POURQUOI LES ÉLECTIONS DU 14 MAI EN TURQUIE SONT-ELLES SI CRUCIALES ?

L'élection du 14 mai en Turquie sera un moment charnière pour la sécurité en Europe et au Moyen-Orient et d'une importance historique considérable.

Les forces politiques, en Turquie, se préparent autant que la population et le reste de l’occident

Les élections nationales turques du 14 mai 2023 sont cruciales, avant tout pour les citoyens turcs.

Leur avenir démocratique est en jeu.

Sur cette photo aérienne, des milliers de partisans agitent des drapeaux et scandent des slogans en attendant l'arrivée du chef du Parti républicain du peuple (CHP), Kemal Kilicdaroglu, et du candidat à la présidence de l'alliance de l'opposition principale, lors d'un rassemblement de campagne à Izmir, en Turquie, le 30 avril 2023.
Sur cette photo aérienne, des milliers de partisans agitent des drapeaux et scandent des slogans en attendant l’arrivée du chef du Parti républicain du peuple (CHP), Kemal Kilicdaroglu, et du candidat à la présidence de l’alliance de l’opposition principale, lors d’un rassemblement de campagne à Izmir, en Turquie, le 30 avril 2023.

Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle les médias turcs et européens considèrent le scrutin de la semaine prochaine comme le plus important depuis 100 ans.

Cette élection, qui oppose le président Recep Tayyip Erdogan à Kemal Kilicdaroglu (beaucoup plus modéré) a également une incidence sur la solidarité de l’OTAN, la stabilité politique en Europe de l’Est et la capacité de l’Occident à contrer l’Iran, la Russie et la Chine au Moyen-Orient.

Erdogan, qui dirige le Parti de la justice et du développement (AKP), un parti islamiste modéré, prône la « présidence exécutive », un mode de gouvernance de pouvoir et de contrôles autoritaires confiés au président – versus Kilicdaroglu, chef du parti républicain du peuple (CHP), qui est un candidat modéré favorable au processus parlementaire.

Ce dernier est soutenu par une coalition de six partis qui se sont engagés à mettre fin au règne d’Erdogan et à ses erreur en terme de politique économique, d’intimidation policière, de corruption destructrice et notamment à la suite des tremblements de terre de février.

Séismes en Turquie
Séismes en Turquie

Pour les Turcs, le centenaire revêt un véritable symbole.

Il y a un siècle, en 1923, sur les ruines de l’empire turc ottoman de la Première Guerre mondiale, Mustafa Kemal Atatürk a établi la République turque laïque, une république non confessionnelle dans une nation très majoritairement musulmane.

Atatürk était un véritable révolutionnaire.

Pour résumer l’Histoire, il est le seul homme à avoir réussi à créer un système politique pour moderniser une nation culturellement islamique.

Atatürk a poursuivi la modernisation économique.

Il a émancipé les femmes et mis fin au califat islamique, deux actes qui horrifient les islamistes radicaux d’hier et d’aujourd’hui.

En 2001, Oussama ben Laden le condamnait encore.

La démocratie turque du XXIe siècle est l’héritage d’Atatürk

Erdogan, un homme notoirement jaloux d’Atatürk, attaque et diminue intentionnellement les institutions démocratiques de la Turquie.

Depuis 2003, date à laquelle Erdogan est devenu premier ministre, le gouvernement turc s’est transformé, année après année, en un régime moins laïc et plus autoritaire à mesure qu’Erdogan forgeait son puissant pouvoir exécutif.

Ses antécédents en matière d’emprisonnement de journalistes et d’intimidation des opposants sont des faits, pas des théories.

Il représente également une menace pour l’intégrité de l’OTAN, ce qui signifie qu’il est une menace pour la sécurité des États-Unis.

En achetant le système de défense aérienne S-400 de fabrication russe, Erdogan a mis en péril l’avance technologique du F-35 Joint Strike Fighter.

Quand cela l’arrange, Erdogan apprécie l’engagement de l’OTAN à défendre la Turquie.

En avril 2012, après des affrontements avec les troupes syriennes, il a laissé entendre qu’il pourrait invoquer l’article 5 de l’OTAN si les tirs franchissaient la frontière.

Toutefois, son comportement a porté atteinte à l’alliance.

Il continue par exemple de s’opposer à l’adhésion de la Suède à l’OTAN.

