement reprendre notre souveraineté monétaire à l’échelle individuelle, que nous avons perdue et dont les banques centrales ont héritées depuis la fin de l’étalon-or.

Ce que l’on tend à faire passer pour un manque d’efficience, comme la simplicité des smart contracts (ou contrats intelligents, dont la programmabilité est limitée sur Bitcoin, mais qui rendent possible la DeFi ailleurs), la limite faible de la taille des blocs (rendant difficile le passage à l’échelle), ou la preuve de travail (qui consomme de l’énergie), sont en réalité des fonctionnalités voulues et qu’elles permettent la résilience et la décentralisation du réseau.

D’autres cryptomonnaies proposent l’anonymat des transactions comme Monero ou Zcash (dont Snowden a joué un rôle dans la création). Cela leur vaut actuellement les foudres de certains États, dont l’État français (le même qui a refusé l’asile politique à Edward Snowden), qui les interdisent au trading.

En effet sur Bitcoin tout est pseudonyme, mais traçable.

Là encore cela permet la transparence du réseau, cela n’empêche pas en revanche d’augmenter son niveau de confidentialité en faisant en sorte de ne pas lier une adresse bitcoin avec un élément permettant d’être identifié, ou encore en brouillant les pistes avec CoinJoin. La confidentialité peut aussi être accrue sur les couches supérieures (layers 2) que nous avons déjà évoquées.

Bitcoin est donc plus proche de l’or que des monnaies fiduciaires ou des cryptomonnaies, il est en revanche plus facilement transportable et divisible.

Et les cryptomonnaies ne proposent pas d’innovation fondamentale par rapport à Bitcoin. Elles sont plus décentralisées et auditables que les monnaies fiduciaires, mais restent plus proches de ces dernières que de l’or ou du Bitcoin notamment de par leur manque de résilience.

Euro numérique, MNBC, nouveautés et dangers

L’euro et les autres monnaies fiduciaires sont déjà numériques.

Dans ce cas que veut dire Monnaie Numérique de Banque Centrale (ou Central Bank Digital Currency) ?

Les CBDC avec l'Ethereum pour réduire la population au crédit social.

C’est simplement un euphémisme, voir un sophisme, destiné à laisser penser que le système monétaire actuel n’est pas obsolète et qu’il est capable de s’adapter aux innovations actuelles. En réalité, cela se traduit par une plus grande emprise des États et des banques centrales sur la monnaie.

Désormais, en plus d’en maîtriser l’émission, ils pourraient appliquer des règles très précises, par exemple imposer de devoir satisfaire certaines conditions sociales ou sanitaires pour dépenser ou recevoir de la monnaie, ou encore de devoir ou ne pas pouvoir dépenser dans un secteur particulier (sous prétexte de limiter l’émission de CO2 par exemple), ou dans une certaine limite de temps (sous prétexte d’essayer de relancer l’économie par exemple).

On peut tout imaginer, il faut donc comprendre que le pouvoir des États et des banques centrales est déjà exorbitant et qu’il va s’accentuer dans une période ou les libertés individuelles sont déjà compromises sous bien des aspects.

À terme, l’argent liquide pourrait disparaître, et la vie privée dans ce domaine avec.

On note que le mot « blockchain » n’est pas utilisé dans la description de ce que serait l’euro numérique par la Banque centrale européenne. Peut-être ont-ils compris que l’intérêt de cette dernière, combinée à un mécanisme comme le proof-of-work, permet d’obtenir un consensus sur l’état des transactions et donc du solde des comptes, ce qui n’a pas de sens dans un monde centralisé.

Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il serait émis directement par la BCE, ce qui le rend potentiellement résistant aux faillites des banques commerciales.

Rappelons en effet que le solde de votre compte est une créance « de la banque en votre faveur ».

Cet argent n’existe pas réellement et la capacité de la banque à vous le rendre dépend de la bonne santé du système bancaire. Le fait d’avoir un compte directement à la banque centrale fait disparaître l’intermédiaire que sont les banques commerciales.

Entre idéologie et pragmatisme

Bitcoin est un idéal qui a le mérite d’exister, il va sans doute s’affirmer en tant que monnaie et possède toutes les qualités pour devenir un étalon monétaire international neutre, et ce, d’autant plus dans un monde multipolaire se débarrassant du dollar.

Nous avons essayé de montrer qu’il ne doit pas être assimilé ni aux monnaies fiduciaires ni aux cryptomonnaies.

