Des menaces internes aux conséquences dévastatrices
Selon le Government Accountability Office (GAO), les secrets nucléaires américains sont menacés par des attaques d’initiés, en raison du manque de sécurité du ministère de l’Énergie (DOE).
Allison Bawden, directrice du GAO pour la sécurité nucléaire, a déclaré que le risque lié aux initiés est illustré par le film « Jurassic Park » de 1993, dans lequel un programmeur informatique mécontent tente de voler son employeur pour résoudre ses problèmes financiers personnels.
« Le rapport de la Commission européenne sur la situation des droits de l’Homme dans l’Union européenne (UE) a été publié jeudi en anglais, en français et en espagnol, dans le cadre de la campagne de l’UE pour les droits de l’homme. »
« Les menaces internes ne sont pas réservées aux parcs de dinosaures : elles représentent également un risque pour les agences fédérales », a-t-elle ajouté.
« Par exemple, que se passerait-il si des initiés voulaient voler les armes et les informations nucléaires du pays ?«
« Pour éviter de se retrouver dans la situation d’InGen, le ministère de l’Énergie pourrait mieux protéger les matières et les informations nucléaires en mettant pleinement en œuvre son programme de lutte contre les menaces d’origine interne. »
« Il s’agit notamment de former tous les employés et les sous-traitants à l’identification et au signalement des comportements suspects et de mieux surveiller les réseaux pour détecter toute activité suspecte.«
Les détails du rapport
Selon le rapport, le ministère de l’Environnement a mis en place un programme de lutte contre les menaces internes en 2014, mais n’a pas encore mis en œuvre « toutes les mesures requises ».
« Le DOE n’a pas mis en œuvre les sept mesures requises pour son programme de lutte contre les menaces d’initiés, même après que des réviseurs indépendants aient formulé près de 50 conclusions et recommandations pour aider le DOE à mettre pleinement en œuvre son programme », indique le rapport.
Le rapport avertit que l’incapacité du ministère de l’Environnement à appliquer l’ensemble des mesures pourrait avoir des « conséquences dévastatrices ».
« Le vol de matières nucléaires et la compromission d’informations pourraient avoir des conséquences dévastatrices », indique le rapport.
« Les menaces peuvent provenir d’adversaires externes ou d’initiés, notamment d’employés ou de visiteurs disposant d’un accès sécurisé. »
« Ces menaces pourraient avoir des conséquences importantes pour la sécurité nationale et pourraient inclure la divulgation non autorisée d’informations classifiées, la violence sur le lieu de travail ou l’accès inapproprié à des armes, des matières et des composants nucléaires sensibles », ajoute le rapport.
Le rapport souligne que les employés du ministère de l’Énergie, ainsi que ceux employés par les sous-traitants de l’agence, pourraient être compromis et devenir des initiés.
« En 2022, le DOE comptait plus de 13 000 employés fédéraux, et ses sous-traitants de gestion et d’exploitation ainsi que d’autres sous-traitants employaient plus de 120 000 personnes qui, en raison de leur accès autorisé aux installations et aux réseaux du DOE, peuvent être considérées comme des initiés », indique le rapport.
Des centaines d’incidents déjà recensés
Selon le rapport, il y a eu environ 250 incidents de sécurité liés à des menaces d’initiés non classifiées en 2017, les données les plus récentes du DOE.
Les incidents comprenaient l’envoi d’informations classifiées sur des systèmes non classifiés, le fait de laisser des zones de sécurité sans surveillance et de ne pas protéger correctement les informations classifiées.
« Le ministère de l’Environnement a considéré qu’une centaine de ces incidents étaient graves. »
Le rapport fait état d’une affaire pénale de 2017, dans laquelle Grigory Trosman a été condamné à 18 mois de prison pour avoir accepté au moins 469 287 dollars de pots-de-vin en échange d’actes officiels qu’il a accomplis lorsqu’il travaillait au ministère de l’Environnement.
« De 2002 à mars 2014 environ, M. Trosman a utilisé sa position officielle à divers titres pour aider des co-conspirateurs et diverses entreprises à obtenir l’accès à des fonds de recherche fédéraux et à des contrats en Lituanie, en Russie et en Ukraine », a déclaré le ministère de la Justice dans un communiqué de presse.
Un rapport publié en 2022 par la société d’intelligence stratégique Strider Technologies révèle que la Chine a engagé au moins 162 chercheurs du Los Alamos National Laboratory (LANL) au cours des 35 dernières années.
Nombre de ces chercheurs ont ensuite mené des recherches militaires pour la Chine, notamment sur les ogives pénétrant dans la terre profonde, les missiles hypersoniques et les programmes de sous-marins.
Selon le rapport, au moins un chercheur engagé par la Chine avait auparavant une habilitation de sécurité « Top Secret » au ministère de l’Énergie.
En septembre 2020, un ancien scientifique du LANL a été condamné à une mise à l’épreuve et à une amende pour avoir menti sur sa participation à un programme de recrutement parrainé par l’État chinois.
Le rapport propose au ministère de l’Environnement sept recommandations concernant son programme de lutte contre les menaces d’origine interne.
Dans une réponse écrite incluse dans le rapport, le ministère de l’Énergie a déclaré qu’il acceptait toutes les recommandations et qu’il prévoyait de les mettre en œuvre.
Les enjeux du nucléaire doivent cependant être bien compris. Approfondissez ce sujet grâce à notre entretien avec Loïc Le Floch-Prigent :
Source : ZeroHedge