Le 29 décembre à 18h30, Lucien Cerise et Terence D’Araucanie sont les invités de l’émission Géopolitique Profonde, animée par Raphaël Besliu.
Lucien Cerise est un auteur français, docteur en philosophie et spécialiste de l’ingénierie sociale. Il a publié plusieurs ouvrages dont « Ukraine : La guerre hybride de l’OTAN« .
Terence D’Araucanie est un écrivain et journaliste français, connu pour ses travaux sur la géopolitique et les mouvements identitaires. Il est également reconnu pour ses analyses critiques des institutions politiques et sociales. Il s’intéresse particulièrement aux enjeux de souveraineté nationale et aux dynamiques de pouvoir internationales.
Retour sur l’élection et ses dynamiques troubles
Le scrutin américain 2024 a encore une fois montré les failles et manipulations potentielles du système électoral. Avec ses grands électeurs et un vote populaire souvent désynchronisé, ce processus suscite des critiques, notamment sur l’influence démesurée des sondages. Ces derniers, loin de se limiter à un rôle prédictif, semblent fonctionner comme des outils de manipulation, façonnant l’opinion publique et tentant de désarçonner l’électorat conservateur.
Kamala Harris, candidate démocrate, a misé sur une stratégie de centre-droit visant à rassembler les modérés. Mais ses positions timides ont été balayées par l’engouement des électeurs pour un Trump plus déterminé que jamais, consolidant une base militante galvanisée par son discours nationaliste et anti-establishment.
Un cabinet aux orientations marquées
Les premières indiscrétions sur le cabinet Trump révèlent une sélection sans concession. Peu de diversité, encore moins de minorités visibles, mais une prédominance de conservateurs anti-chinois et sionistes chrétiens. Ce choix stratégique est un message clair pour ses partisans : Trump entend respecter ses engagements envers ses soutiens influents, notamment l’entourage d’Adelson, tout en recentrant ses priorités géopolitiques.
Ce cabinet signale aussi une potentielle réorientation stratégique : si l’abandon de l’Ukraine est évoqué comme une manière de ménager la Russie, le véritable enjeu reste l’Iran. Trump semble vouloir mobiliser ses ressources sur ce front, au risque de diviser ses alliés traditionnels.
Aussi, la création du DOGE (Department of Government Efficiency) dirigé par Elon Musk, illustre une volonté de rationaliser les dépenses publiques et d’introduire un contrôle renforcé sur les agences fédérales. Cette initiative, visant à réduire le « gaspillage bureaucratique », pourrait également devenir un outil de recentralisation du pouvoir exécutif au détriment des contre-pouvoirs traditionnels.
Le rôle ambigu du sionisme dans la stratégie de Trump
Trump incarne une vision du sionisme américain qui échappe aux schémas traditionnels. Soutenir Israël tout en critiquant les élites cosmopolites est au cœur de sa stratégie. Mais ce sionisme d’essence chrétienne et conservatrice diverge des visions plus progressistes souvent associées à l’agenda mondialiste.
Cette distinction permet à Trump de tisser des alliances solides tout en s’opposant à un certain globalisme, perçu comme une menace pour la souveraineté nationale. Cependant, cette posture alimente les débats : peut-on réellement combiner soutien à Israël et rejet des structures supranationales ?
Les premières priorités géopolitiques
Trump devra rapidement définir sa ligne sur deux dossiers majeurs : l’Ukraine et l’Iran. La perspective d’un désengagement militaire en Ukraine pourrait ouvrir la voie à une détente avec la Russie, indispensable à ses ambitions. Mais c’est sur l’Iran que le ton risque de durcir, avec un cabinet regorgeant de figures ouvertement hostiles au régime des mollahs.
En parallèle, les récentes tensions au sein des services de renseignement américains, illustrées par les affaires Stormshadows et ATACMS, révèlent des fractures internes entre factions anti-russes et anti-iraniennes. Ces luttes, loin d’être anecdotiques, pourraient conditionner les marges de manœuvre de Trump dans un second mandat.
5 réponses
@JAOUEN Intéressant votre réflexion.
Si je peux me permettre une appréciation : votre analyse rend compte de l’idéalisme. Les idées précèdent le réel. Il n’y a pas de bon sens essentiel, mais il dépend du jugement de chacun. De même il n’y a pas de beauté universelle, mais celle que chacun choisi selon son goût. C’est la pensée woke ou kabbalistique de la french theory. On met ensemble le Bien et le Mal et tous les opposés. On crée la volatilité, l’incertitude, la complexité et l’ambiguïté, c’est le VUCA anti-normatif. Les philosophes modernes sont idéalistes depuis Descartes jusqu’à Hegel et Habermas. La métaphysique est moniste. Il n’y a pas de Dieu Créateur. La raison et l’irraison se marient. La magie, l’alchimie et la sorcellerie sont entretenues. C’est la pensée complexe « quantique » ou kabbalistique.
A cet idéalisme on peut opposer le réalisme. Le bon sens est défini par l’intuition et confirmé par la logique et la raison. C’est un postulat. De même, l’esthétique et le beau sont universels, ils ont l’adhésion de la majorité et cela devient une norme. Le Christianisme est réaliste et sa métaphysique est dualiste avec le Dieu Créateur. La Raison est essentielle.
Autrement dit, deux philosophies ou systèmes de pensée s’affrontent : idéalisme (je pense donc je suis) et réalisme (je suis donc je pense). C’est la source du conflit entre les Républicains de Trump et les Démocrates mondialistes américains. Trump est réaliste et conservateur des normes naturelles et des traditions. Les Démocrates sont idéalistes et parfois utopistes ou dystopiques. Le mondialisme est une dystopie.
Bonjour,
Un commentaire au sujet de l’intervention de Terence D’Araucanie ( que j’apprécie ! ) qui aborde la question du « bon sens », disant que « d’évidence » il est « bon »… chacun peu le voir !
NON, pas d’accord !
Le « bon sens » n’est « bon » que parce que nous le déclarons « bon », mais ce n’est pas pour autant qu’en soi il serait « bon » ; c’est juste parce que nous le déclarons « bon », nous, personnellement, et nous seuls, qu’il est « bon »…
C’est notre point de vue qui fait toute la différence.
« L’homme est la mesure de toute chose ».
De même, ce n’est pas parce qu’une femme est « belle » que nous la désirons, c’est parce que nous la désirons que nous la trouvons « belle ».
Autrement dit, elle est »bonne » (!), pour notre plaisir, mais nous passons sous silence tous ceux qui ne la désirent pas …
Cela ferait un peu trop d’ombre à notre petite personne. (Sourire !)
Salut et fraternité
Marcelin
Lucien Cerise, spécialiste de l’ingénierie sociale, cautionne l’existence des… partis politiques ! Pauvre France…