Il permet un combat invisible et non violent, et nous offre une porte de sortie inestimable des systèmes bancaires et monétaires actuels. Il a les propriétés nécessaires pour mener ce combat qu’il serait bien plus difficile de mener avec l’or pour des raisons pratiques.

Cependant, il faut reconnaître que d’autres projets, même s’ils survivront difficilement sur le long terme, ont, grâce à Bitcoin, ouvert des possibilités nouvelles qui jusque-là n’étaient pas accessibles à tout le monde, ou qui nécessitaient des intermédiaires.

Les ICO (Initial Coin Offering), par exemple, permettent de lever des fonds plus facilement et sont moins sujettes aux régulations que les IPO (Initial Public Offering) qui désignent les introductions en bourse traditionnelles.

D’autres exemples sont CleanSat Mining ou RealT qui « tokenisent » des parts de containers de machines de minages ou de biens immobiliers, ce qui permet d’investir aussi bien des petits que de gros montants, d’avoir une rémunération régulière et automatique, ainsi qu’une liquidité qui n’est pas comparable avec le système traditionnel, car vous pouvez vendre de manière relativement « décentralisée » à tout moment, la nuit ou le week-end par exemple.

Les stablecoins (jetons adossés à une monnaie fiduciaire) présentent aussi le même avantage d’être extrêmement liquide, mais ils s’exposent chacun à des risques différents, soit de par leur centralisation, comme c’est le cas pour l’USDT de Tether, soit de par la technique utilisée, comme c’est le cas pour les stablecoins algorithmiques.

En revanche, il faut comprendre que toutes ces possibilités ne sont pas devenues techniquement faisables grâce à la « blockchain » ou aux « cryptos ».

Étant donné que vous dépendez de l’entreprise qui met à disposition ces tokens, une solution centralisée avec un système d’information classique suffirait à assurer la liquidité des parts en utilisant Bitcoin comme monnaie.

Simplement, la législation est contraignante et l’on peut aisément la contourner en créant ou en utilisant une cryptomonnaie.

Conclusion : dangers et opportunités

L’innovation technologique provient de Bitcoin dans son ensemble, et non pas de la blockchain ou de tel ou tel mécanisme de consensus.

Pendant la phase d’adoption de Bitcoin, qui suit une courbe similaire à celle de l’adoption d’Internet, il se peut que les nouveaux arrivants pensent, à tort et par manque d’expérience et de compréhension des fondamentaux, que la blockchain et les cryptomonnaies sont l’avenir, plus efficientes, plus innovantes.

Or, les fonctionnalités qu’elles proposent seront plus pertinentes en étant construites par-dessus Bitcoin, aussi bien du point de vue de la sécurité que de la décentralisation, qui seront assurées par la couche de base, le protocole Bitcoin.

Tout comme le protocole HTTP fut construit par-dessus et en s’appuyant sur TCP/IP.

Cependant, les institutions publiques et les banques centrales, souhaitant conserver leur monopole, continueront, durant cette phase d’adoption, de refuser d’accepter et d’intégrer l’innovation technologique et monétaire qu’est Bitcoin.

Ainsi, ils continueront de tenter de censurer et de dénigrer ce qui les effraie.

Refusant de comprendre qu’il n’est pas possible d’arrêter l’innovation, et oubliant que Netflix aura été plus efficace pour combattre le streaming et le téléchargement illégal qu’HADOPI.

C’est donc, toujours durant cette phase d’adoption, que la tokenisation d’actifs sur d’autres protocoles que Bitcoin prend son sens, le temps que le législateur et les entrepreneurs comprennent qu’il est préférable de le faire, sur Bitcoin si l’on souhaite une solution décentralisée, ou via un système d’information traditionnel si la solution peut être centralisée.

Sur le long terme, seul Bitcoin et les protocoles construits par-dessus n’ont d’avenir si l’on garde à l’esprit l’intérêt principal de Bitcoin qui est de supprimer les intermédiaires de confiance, et que pour y parvenir et être résilient, il n’est pas possible de faire de concessions, en termes de sécurité et de décentralisation, sur la couche de base d’un tel système.

Il est le seul système capable de prétendre à être une valeur refuge et n’a jamais été dépassé par aucun de ses « concurrents » en termes de capitalisation.

Dans un monde où les systèmes bancaires et monétaires sont en pleine dégénérescence, Bitcoin allie les meilleures propriétés de l’or et praticité.

Thomas Ballivet

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