La guerre eschatologique entre la Russie et l’Occident : une analyse géopolitique et théologique
Dans notre entretien avec Youssef Hindi, géopolitologue et essayiste français, nous nous intéressons à un sujet brûlant qui concerne l’avenir de l’humanité : la confrontation entre la Russie et l’Occident, qui se joue sur le plan géopolitique, mais aussi eschatologique, c’est-à-dire relatif à la fin des temps.
Nous nous appuyons sur les travaux de Youssef Hindi, qui a développé une approche originale et novatrice, basée sur l’étude des textes sacrés des trois religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l’islam.
L’eschatologie comme clé de lecture de la géopolitique
Pour comprendre les enjeux actuels, il faut remonter aux origines du fait religieux dans l’histoire politique.
Selon Youssef Hindi, les deux grandes puissances nucléaires, les États-Unis et la Russie, sont animées par une vision religieuse et messianique du monde, qui les conduit à s’affronter pour la domination ou la survie.
Les États-Unis sont le fruit du messianisme judéo-protestant, qui vise à instaurer le règne de Dieu sur terre, en s’appuyant sur la Bible hébraïque et le sionisme.
Ce messianisme se manifeste par la volonté de contrôler le Proche-Orient, le berceau des trois religions, et de détruire les ennemis d’Israël, notamment l’Iran et la Syrie.
La Russie, quant à elle, se présente comme le katechon, c’est-à-dire la force qui retient l’antéchrist, selon un terme grec utilisé par les Pères de l’Église.
Le katechon est celui qui empêche l’avènement du mal absolu, en défendant la tradition chrétienne orthodoxe et en s’opposant à l’empire judéo-protestant et le discours eschatologique des dirigeants russes, notamment Vladimir Poutine, est explicite sur ce point.
Le concept de katechon et ses implications géopolitiques
Le concept de katechon est au cœur de la thèse de Youssef Hindi, qui en propose une interprétation originale et novatrice.
Il identifie quatre katechons dans l’histoire :
- L’empire romain,
- L’empire byzantin,
- L’empire ottoman,
- La Russie.
Ces quatre empires ont joué un rôle de contention face aux forces anti-christiques, qui ont pris différentes formes selon les époques : le paganisme, le protestantisme, le sionisme, voire le libéralisme.
Le concept de katechon n’est pas propre au christianisme. Il existe aussi dans l’islam, sous le nom de force de contention, qui est mentionnée dans le coran.
Cette force de contention a été incarnée par le califat, qui a empêché la création d’Israël pendant des siècles, jusqu’à sa chute en 1924.
Le califat a été remplacé par des régimes laïcs et nationalistes, qui ont été renversés par des révolutions ou des interventions occidentales, au profit de groupes islamistes soutenus par les pétromonarchies et les États-Unis.
Le concept de katechon permet de comprendre les alliances possibles entre les musulmans et les chrétiens orthodoxes, face à l’empire judéo-protestant.
Ces alliances se sont déjà produites dans l’histoire, comme lors de la bataille de Lépante en 1571, où les chrétiens d’Orient ont combattu aux côtés des Ottomans contre les chrétiens d’Occident.
Elles se manifestent aujourd’hui par la coopération entre la Russie et l’Iran, la Syrie, le Hezbollah…
La situation de la France et de l’Europe face à la Russie
La France et l’Europe se trouvent dans le camp ennemi, dirigées par des pantins des États-Unis, qui les entraînent dans une guerre contre la Russie, qui pourrait être fatale pour elles.
La France a perdu sa souveraineté et son identité, en se coupant de ses racines chrétiennes et en se soumettant aux dogmes du libéralisme, du progressisme et du sionisme.
La seule issue serait une révolte populaire, qui ferait tomber les gouvernements européens, et qui permettrait à la France de redevenir la France qu’elle a toujours été, c’est-à-dire une puissance indépendante, soucieuse de la justice sociale et de la paix mondiale.
La France doit renouer avec sa tradition catholique, qui n’est pas incompatible avec l’islam, comme le montre l’histoire de la France musulmane, qui a duré près de huit siècles.
Elle doit aussi se rapprocher de la Russie, qui est son alliée naturelle, et qui partage avec elle une vision du monde fondée sur la spiritualité et la transcendance.
Selon Youssef Hindi, la Russie est la Rome de la fin des temps, selon la prophétie du prophète Mohammad, qui annonce une alliance entre les musulmans et Rome contre l’antéchrist. Elle est le katechon, qui peut sauver l’humanité de la destruction.
La géopolitique du Maghreb, du Moyen-Orient et de l’Asie
Le Maghreb est une région stratégique, qui est le théâtre de tensions entre le Maroc et l’Algérie, sur fond de question du Sahara.
Le Maroc a normalisé ses relations avec Israël, ce qui peut être dangereux pour la stabilité de la région.
L’Algérie a été provoquée par la visite de Macron, qui a emmené avec lui le grand rabbin de France, Haïm Korsia, un pro-israélien qui a quitté la Russie après avoir refusé de soutenir l’intervention russe en Ukraine.
Le Moyen-Orient est le centre névralgique de la géopolitique mondiale, où se joue le sort d’Israël, qui est le principal allié des États-Unis dans la région. Israël est confronté à la résistance de l’Iran, de la Syrie, du Hezbollah, du Hamas, qui sont soutenus par la Russie.
Israël peut déclencher une guerre ouverte, qui pourrait impliquer l’usage de l’arme nucléaire.
L’Asie est un continent qui échappe à la logique eschatologique, mais qui a un rôle important dans la géoéconomie mondiale.
La Chine est un acteur majeur, qui s’approvisionne en énergie et en matières premières en Russie, et qui développe le commerce international avec la nouvelle route de la soie.
Elle rejette le projet mortifère de l’Occident, et veut promouvoir l’abondance et l’harmonie.
La Turquie est un pays ambigu, qui est à la fois un allié des États-Unis et un membre de l’OTAN, mais qui joue son propre jeu et essaie de tirer son épingle du jeu.
Proche de la Russie, mais aussi de l’Ukraine et de la Crimée, où elle a des intérêts historiques et géopolitiques, la Turquie a des ambitions néo-ottomanes, qui peuvent entrer en conflit avec celles de la Russie.