En janvier 2023, la rumeur courait que des fonctionnaires actifs et retraités de l’OTAN étaient si préoccupés par le manque de fiabilité d’Erdogan, que l’OTAN devrait envisager d’expulser la Turquie.

M. Kilicdaroglu affirme qu’il relancera la candidature de la Turquie à l’adhésion à l’UE et qu’il soutiendra l’admission de la Suède.

M. Kilicdaroglu en course pour les élections présidentielles du 14 mai 2023, en Turquie.
M. Kilicdaroglu en course pour les élections présidentielles du 14 mai 2023, en Turquie

La mauvaise gestion économique et politique d’Erdogan pourrait conduire à sa défaite.

En 2002, Erdogan a remporté sa première élection nationale sur la base d’un programme de lutte contre l’inflation, d’amélioration de l’économie et de lutte contre la corruption.

À l’automne 2022, l’inflation annuelle a atteint 86 %, son plus haut niveau depuis 24 ans.

Les tremblements de terre de février ont été la pire catastrophe naturelle de l’Histoire de la Turquie moderne – le séisme du 6 février pourrait être le plus important depuis 2 000 ans.

En Turquie, on estime à 280 000 le nombre de bâtiments qui ont été détruits ou dont la structure a été compromise et qui doivent donc être abandonnés.

Image d'illustration, Turquie le 17 février 2023. — SEDAT SUNA / KEYSTONE
Turquie le 17 février 2023. SEDAT SUNA / KEYSTONE

Au début du mois d’avril, le ministère turc de l’intérieur a porté le nombre de morts à 50399.

Les organisations de secours ont indiqué qu’environ 1,5 million de Turcs ayant survécu aux tremblements de terre vivaient encore dans des tentes ou d’autres installations temporaires.

La lenteur et la médiocrité de la réaction d’Erdogan ont fait des tremblements de terre un enjeu électoral dont il ne peut se défaire.

Le copinage a-t-il entravé le redressement ?

La présidence turque chargée de la gestion des catastrophes et des situations d’urgence (AFAD, l’agence chargée de gérer la catastrophe) est dirigée par une personne nommée par le gouvernement qui n’a que peu d’expérience en matière de gestion des situations d’urgence.

L’incapacité du gouvernement à faire respecter les normes de construction est également un problème.

Certains critiques soupçonnent des fonctionnaires nationaux et locaux d’avoir contribué à la catastrophe, par corruption.

Les « amnisties de construction » accordées par le gouvernement ont permis aux constructeurs d’ignorer les codes de sécurité dans les zones où il y a une pénurie de logements.

En 2018, M. Erdogan en a autorisé une dans la ville de Kahramanmaras.

En mars 2019, il a publiquement présenté les nouveaux logements de Kahramanmaras comme l’une des principales réalisations de son administration.

En février 2023, les tremblements de terre ont rasé la ville.

Vous aurez besoin d’aide pour faire face aux tensions géopolitiques à venir :

Plan Anti Reset
Accédez à vos solutions ici !

Source : ZeroHedge

Facebook
Twitter
Telegram

2 réponses

  1. Son challenger ferait-il mieux alors que la corruption qui sévit dans les pays démocratiques n’à plus rien à envier à celle notoire et culturelle de l’ex-empire ottoman? Le tremblement de terre arrive à point nommé on dirait! Manifestement, Erdogan dérange beaucoup l’occident parce qu’il n’est pas docile et parce qu’il a pris le parti de la paix dans la région alors qu’on voudrait en haut lieu occidental continuer à déstabiliser le moyen orient et entretenir les rivalités et autres conflits très juteux pour le commerce des armes et profitables pour maintenir l’hégémonie occidentale avec ses alliés locaux (du moins ce qu’il en reste de ces alliés !)

    1. Eh oui vous avez raison.Comme dirait Bastiat « il y a ce qui se voit et ce qui ne se voit pas »Erdogan n est pas un démocrate mais qui l est en Europe? Le peuple est floué ,matraqué,eborgné,confiné ,masqué,piqouzé de force(avec du chantage à la cle)sans que cela n offusque nos donneurs de leçon occidentaux. Par contre c’est sur Erdogan dérange le plan mondialiste donc c’est l homme à abattre !Mais les occidentaux atlantiste sont binaires : il y a d un côté les gentils et de l autre les méchants. Toute nuance et sens profond des événements à disparu!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *