Le 9 novembre à 19h, Fabien Bouglé est l’invité de La Grande Émission animée par Nicolas Stoquer, sur la chaîne Géopolitique Profonde.
Fabien Boulgé, est un expert en politique énergétique et auteur du livre « La guerre de l’énergie : Au cœur du nouveau conflit mondial« . Il décortique les enjeux stratégiques de la guerre énergétique relancée par les récents événements internationaux, notamment l’élection de Donald Trump et le sommet des BRICS à Kazan.
BRICS : la dédollarisation au cœur du sommet de Kazan
Le sommet des BRICS, qui s’est tenu à Kazan du 22 au 24 octobre 2024, a placé la dédollarisation du commerce énergétique au centre des discussions et marqué une étape décisive dans la redéfinition des rapports de force économiques mondiaux. Ce rassemblement a réuni les principaux acteur émergents — Russie, Chine, Inde, Brésil et Afrique du Sud — qui cherchent désormais à contourner le dollar américain pour leurs transactions. Cette stratégie vise à réduire leur dépendance aux États-Unis et pourrait potentiellement bouleverser l’équilibre du marché mondial de l’énergie.
À ce jour, les BRICS représentent plus de 40 % de la production énergétique mondiale. Cette décision de diversifier les devises dans le commerce énergétique renforce non seulement leur influence collective mais pourrait aussi éroder la domination historique du dollar sur les échanges internationaux. Le président russe Vladimir Poutine a justifié ce virage comme une réponse directe aux sanctions économiques imposées par l’Occident et affirmé que l’utilisation exclusive du dollar n’est plus une option viable dans le contexte géopolitique actuel.
Le retour de Trump : un nouveau facteur de tension dans la guerre énergétique
L’élection surprise de Donald Trump en 2024 a ravivé les tensions sur la scène internationale, en particulier en matière de politique énergétique. Fidèle à sa ligne protectionniste, Trump a immédiatement menacé d’imposer des droits de douane punitifs aux pays qui choisiraient d’abandonner le dollar dans leurs échanges énergétiques.
En parallèle, le nouveau président républicain entend démanteler les initiatives climatiques de son prédécesseur Joe Biden, notamment en annulant les subventions accordées aux énergies renouvelables dans le cadre de l’Inflation Reduction Act, qu’il a qualifiées de « fraude coûteuse ». Cette réorientation drastique vers une exploitation accrue des énergies fossiles pourrait exacerber les tensions avec les nations engagées dans la transition énergétique et intensifier les conflits économiques avec le bloc des BRICS.
Les États-Unis, en tant que premier producteur mondial de pétrole avec une production quotidienne de 12,6 millions de barils, risquent de renforcer leur position dominante sur le marché pétrolier mondial, tout en se heurtant aux ambitions des pays cherchant à se libérer de l’emprise du dollar. Cette nouvelle donne géopolitique pourrait déclencher une guerre commerciale autour de la question énergétique.
COP 29 à Bakou : entre espoirs climatiques et réalisme brutal
L’ouverture imminente de la COP 29 à Bakou, qui intervient quelques jours seulement après l’élection de Trump, souligne un contraste saisissant entre les ambitions climatiques mondiales et la résurgence d’un climato-scepticisme affiché par la nouvelle administration américaine. Alors que la conférence s’efforcera de renforcer les engagements en faveur de la transition énergétique, Trump a d’ores et déjà rejeté les conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qu’il qualifie de « canulars coûteux » visant à brider la croissance économique.
Ce retour en force pourrait remettre en question les objectifs fixés par l’Accord de Paris (COP 21) et freiner les efforts mondiaux pour atteindre la neutralité carbone. Les déclarations de Trump ont provoqué des vagues de réactions dans les cercles diplomatiques, suscitant des craintes quant à un éventuel recul des engagements climatiques pris par les États-Unis, deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre après la Chine.
Si Trump persiste dans sa volonté de revitaliser le secteur pétrolier, les ambitions de nombreux pays en matière de réduction des émissions de CO₂ pourraient être compromises et menacer de replonger le monde dans une ère de dépendance accrue aux énergies fossiles.